Dictionnaire des séries 23

Caricature, d’André-Philippe Côté, dans la Presse du 21 mai 2013 (p. A16) : Marc Bergevin, le directeur général des Canadiens de Montréal, et Michel Therrien, leur entraîneur, se trouvent devant une rangée de joueurs tous de la même taille, dont l’uniforme porte le mot «Recrue»; derrière ces joueurs, un mastodonte. Titre de la caricature : «Repêchage, que fera le Canadien ?». Commentaire de Therrien : «Cette année, il faudrait faire le bon choix !».

Traduction libre : les Canadiens ont été éliminés des séries d’après-saison de la Ligue nationale de hockey par les Sénateurs d’Ottawa parce que leurs joueurs sont trop petits. Cela doit changer.

Morale : les Canadiens doivent se grossir, aller chercher un gros bonhomme, de pas se contenter des petites pestes. Ils ne pourront toutefois pas le faire en recrutant John Scott, qui restera l’an prochain où il est actuellement, avec les Sabres de Buffalo : «Les Sabres ont embauché Scott sur le marché des joueurs autonomes l’été dernier afin d’ajouter du poids et du caractère à la formation» (la Presse, 21 mai 2013, cahier Sports, p. 6; l’Oreille tendue souligne).

Sur la glace, tout serait donc affaire de gabarit.

P.-S. — Il arrive à l’Oreille de se sentir vieille. À une époque, il existait une recette éprouvée pour grossir son équipe : y ajouter du bœuf de l’Ouest. Ni cette expression (qui renvoyait à la géographie de l’élevage bovin au Canada) ni la réalité qu’elle aurait révélée (les joueurs de l’ouest du Canada auraient été plus costauds que ceux de l’est) n’ont plus guère d’écho.

 

[Complément du 21 mai 2017]

L’Oreille tendue, dans la Presse+ du 19 mai, découvre l’expression au pluriel : «L’époque des bœufs de l’Ouest est révolue […].» Elle ne la connaissait pas.

 

[Complément du 10 octobre 2020]

Léandre Normand emploie l’expression dans sa biographie du Pocket Rocket, mais avec guillemets : «Henri Richard a établi des records de longévité et d’endurance malgré son petit gabarit. Il est l’exemple parfait à l’encontre de ceux qui prédisent périodiquement la disparition des petits joueurs au profit des “bœufs de l’Ouest”» (p. 227).

Richard, Denis, en collaboration avec Léandre Normand, Henri Richard. La légende aux 11 coupes Stanley, préface de Ronald Corey, avant-propos de Léandre Normand, Montréal, Éditions de l’Homme, 2020, 234 p.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 22

Forum de Montréal (1924)

Où joue-t-on au hockey ?

Réponse la plus évidente : dans un aréna (au masculin). «Pour tous les p’tits matins passés à l’aréna d’quartier» (Vilain Pingouin, «Les Habitants (GO Habs GO !)», chanson, 2009).

Réponse romaine : dans un amphithéâtre. «Et lorsque ses mains traduisent chaleureusement son enthousiasme, c’est son intelligence davantage encore, qui de l’amphithéâtre obscur à la patinoire illuminée, salue une sœur complice dans son moment d’apothéose et de gloire» (Louis Chantigny, 1974, cité dans Maurice Richard. Album souvenir, p. 93-94).

Réponse poétique : dans une enceinte. «et un peu partout dans l’enceinte / l’odeur du passé» (Bernard Pozier, «Aréna», p. 35).

Réponse religieuse : dans la Mecque du hockey (le Forum, devenu le Centre Molson, puis le Centre Bell; plus généralement, Montréal). «L’édifice reste la Mecque du hockey, son locataire reste la Sainte Flanelle et flottent un peu partout les fantômes du Forum» (Jean Dion, «Plus grand que nature»).

Tout bien considéré, peu importe. C’est sur la glace (sur la patinoire) que les matchs se gagnent.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Illustration : Forum de Montréal, 1924, collection du Musée McCord, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Références

Dion, Jean, «Plus grand que nature», le Devoir, 29 mai 2000, p. A1-A10.

Lamarche, Jacques, Maurice Richard. Album souvenir, Montréal, Guérin, 2000, 133 p. Ill.

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Vilain Pingouin, «Les Habitants (GO Habs GO !)», 2009, 3 minutes 6 secondes, fichier audionumérique. http://www.youtube.com/watch?v=0JkZkMQyPeo

Dictionnaire des séries 21

Il ne faut pas confondre la mêlée et la mêlée générale.

La mêlée, c’est tout simplement le jeu.

Avec le Gros Bill dans la mêlée
On va garder le championnat
(Oscar Thiffault, «Ils sont en or», chanson, 1957)

Quand Ti-Guy Lafleur entre dans la mêlée
Quand Ti-Guy Lafleur entre dans la mêlée
(Oscar Thiffault, «La toune à Ti-Guy Lafleur», chanson, 1978)

dans la mêlée
sur le jeu de puissance
(Bernard Pozier, «Génétique I», 1991, p. 30)

La mêlée générale, c’est l’occasion pour les joueurs d’âprement se disputer la rondelle. Cela peut aller jusqu’à la bagarre, quand beaucoup d’entre eux, policiers ou pas, acceptent de valser.

Vous êtes prévenus.

 

[Complément du 30 mai 2014]

Dans son Lexique de termes de hockey (1983), Pierre Dallaire donne un autre sens à mêlée (p. 57) — amas de joueurs —, d’où le synonyme empilage (p. 32). Empilade est indiqué comme forme fautive (p. 35). En anglais — le Lexique est bilingue —, on parlerait de melee, pile-up ou scramble (p. 35).

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Références

Dallaire, Pierre, Lexique de termes de hockey français-anglais anglais-français, Montréal, Leméac et Radio-Canada, 1983, 154 p.

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Dictionnaire des séries 20

De tous les maux qui peuvent affecter un cerbère, il en est un qui paraît pire que les autres : avoir une faiblesse entre les jambes. Un gardien faible de la mitaine, c’est ennuyeux; être faible entre les jambes, ça ne pardonne pas.

P.-S. — L’Oreille tendue ne connaît rien au hockey féminin. Dit-on aussi des gardiennes qu’elles sont faibles entre les jambes ? Cela changerait la portée sexuelle de l’expression.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 19

Si les choses vont bien, si vous êtes en état de grâce, vous vous trouvez dans le siège du conducteur. Tout vous sourit et vous dictez la marche des événements.

Dans la situation contraire, si vous avez trop souvent essuyé la défaite, ou simplement si vous pratiquez du hockey de rattrapage, vous devez apprendre à rebondir dans l’adversité et à jouer avec un sentiment d’urgence. Sinon, votre descente aux enfers se poursuivra.

Dans un cas comme dans l’autre, mais peut-être plus dans le second, vous devez grandir, individuellement ou en groupe. Sinon, vous n’aurez rien appris.

 

[Complément du 19 janvier 2016]

Au hockey, on peut perdre. On peut aussi s’incliner.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)