Appel métabibliographique

En 1992, l’Oreille tendue lançait une bibliographie électronique du XVIIIe siècle.

XVIIIe siècle : bibliographie (ISSN : 1207-7461) en est à sa 258e livraison, pour un total de 30 704 titres recensés.

L’Oreille se met aujourd’hui en quête de traces de l’utilisation de cette bibliographie : pas des témoignages transmis personnellement, mais des manifestations sur papier ou sur le Web de son utilisation. Elle connaît les textes de Marianne Pernoo-Bécache (1998), de Peter Damian-Grint (2007) et de John O’Neal (2012), et le rapport de recherche de Nadine Pontal (2001-2002), de même que le site de Jack Lynch, le blogue l’Histoire des Deux Indes, des sites de bibliothèques (Bibliothèque nationale de France, Yale) et un des forums Zotero.

Connaissez-vous d’autres commentaires semblables ? Autrement dit : quelle utilisation publique fait-on de cette bibliographie ?

Merci à l’avance.

P.-S. — La recherche ne sera pas simple. Un commentaire paru sur Fabula en 2000 a disparu du site (mais il est lisible sur Isidore).

 

Références

Damian-Grint, Peter, «Eighteenth-Century Literature in English and Other Languages : Image, Text, and Hypertext», dans Ray Siemens et Susan Schreibman (édit.), A Companion to Digital Literary Studies, Blackwell Publishing, coll. «Blackwell Companions to Literature and Culture», 50, 2007, p. 106-120. http://www.digitalhumanities.org/companionDLS/ (voir p. 107)

O’Neal, John, «Jean-Jacques Rousseau», French Studies, 68, 2, avril 2014, p. 224-232. http://fs.oxfordjournals.org/content/68/2/224.full (voir note 3) Traduction de Julie Étienne : «État présent. Jean-Jacques Rousseau», Dix-huitième siècle, 46, 2014, p. 351-365. https://doi.org/10.3917/dhs.046.0351 (voir p. 352 n. 4)

Pernoo-Bécache, Marianne, «Internet et les études littéraires», Revue d’histoire littéraire de la France, 98, 5, septembre-octobre 1998, p. 829-905. (Voir p. 188/982.)

Pontal, Nadine, le XVIIIe siècle et l’Antiquité, permanence et représentation, à travers les textes et l’iconographie, en Europe et principalement en France, Villeurbane, Enssib, mars 2001-2002, 80/xii p. Rapport de recherche bibliographique sous la direction de Dominique Varry. http://enssibal.enssib.fr/bibliotheque/documents/dessride/rrbpontal.pdf (voir p. 29-30)

La poésie de Poésie du gérondif

Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif, 2014, couverture

L’auteur. Jean-Pierre Minaudier le dit et le répète : il n’est pas linguiste et il ne le deviendra pas (p. 128-129). Historien de formation, il enseigne le basque et l’estonien (langue dont il est aussi traducteur). En fait, c’est un geek des grammaires : il en possédait 1186 au moment de terminer son livre, Poésie du gérondif (2014), décrivant 878 langues. Autres signes distinctifs de ce «passionné de langues bizarres» (p. 74), de cet «obstiné chasseur d’idiomes» (p. 115) : lecteur d’Alexandre Vialatte et de bandes dessinées (Corto Maltese, Tintin, Spirou et Fantasio), voleur de grammaires (une roumaine, une albanaise), autodidacte en matière de linguistique, amateur du mot «crapahut», pourfendeur des réunions de copropriété. En outre, on reconnaîtra à Jean-Pierre Minaudier son honnêteté : «il y a un plaisir vicieux à posséder la bibliothèque la plus snob de Paris» (p. 11).

Son livre. Ces «vagabondages», dixit le sous-titre, n’ont qu’un objectif : chanter «la poésie de la grammaire» — «Car il est des êtres dans la vie desquels cet art occupe la place de la lune pour Hugo, de la mer pour Valéry, de Lou pour Guillaume et de Verlaine pour Rimbaud; enfin, il en est au moins un, et il se trouve que c’est moi» (p. 8). Ailleurs : «Je voudrais tenter, lourde tâche, de la débarrasser de son image bien établie de pensum et d’instrument de torture scolaire […]» (p. 17). Cela étant, Jean-Pierre Minaudier n’est pas un apôtre de la prescription grammaticale : «je m’intéresse à la grammaire de ce qui se parle, non à la grammaire de ce qu’il faut parler» (p. 18). Que présente-t-il ? La géographie des langues, leurs familles, leur diversité, les records linguistiques (nombre de déclinaisons, de voyelles, de consonnes, de tons, de lettres), les idiomes les plus bizarres, ses propres projets (parmi lesquels «Former une secte d’adorateurs de la grammaire», p. 130).

