Chantons la langue avec Chanson plus bifluorée

Chanson plus bifluorée, De concert et d’imprévu, 2006, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Chanson plus bifluorée, «Grammaire song», De concert et d’imprévu, 2006

 

D’accord c’est un peu rébarbatif
Le subjonctif en apéritif
Passons sur le mode impératif
Le plus-que-parfait, le pronom relatif

Adjectif possessif : possession
Mes, tes, ses, nos, vos, leurs, mon, ton, son
Exemple facile : c’est son tonton
Qu’est ton maçon, lui qui t’a bâti ta maison

Un cheval au pluriel c’est chevaux
Mais des batailles font pas des bateaux
Exception faite pour aller aux bals
Danser quels régals dans tous les carnavals

Avez-vous bien étudié la grammaire
Les règles littéraires, accordé l’auxiliaire ?
Avez-vous bien révisé le français
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

L’accent aigu remplace souvent
Un ancien s qu’on avait dans l’temps
L’accent circonflexe évidemment
Mis pour une lettre qu’on écrivait avant

J’ai laissé mon épée à l’escole
Avant que d’étudier l’Anatole [?]
De l’anglais on garde le football
Le jean, le footing et puis le music-hall

Avez-vous bien étudié la grammaire
Les règles littéraires, accordé l’auxiliaire ?
Avez-vous bien révisé le français
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

Tout adverbe est toujours inchangé
Mais tout adjectif peut s’accorder
Quand tout est pronom, difficulté !
Tout c’est compliqué, on n’y est plus tout à fait

Bijou caillou chou genou hibou
Sans oublier tous nos vieux joujoux
Bijou caillou chou genou hibou pou
Mais où est donc or ni car ? Souvenez-vous

Avez-vous bien étudié la grammaire
Les règles littéraires, accordé l’auxiliaire ?
Avez-vous bien révisé le français
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

Avez-vous cherché dans le dictionnaire
Compris le questionnaire, écrit vos commentaires ?
Avez-vous bien étudié l’imparfait
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

Avez-vous résolu tous les mystères
De la conjugaison et du vocabulaire ?
Du temps où vous remplissiez vos cahiers
D’attributs du sujet, de compléments d’objet
D’attributs du sujet, de compléments d’objet

 

Chantons la langue avec French B

Dessin de French B sur Apple Music

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

French B, «Je me souviens» / «Je m’en souviens», 1989

 

Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one

Je me souviens
Je me souviens

[Voix de Charles de Gaulle] Vive le Québec, Vive le [Voix de femme] Canada
[Voix de Charles de Gaulle] Vive le Québec, Vive le [Voix de femme] Ca-Canada
[Voix de Charles de Gaulle] Vive le Qué-Québec, Vive le Québec libre !
[Voix de Robert Charlebois] Sacrament !

Je me souviens
Je me souviens

J’m’en souviens d’la langue
D’la langue de Lepage
Pis celle de Tremblay
Et je parle la langue
De Ferron, de Gauvreau et de PDG
J’me souviens à mort
Du Vent du Mont Schärr !
M’as être encore pris pour tapiner Paris
Parce que la chicane est poignée dans cabane

Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one
Bill, Bill, Bill one o one, Bill one o one

Je me souviens
Je me souviens

J’m’en souviens d’la langue
De la langue des french kiss
J’m’en souviens encore
Mais pour combien de temps ?
J’m’en souviens tellement
Je la mettrais dans le vinaigre
Pour qu’elle dure plus longtemps
T’en souviens-tu d’la langue ?
Do you remember when we were French ?

Je me souviens
Je me souviens
Je me souviens
Je me souviens
Je me souviens
Je me souviens
Je me souviens
Je me souviens

 

P.-S.—Outre les paroles chantées par French B, on entend aussi des phrases en anglais et en français (Jacques Parizeau, Robert Bourassa, etc.).

P.-P.-S.—La formule «la langue de x» est commune, notamment au Québec.

P.-P.-P.-S.—En 2018, Johanne Melançon — pas de lien avec l’Oreille tendue — a étudié cette chanson et son vidéoclip : «Des lieux de mémoire sont […] convoqués par les paroles et par les images; ces événements historiques et ces symboles sont rappelés à la mémoire pour nourrir un discours engagé, cherchant à sensibiliser à une certaine urgence d’agir» (§ 9).

 

Référence

Melançon, Johanne, «La chanson québécoise, vecteur de l’histoire, de la mémoire et de l’identité», dans Marc Bergère, Hélène Harter, Catherine Hinault, Éric Pierre et Jean-François Tanguy (édit.), Mémoires canadiennes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. «Des Amériques», 2018, p. 197-206. https://doi.org/10.4000/books.pur.138885

 

Chantons la langue avec Michel Rivard

Album Michel Rivard, 1989, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Michel Rivard, «Le cœur de ma vie», album Michel Rivard, 1989

 

C’est la langue qui court dans les rues de ma ville
Comme une chanson d’amour, au refrain malhabile
Elle est fière et rebelle et se blesse souvent
Sur les murs des gratte-ciel, contre les tours d’argent

Elle n’est pas toujours belle on la malmène un peu
C’est pas toujours facile d’être seule au milieu
D’un continent immense où ils règlent le jeu
Où ils mènent la danse, où ils sont si nombreux

Elle n’est pas toujours belle mais vivante elle se bat
En mémoire fidèle, de nos maux de nos voix
De nos éclats de rire et de colère aussi
C’est la langue de mon cœur, et le cœur de ma vie

On la parle tout bas aux moments de tendresse
Elle a des mots si doux qu’il se fondent aux caresses
Mais quand il faut crier qu’on est là qu’on existe
Elle a le son qui mord, et les mots qui résistent

C’est une langue de France aux accents d’Amérique
Elle déjoue le silence à grands coups de musique
C’est la langue de mon cœur et le cœur de ma vie
Que jamais elle ne meure, que jamais on ne l’oublie
Que jamais elle ne meure que jamais on ne l’oublie

Il faut pour la défendre la parler de son mieux
Il faut la faire entendre, faut la secouer un peu
Il faut la faire aimer à ces gens près de nous
Qui se croient menacés, de nous savoir debout

Il faut la faire aimer à ces gens de partout
Venus trouver chez nous un goût de liberté
Elle a les mots qu’il faut pour nommer le pays
Pour qu’on parle de lui, qu’on le chante tout haut

C’est une langue de France aux accents d’Amérique
Elle déjoue le silence à grands coups de musique
C’est la langue de mon cœur et le cœur de ma vie
Que jamais elle ne meure, que jamais on ne l’oublie
Que jamais elle ne meure que jamais on ne l’oublie

C’est la langue de mon cœur et le cœur de ma vie
Que jamais elle ne meure que jamais on ne l’oublie

C’est la langue de mon cœur et le cœur de ma vie
Que jamais elle ne meure que jamais on ne l’oublie

C’est la langue de mon cœur
Que jamais elle ne meure
Que jamais elle ne meure
Que jamais elle ne meure

 

P.-S.—«Faire aimer» la langue ? Ça se discute.

P.-P.-S.—Commentaire du compositeur sur sa composition : «Je l’ai écrite parce que, à ce moment-là, j’avais besoin de dire que ma langue meurt, explique-t-il. Et j’étais un petit peu en réaction à la chanson sur la langue d’Yves Duteil qui présentait une vision absolument carte postale du Québec. Je n’ai jamais vraiment embarqué dans cette chanson-là, alors j’avais besoin d’en faire une» (la Presse+, 23 juin 2024).

 

Du nouveau dans la sacristie

L’Oreille tenduec’est de notoriété publique — aime sacrer. Elle a, entre autres penchants, un faible pour tabarnak. Criss ne lui déplaît pas non plus.

Elle ne connaissait toutefois pas tabarcrisse, qu’elle découvre dans «J’use d’la langue» (2008), une chanson d’Arseniq33 : «J’use d’la langue que j’m’expresse le mieux avec tabarcriss.»

Même si la chanson cite Nelligan et évoque Gérald Godin, Gaston Miron et Félix Leclerc, il n’est pas sûr qu’elle trouverait grâce aux oreilles de Mathieu Bock-Côté et de Christian Rioux. C’est comme ça.

Gainsbourg du jour

Le jour où l’Oreille tendue se cherchera un indicatif musical, elle pourrait le trouver chez le Serge Gainsbourg de la chanson, de 1961, «Les mots inutiles», aussi appelée «De Vienne à Vienne» ou «Le dernier souvenir».

Refrain :

Les mots sont usés jusqu’à la corde
On voit l’ennui au travers
Et l’ombre des années mortes
Hante le vocabulaire
Par la main, emmène-moi hors des lieux communs
Et ôte-moi de l’idée
Que tu ne peux t’exprimer
Que par des clichés