Curiosité voltairienne (et salonnière)

Il y a quelques lustres, l’Oreille a mené des recherches sur ce que l’on appelle, depuis le début du XIXe siècle, les «salons» (voir ici ou ).

Elle s’est donc tendue quand elle a découvert, sous la plume d’Eric Andrew-Gee, dans The Globe and Mail, le 4 avril 2025, un article intitulé «A Montreal salon proves a gathering of minds is not just for the 18th century» («Un salon de Montréal prouve qu’un rassemblement des esprits n’est pas seulement une chose du XVIIIe siècle»).

Le correspondant montréalais du journal a fait enquête sur un salon actuel, Hot Chain, créé par Mireille Silcoff (qu’il compare, au passage, à Julie de Lespinasse). Comment son texte commence-t-il ? «It was probably around the time someone mentioned Voltaire and the Lisbon earthquake of 1755 that I started to feel I was really at a salon» («C’est probablement quand quelqu’un a évoqué Voltaire et le tremblement de terre de Lisbonne que j’ai commencé à sentir que j’étais vraiment dans un salon»).

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

P.-S.—Le salon le plus célèbre du XVIIIe siècle est sans conteste celui de madame Geoffrin. L’Oreille tendue a déjà tourné une vidéo sur le sujet.

 

Curiosité voltairienne (et godboutesque)

François Hébert, Pour orienter les flèches, 2002, couverture

«Jacques Godbout était dans la salle et l’apercevant, je lui ai trouvé le profil de Voltaire, le regard métallique, les lèvres pincées, l’applaudissement prudent. Je ne sais pas si c’est empiéter sur sa vie privée que de décrire ici sa silhouette entrevue dans un lieu public. On ne sait plus sur quel pied danser dans nos droits et libertés, qui sont en train de devenir des corsets. Je me demande à quelle espèce marine, fluviale ou lacustre, appartient l’auteur de L’Aquarium et de L’Isle Verte.

[…]

Tout récemment, la statue de Voltaire, à Paris, a eu le nez fracassé».

François Hébert, Pour orienter les flèches. Notes sur la guerre, la langue et la forêt, Montréal, Trait d’union, coll. «Échappées», 2002, 221 p., p. 32.

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Curiosité voltairienne (et numérique)

Marcello Vitali-Rosati, Éloge du bug, 2024, couverture

«“Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin” : c’est la réplique finale du roman de Voltaire et celle-ci s’adapte bien à notre raisonnement en proposant un pont entre un jardin ancien, celui d’Épicure, et des jardins modernes. Il faut cultiver notre jardin. Cultiver un jardin n’est pas toujours facile, ni satisfaisant, ni productif. Le jardin est un refuge nous permettant de nous retrouver dans un lieu qui n’est pas structuré par les grands pouvoirs étatiques et économiques de notre époque. C’est un lieu plus petit, ouvert, en plein air, mais protégé. Le jardin n’est pas un lieu d’exploitation extensive, on ne le cultive pas comme on cultive les grandes étendues. Le jardin est un lieu et non un espace. Mais il y a aussi un autre élément crucial — présent dans la réplique de Candide également : le jardin peut — et doit — être partagé. C’est notre jardin et pas mon jardin. Le jardin et sa culture nous renvoient finalement à la nécessité de faire nous-mêmes des choses que nous ne voulons pas déléguer aux grandes entreprises numériques et de les faire ensemble. “Perdre” donc du temps en se consacrant à des occupations matérielles qui sont autant méprisées par la rhétorique de l’immatérialité mais qui seules peuvent nous redonner notre autonomie perdue.»

Marcello Vitali-Rosati, Éloge du bug. Être libre à l’époque du numérique, Paris, Éditions Zones, 2024, 208 p. PapierHTMLPDF

 

Les derniers mots de Candide sont «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 1er octobre 2024.

Curiosité voltairienne (et économique)

Portrait de Volodymyr Zelensky

C’était dans le Daily Telegraph du 22 février 2025 : «Stock markets, on the other hand, take an almost Panglossian view of the future. Rather than seeing the Carthaginian peace about to be imposed on Zelensky for what it is — as part of a deadly deterioration in world affairs — they seem inclined to regard it, like Trump, as a possible way out from an otherwise never-ending war of attrition.»

 

Candide, dans le conte éponyme (1759), a un précepteur : «Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes possibles» (chapitre premier).

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Curiosité voltairienne (et jardinière)

Julia Deck, Ann d’Angleterre, 2024, couverture

«Par les murs minces comme du carton, il transpire que George tente de remettre un sujet sur la table avec Olivia. Or celle-ci en a terminé avec les contorsions pénibles qui mènent à la maternité. George est prié d’aller cultiver son jardin.»

Julia Deck, Ann d’Angleterre. Roman, Paris, Seuil, 2024, 250 p., p. 52.

 

Les derniers mots de Candide, dans le conte du même nom (1759), sont «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté le roman de Julia Deck le 30 décembre 2024.