Sa perspective. Contre Noam Chomsky et Steven Pinker, ces défenseurs d’une grammaire universelle, Minaudier valorise le singulier : «À rechercher l’unité profonde du langage, les linguistes de ces écoles perdent trop souvent de vue la diversité radicale, la poétique et féconde anarchie des langues réelles» (p. 58). Ce n’est pas pour rien qu’il dédie son livre «À Sapir. / À Whorf» (p. 6), les créateurs de l’hypothèse, dite de Sapir-Whorf, du relativisme linguistique. Il reste toutefois critique : cette hypothèse «n’est féconde que si on ne la radicalise pas jusqu’à l’absurde, jusqu’à se figurer que les langues conditionnent mécaniquement nos convictions et nos comportements» (p. 95); «la grammaire à elle seule ne suffit pas à forger les mentalités collectives» (p. 98).

Ses exemples. Ils sont souvent inattendus. Trois exemples (d’exemples).

Quelle phrase illustre le mieux l’arumbaya ? «Ke mahal onerdecos s’ch proporos rabarokh !» Pour le dire dans la langue du capitaine Haddock : «Moules à gaufres ! Marchand de tapis !» (p. 17 et p. 137)

De l’inca, il ne resterait que trois vers, dont on ne connaît pas le sens. Du deuxième — «Solaymalca chinboley» — est proposée la traduction suivante : «Il est dangereux de se pencher au-dehors» (p. 26). Qui a voyagé en train en Italie appréciera.

Enfin, les lecteurs de bande dessinée (et de l’Almanach Vermot) reconnaîtront un des verbes interrogatifs en motuna : «aller-comment-yau-de-poêle ?» (p. 117).

Son titre. L’auteur pense le plus grand bien du gérondif, cet «objet poétique injustement négligé» (p. 7), cette «forme noble qui s’est assuré d’emblée la sympathie du lecteur» (p. 89). Pourtant, il n’en est question qu’allusivement dans Poésie du gérondif. Ce n’est pas ennuyeux, mais peut-être faut-il le savoir. (Exemple de gérondif en français ? «En lisant le livre de Jean-Pierre Minaudier, l’Oreille tendue a été constamment heureuse.»)

Son palmarès. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? «Les idiomes les plus captivants sont à mon goût non les plus parlés mais les plus lointains, génétiquement et géographiquement, et surtout les plus isolés, ceux qui ont été le moins longtemps ou le moins intensément en contact avec les nôtres […]» (p. 67). L’auteur a donc un faible pour le chinanthèque (p. 85), le !xoon («qui ressortit véritablement à la tératologie linguistique», p. 87), le kayarbild («le parler le plus bizarre au monde», p. 125) et, en général, toutes les formes de la langue athapascane.

Sa bibliographie. L’Oreille ne s’en cache pas : elle est bibliographe. Elle trouve en Jean-Pierre Minaudier deux âmes sœurs.

Celle qui pratique goulûment la note : «ce livre se veut une défense et illustration de la note de bas de page, un genre littéraire trop décrié» (p. 20 n. 11). La centième — et dernière — note — «la note» — y insiste : «Elle figure au Ciel sur un voile tissu d’or et de soie autour duquel dix mille anges musiciens volent sans cesse en gazouillant [oui, c’est un gérondif] des règles de grammaire luangiua sur l’air de La Jeune Grenouille aussi belle que sage» (p. 131 n. 100).

Celle qui se passionne pour une maison d’édition spécialisée en linguistique, De Gruyter-Mouton. Cela commence par une «mention spéciale» aux livres «des éditions berlinoises DE GRUYTER-MOUTON, auprès desquels un Pléiade a l’air d’un livre de poche sri lankais : ces pages clameront leurs louanges à la face des cieux» (p. 10-11). Comment les clamer ? En utilisant constamment les caractères gras et les majuscules quand les livres de cette maison sont cités. En commentant, et de plus en plus, chacune des références. La première ? «admirables éd. DE GRUYTER-MOUTON» (p. 11 n. 4). La dernière ? «éd. DE GRUYTER-MOUTON (que leur nom mille fois béni soit inscrit pour l’éternité dans les marges du Coran céleste, et avec lui ceux de leurs enfants et des enfants de leurs enfants jusqu’à la sept mille sept cent soixante-dix-septième génération, après y’a plus de place)» (p. 126 n. 99).

Sa voix. On peut l’entendre au micro d’Antoine Perraud à Tire ta langue (France Culture) ici.

 

Référence

Minaudier, Jean-Pierre, Poésie du gérondif. Vagabondages linguistiques d’un passionné de peuples et de mots, Le Rayol Canadel, Le Tripode, 2014, 157 p. Ill.

Le cothurne et le gouret

Pas plus tard que mardi, le chroniqueur théâtral du Devoir, Alexandre Cadieux, parlait théâtre et hockey.

Son point de départ ? Le rappel qu’avant la parution de l’excellent Numéro six d’Hervé Bouchard il y eut un spectacle théâtral, Hivers : passages du numéro six dans les mineures (Théâtre CRI, Jonquière, novembre 2013, mise en scène de Guylaine Rivard).

Cadieux profite de l’occasion pour évoquer d’autres spectacles ou textes de théâtre fondés sur le sport national canadien : Fridolinons 45 — on peut en lire un extrait ici —, la Ligue nationale d’improvisation, le Chemin du roy, Moi, dans les ruines rouges du siècle.

À son tour, l’Oreille tendue, incorrigible bibliographe, en profite pour mettre en ligne une courte bibliographie, évidemment perfectible, sur le sujet.

 

[Complément du 24 avril 2015]

Peut-on lire un match de hockey comme une pièce de théâtre ? Peut-on le rapporter à la dramaturgie québécoise récente ? Oui, deux fois oui. La preuve en a été faite à l’émission de radio La soirée est (encore) jeune de Radio-Canada le 18 avril 2015. On écoute ici.

 

Bibliographie. Version du 30 décembre 2020

Textes de théâtre

Barbeau, Jean, la Coupe Stainless, dans la Coupe Stainless. Solange, Montréal, Leméac, coll. «Répertoire québécois», 47-48, 1974, p. 7-89.

Bélanger, Yves, Game, Montréal, Dramaturges éditeurs, 1997, 94 p.

Brown, Kenneth, Life After Hockey, Toronto, Playwrights Union of Canada, 1985, 36 p. Texte polycopié.

Corbeil-Coleman, Charlotte, Sudden Death, 2013.

Gélinas, Gratien, les Fridolinades 1945 et 1946, Montréal, Quinze, 1980, 265 p. Ill. Présentation par Laurent Mailhot.

Germain, Jean-Claude, Un pays dont la devise est je m’oublie. Théâtre, Montréal, VLB éditeur, 1976, 138 p.

Girard, Matthieu, les Beignes, pièce inédite, 2014.

Kemeid, Olivier, Moi, dans les ruines rouges du siècle, Montréal, Leméac, coll. «Théâtre», 2013, 109 p. Idée originale : Sasha Samar et Olivier Kemeid.

Loranger, Françoise et Claude Levac, le Chemin du roy. Comédie patriotique, Montréal, Leméac, coll. «Théâtre canadien», 13, 1969, 135 p. Ill.

Olivier, Anne-Marie, Annette. Une fin du monde en une nanoseconde, Montréal, Dramaturges éditeurs, 2012, 53 p.

Salutin, Rick, avec la collaboration de Ken Dryden, les Canadiens, Vancouver, Talonbooks, 1977, 186 p. Ill. «Preface» de Ken Dryden. L’introduction de Rick Salutin a été reprise dans David Gowdey (édit.), Riding on the Roar of the Crowd. A Hockey Anthology, Toronto, Macmillan, 1989, p. 292-302.

Simard, André, la Soirée du fockey, dans la Soirée du fockey. Le temps d’une pêche. Le vieil homme et la mort, Montréal, Leméac, coll. «Répertoire québécois», 40, 1974, p. 9-60. Préface de Normand Chouinard.

Textes critiques

Cadieux, Alexandre, «Théâtre. Citoyen en patins», le Devoir, 28 octobre 2014, p. B7.

Côté, Daniel, «Une pièce de théâtre devenue livre», le Quotidien, 24 octobre 2014.

Godin, Jean Cléo, «La ligue nationale d’improvisation : du “bon sport” au théâtre», Possibles, 5, 3-4, 1981, p. 235-245.

Godin, Jean Cléo, «Les enjeux du théâtre, du hockey, de la politique», Quaderni di Francofonia, 1, 1982, p. 37-47.

Laroche, Maximilien, «Sport-spectacle», l’Action nationale, 60, 3, novembre 1970, p. 257-261.

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Miller, Mary Jane, «Two Versions of Rick Salutin’s Les Canadiens», Theatre History in Canada / Histoire du théâtre au Canada, 1, 1, printemps 1980, p. 57-69. http://journals.hil.unb.ca/index.php/TRIC/article/view/7542/8601

Rompré, Paul, Gaétan Saint-Pierre, collaboration de Marcel Chouinard, «Essai de sémiologie du hockey. À propos de l’idéologie sportive», Stratégie, 2, printemps-été 1972, p. 19-54.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture