Montréal, 17 mars 1955

Clarence Campbell, Forum de Montréal, 17 mars 1955

[On souligne ces jours-ci le soixantième anniversaire de l’émeute qui suivit l’annonce de la suspension du joueur de hockey Maurice Richard. Récit.]

«They rioted in the streets of Montreal when they benched Rocket Richard
It’s true»
(Jane Siberry, «Hockey», 1989)

Le 17 mars 1955, les Canadiens jouent un match au Forum de Montréal. Au cours de la journée, des voix se font entendre, qui demandent à Clarence Campbell, celui qui la veille a suspendu Maurice Richard pour les trois derniers matchs de la saison régulière et pour tous les matchs des séries éliminatoires, de ne pas y aller. On craint des débordements des partisans. Ceux-ci déplorent, pour ne pas dire plus, que la décision de Campbell prive Richard de ce qui aurait pu être le championnat des compteurs et ils redoutent que l’équipe, privée de sa vedette, ne parvienne pas à gagner la coupe Stanley, l’emblème du championnat nord-américain. Ils eurent doublement raison. Au moment de sa suspension, Richard était en tête des compteurs de la ligue, mais il sera dépassé, sous les huées, par son coéquipier Bernard Geoffrion. La coupe Stanley sera remportée par les Red Wings de Detroit, en sept matchs, contre les Canadiens dorénavant privés de Richard.

Le match commence à l’heure prévue, 20 heures 30. Les Red Wings, auxquels Montréal dispute le premier rang du classement dans la Ligue nationale, sont les visiteurs. L’équipe de Detroit prend rapidement les devants. Pendant la première période, tandis que les Red Wings dominent les Canadiens, Campbell se dirige vers son siège habituel, escorté de sa secrétaire, Phyllis King (qui deviendra sa femme), et de deux jeunes femmes. Cette présence a souvent été considérée, alors et depuis, comme une provocation. Dès le lendemain, le maire de Montréal, Jean Drapeau, reprochera à Campbell d’avoir assisté au match. N’avait-il pas été menacé de mort dans les heures le précédant ? Il devait se douter qu’il serait mal reçu. Mais à ce point ?

Campbell est pris à partie par des spectateurs — mais les récits varient considérablement. On le bombarde : programmes, bouteilles, couvre-chaussure et paletots, fruits et légumes, œufs (frais ou pourris), sacs d’arachides, cubes de glace, sacs remplis d’eau, pièces de monnaie, pieds de porc marinés. Un homme, dont on discute encore l’identité, s’approche de lui pour le frapper au visage. Une photo, constamment utilisée depuis, fait voir Campbell se protégeant, son chapeau d’une main et un programme de l’autre, pendant que des placiers retiennent son assaillant. (Maurice Richard possédait chez lui une reproduction encadrée de cette photo.) Quelques minutes plus tard, un spectateur écrase une tomate (ou deux) sur Campbell. Une chose est sûre : la position de ce dernier est périlleuse, comme le montrent les images fixes ou mobiles.

Dans les minutes qui suivent, une bombe lacrymogène explose. Le match est interrompu. Campbell se réfugie dans la salle du soigneur, où il croise Richard. Même s’il n’avait pas revêtu son uniforme, celui-ci avait tenu à être là pour encourager ses équipiers. Devant la cohue créée par les actes de violence à l’encontre de Campbell et par l’explosion de la bombe lacrymogène, le chef du service d’incendie de Montréal décide d’évacuer le Forum, ce qui se fera dans le calme. Detroit, qui menait 4 à 1, est décrété vainqueur du match, puisque l’équipe qui recevait n’a pas su assurer la sécurité de l’équipe adverse.

L’Émeute n’a pourtant pas lieu, pour l’essentiel, au Forum. C’est plutôt à l’extérieur qu’elle explose, rue Sainte-Catherine, une fois le Forum vidé de ses occupants (entre 14 et 16 000). Des manifestants s’y étaient regroupés dès avant le début du match, histoire d’exprimer leur mécontentement envers la sentence de Campbell. Ils brandissaient des pancartes : «Richard le persécuté», «Révoltante décision», «Injustice au Canada Français», «Injustice envers les sportifs», «Campbell» (avec des dessins de porc ou de… poire), «Stupid puppet Campbell», «Vive Richard», «Vive le Rocket», «On veut Richard», «Pas-de-Richard pas-de-Coupe», «Down with Campbell», «À bas Campbell», «Dehors Campbell!!», «J’y vais pas — et vous ? I’m not going, are you ?», «Tout-péché se pardonne. Campbell. Vive Richard», «Destruction du sport national». On promenait sur une camionnette une poupée géante à l’effigie de Richard, qu’on avait exhibée en des temps plus heureux, par exemple lors du 400e but du Rocket. Les manifestants sont rejoints par ceux qui quittent le Forum.

La violence avait commencé avant le début du match : des projectiles avaient été lancés dans les vitres du Forum et de nombreuses personnes s’étaient rassemblées dans le parc Cabot, situé en face. Après l’évacuation, elle éclate et elle prend des formes multiples. Des voitures sont renversées. Des tramways sont immobilisés. Des incendies sont allumés sur la chaussée. Des vitrines sont brisées. Des cabines téléphoniques et des kiosques à journaux sont vandalisés. Des commerces sont pillés, notamment des bijouteries. Des policiers et des civils sont blessés (aucun gravement). Du Forum, la foule se déplace vers l’est, en empruntant la rue Sainte-Catherine. Bilan : 100 000 $ de dégâts, avance-t-on le lendemain, avant de parler plus modestement de 30 000 $, quelques dizaines d’arrestations et d’inculpations, pour un événement qui aurait duré entre cinq et sept heures selon les récits. Maurice Richard ne sera pas témoin de ce que l’on appelle désormais l’Émeute Maurice-Richard : ayant quitté rapidement le Forum et ses environs, c’est par la radio qu’il apprendra qu’il y a eu émeute, et qu’il en suivra le déroulement.

Ajoutons deux choses.

En 2000, Brian McKenna réalise le documentaire Fire and Ice. The Rocket Richard Riot / L’émeute Maurice Richard (60 minutes, production : Galafilm). Ce film a le mérite de dire explicitement ce que révèlent nombre d’images que l’on a conservées de la soirée du 17 mars et des reportages publiés le lendemain. En plus d’être un accès de violence, accès dont il n’y a pas lieu de diminuer l’importance, l’Émeute a été une fête. (Rappelons, pour mémoire, que les Irlandais, partout dans le monde, célèbrent le 17 mars leur fête nationale, la Saint-Patrick. Ceux de Montréal ne font pas exception.) McKenna montre deux fois la séquence d’un homme qui dansait dans la rue, devant des flammes. Il a retenu des images de jeunes gens souriant à la caméra ou s’amusant autour de feux de camp improvisés. McKenna insiste sur cet aspect, et de deux façons. Par sa narration: «À l’extérieur du Forum, c’est à moitié une émeute et à moitié une fête» («Outside the Forum, it is half-riot half-party»). Par les souvenirs du musicien Billy Georgette: il circulait avec un groupe d’étudiants ce soir-là et leur tramway a été arrêté devant le Forum; ils en sont descendus pour se joindre à la fête («We joined the party»). Les choses dégénéreront, certes. Cela étant, on ne le dit pas assez : l’Émeute n’a pas seulement été le drame qu’elle est devenue sous les plumes les mieux intentionnées; elle a été l’occasion de célébrer. Quoi ? Maurice Richard, au moins. La résistance à une injustice supposée, sans doute. Le simple fait, pour une fois, de relever la tête, peut-être. La lutte contre les méchants Anglais ? C’est moins sûr.

Le magazine américain Sport d’avril 1955 comporte une photo de Richard fort différente de celles qu’on voit habituellement. Une épaule le tirant vers le sol et l’autre vers le ciel, les yeux tournés vers ce ciel, son bâton le protégeant et pointant lui aussi vers le ciel, le visage couvert d’une légère couche de sueur, ce Maurice Richard-là a tout du saint Sébastien de Luca Giordano, le peintre baroque du XVIIe siècle. Entre le Richard de Sport et «Le martyre de saint Sébastien», on peut multiplier les points communs : la position des épaules est la même, le cou est en extension dans les deux cas, les yeux sont également à la limite de la révulsion, les deux corps se détachent d’un fond noir, là où l’un a une flèche au flanc, l’autre tient son bâton. À ces coïncidences, visuelles, s’en ajoute une autre, historique : la photo paraît dans la livraison d’avril 1955 du magazine américain, mais elle est visible sur les murs du Forum de Montréal dès le 17 mars 1955, puisqu’elle accompagne la publicité du magazine («Read in this month’s Sport “Montreal Flying Frenchman”»; ce «Montreal Flying Frenchman» est Richard). Sébastien aurait été un soldat de l’armée romaine et il aurait vécu à la fin du IIIe siècle; il aurait été transpercé de flèches par les ordres de l’empereur Dioclétien parce qu’il était chrétien. Maurice Richard, lui, n’a pas été victime de ses convictions religieuses, mais il est néanmoins, comme Sébastien, ce soldat de Dieu, un être fabuleux et un martyr. Allons plus loin : les participants à l’émeute du 17 mars 1955 avaient déjà sous les yeux l’image du martyr qu’allait devenir Richard ce soir-là.

P.-S. — Le sujet est populaire : sur le site eduessays («Free Essays and Term papers»), vous pouvez acheter un devoir tout fait pour 12 $ US. Il racontera l’Émeute à votre place.

Maurice Richard et saint Sébastien

 

[Ce texte reprend des analyses publiées dans les Yeux de Maurice Richard (2006).]

 

[à suivre]

 

[Complément du 12 décembre 2018]

 

Références

Fire and Ice. The Rocket Richard Riot / L’émeute Maurice Richard, documentaire de 60 minutes, 2000. Réalisation : Brian McKenna. Production : Galafilm.

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Montréal, 16 mars 1955

[On souligne ces jours-ci le soixantième anniversaire de l’émeute qui suivit l’annonce de la suspension du joueur de hockey Maurice Richard. Contexte.]

«And although you are a great star
You’re through for the year, do I make myself clear
Mister Maurice “The Rocket” Richard ?»
(Bob Hill, «The Saga of Maurice Richard», 1955)

Après les événements du 13 mars à Boston, Maurice Richard et ses coéquipiers rentrent à Montréal. Il comparaît devant le président de la Ligue nationale de hockey, Clarence Campbell, dans la matinée du 16 mars 1955.

Richard est flanqué de son entraîneur, Dick Irvin, et d’un ancien équipier devenu administrateur des Canadiens, Ken Reardon. Campbell entend les trois hommes, ainsi qu’Hal Laycoe (le joueur avec lequel Richard s’est battu le 13 mars), Cliff Thompson (le juge de ligne qu’il a frappé), Frank Udvari (l’arbitre du match), Sammy Badcock (le second juge de ligne), Lynn Patrick (l’entraîneur-gérant des Bruins) et Carl Voss (l’arbitre en chef de la Ligue).

En après-midi, il rend sa sentence : Maurice Richard est suspendu pour les trois derniers matchs de la saison régulière et pour tous les matchs des séries éliminatoires. Il en a assez :

le temps de la tolérance et de la clémence est révolu. Il importe peu que ces agissements soient le produit d’une instabilité de caractère ou un défi délibéré à l’autorité. Ce genre de conduite ne peut être toléré de la part de personne, que le joueur soit une étoile ou non.

Maurice Richard terminera la saison avec 38 buts et 36 passes, et il aura reçu 125 minutes de punition, ce qui restera un sommet en carrière pour lui. Le championnat des compteurs, qui était à sa portée, lui échappe. Aucune sanction n’est imposée à Laycoe. Le contenu de cette sentence est immédiatement communiqué par les médias, au premier rang desquels la radio.

 

[Ce texte reprend des analyses publiées dans les Yeux de Maurice Richard (2006).]

 

[à suivre]

 

[Complément du 12 décembre 2018]

 

Références

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

«Texte de la décision du président Campbell», la Presse, 17 mars 1955, p. 46.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Boston, 13 mars 1955

Carte de la série «Enforcers»

[On souligne ces jours-ci le soixantième anniversaire de l’émeute qui suivit l’annonce de la suspension du joueur de hockey Maurice Richard. Contexte.]

«Par un dimanche au soir en jouant à Boston
Vous auriez dû voir les fameux coups d’bâton»
(Oscar Thiffault, «Le Rocket Richard», 1955)

Le 13 mars 1955, les Canadiens de Montréal sont au Garden de Boston, là où jouent les Bruins. Ils les affrontent dans un des derniers matchs réguliers de la saison 1954-1955.

Pendant ce match, Richard est blessé par le bâton de Hal Laycoe; cette blessure nécessitera des points de suture. Ensanglanté, il réplique avec ses poings et des bâtons. Après avoir cassé le sien sur le dos d’un adversaire, il serait allé en chercher un deuxième, dont il se serait aussi servi comme d’une arme. Certains récits, dont celui de Clarence Campbell, le président de la Ligue nationale de hockey, font même état d’un troisième bâton, ce que niera fermement Richard le 20 mars 2000 dans le journal la Presse. La même année, Chrystian Goyens et Frank Orr, dans Maurice Richard. Héros malgré lui, parlent de quatre bâtons (p. 100). Quoi qu’il en soit, Richard est par la suite retenu par le juge de ligne Cliff Thompson, qu’il frappe en essayant de s’en défaire pour poursuivre la bagarre avec les joueurs des Bruins. Cela lui vaut d’être chassé du match par l’arbitre, Frank Udvari, et d’être menacé d’arrestation par des policiers bostoniens.

C’est loin d’être la première fois que Richard est sanctionné par la Ligue nationale de hockey.

Le 4 mars 1951, à New-York, dans le lobby de l’hôtel Piccadilly, Richard s’en prend à l’arbitre Hugh McLean, auquel il reprochait des décisions prises quelques jours auparavant lors d’un match au Forum de Montréal. Il recevra pour ses gestes une amende de 500 $, soit la plus lourde amende imposée par la Ligue nationale.

Le 6 décembre 1952, dans Samedi-Dimanche, où il tient chronique, Richard critique vertement des amateurs de hockey de la ville de Québec, nommément ceux du quartier Saint-Sauveur, qu’il traite de «bandits», à cause du traitement qu’ils auraient réservé à son frère Henri, celui qui n’est pas encore «Le Pocket Rocket». Au début de 1954, dans le même hebdomadaire, à la suite de la suspension de son coéquipier Bernard «Boom-Boom» Geoffrion, le chroniqueur vise plus haut. Il décide de contester l’autorité du président de la Ligue nationale de hockey, soupçonné de (dé)favoritisme ethnique : Geoffrion aurait été la victime des sentiments anti-Canadiens français de Clarence Campbell. La chronique qui a déclenché la controverse sera sa dernière avant plusieurs années : la Ligue nationale lui enjoint de cesser de signer des textes dans la presse.

Le 29 décembre 1954, les Canadiens jouent un match à Toronto. Richard se bat alors contre un joueur des Maple Leafs, Bob Bailey. (Selon l’arbitre Red Storey, dans Red’s Story [p. 71-72], Richard aurait frappé ce soir-là Bailey à coups de bâtons — de plusieurs bâtons.) Après le combat, quittant la patinoire, Richard se penche vers son entraîneur, Dick Irvin, qui lui parle, puis il fait volte-face. Revenu sur la glace, il s’en prend au juge de ligne George Hayes, qui a essayé de s’interposer entre lui et Bailey. Pour son geste, il n’est ni puni, par Storey, ni suspendu, par le président Campbell. Il doit cependant acquitter une amende de 250 $ et il est semoncé par les autorités de la Ligue nationale de hockey, qui n’entendent pas tolérer de recrudescence de la violence envers leurs officiels.

Les événements du 13 mars 1955, joints à ceux qui les ont précédés, coûteront cher à Maurice Richard.

 

[Ce texte reprend des analyses publiées dans les Yeux de Maurice Richard (2006).]

 

[à suivre]

 

[Complément du 12 décembre 2018]

 

Références

Goyens, Chrystian et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Héros malgré lui, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, 160 p. Ill. Préfaces d’Henri Richard et de Pierre Boivin.

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Richard, Maurice, «Je n’ai jamais brisé trois bâtons sur le dos de Laycoe», la Presse, 20 mars 2000, p. S6.

Storey, Red, with Brodie Snyder, Red’s Story, Toronto, Macmillan Canada, 1994, ix/245 p. Ill.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Juliette Lalonde (1916-2014)

Juliette Lalonde-Rémillard et Lionel Groulx, 1964
Juliette Lalonde-Rémillard et Lionel Groulx, 1964 (source : Fondation Lionel-Groulx)

Juliette Lalonde est morte le 24 décembre 2014. Elle a été la collaboratrice de l’historien nationaliste québécois Lionel Groulx de 1937 à la mort de celui-ci en 1967. Elle a également été secrétaire de l’Institut d’histoire de l’Amérique française et de la Revue d’histoire de l’Amérique française, secrétaire administrative de la fondation Lionel-Groulx et directrice du Centre de recherche Lionel-Groulx.

C’est par elle, dans un article de 1968, que l’on apprend que Lionel Groulx «se passionnait» pour le hockey et qu’il était présent au Forum de Montréal le 17 mars 1955 (p. 869). Il a donc assisté à ce que la vulgate historique québécoise appelle l’émeute Maurice-Richard.

Avait-il une opinion sur d’autres joueurs des Canadiens de Montréal ?

Et je rapporte ici cette boutade du chanoine qui, assis sur la toute première rangée, a pu voir les joueurs de très près : «Je comprends le “faible” des femmes pour [Jean] Béliveau.» Son joueur préféré cependant restait le petit [Yvan] Cournoyer qui, dans le temps, réchauffait trop le banc à son gré… (p. 869)

L’Oreille tendue en sait, des choses inutiles.

 

Référence

Lalonde-Rémillard, Juliette, «Lionel Groulx intime», l’Action nationale, 57, 10, juin 1968, p. 857-875.

Non, Maurice Richard n’est pas qu’un projet de nom de pont

«Libérez le Rocket !», dans Old-Timey Hockey Tales, Volume One

Le gouvernement fédéral du Canada a finalement patiné de reculons : le pont Champlain ne sera pas dé / rebaptisé; il ne s’appellera pas le pont Maurice-Richard.

L’ex-célèbre ailier droit des Canadiens de Montréal n’est pas pour autant sorti de l’actualité.

Son prénom se retrouve en couverture (canadienne) du magazine américain Sports Illustrated.

 

Couverture de l’édition canadienne de Sports Illustrated, décembre 2014

(Jean ? Jean Béliveau. Guy ? Guy Lafleur.)

L’Oreille tendue découvre aussi deux bandes dessinées de Robert Ullman, avec ou sans Jeffrey Brown. La première, «Libérez le Rocket !» (2011), raconte l’émeute du 17 mars 1955, cette pièce centrale du mythe de Maurice Richard. La seconde, «The Rocket vs. ”Killer” Dill» (2014), met en scène les bagarres entre «Le Rocket» et un goon des Rangers de New York, Bob «Killer» Dill, le 17 décembre 1944.

Non, Maurice Richard n’est pas mort.

P.-S. — Oui, certes : le Petit Robert (édition numérique de 2014) ne connaît que l’expression à reculons, et pas de reculons. C’est une autre divergence transatlantique.

P.-P.-S. — Pour en savoir plus sur le travail de Robert Ullman, on clique ici.

P.-P.-P.-S. — Ce n’est pas la première fois que Richard apparaît sur la couverture du Sports Illustrated. C’était déjà le cas le 21 mars 1960, avec une illustration signée Russell Hoban.

 

Couverture de Sports Illustrated, mars 1960

 

Références

Ullman, Robert et Jeffrey Brown, «Libérez le Rocket !», dans Old-Timey Hockey Tales, Volume One, Greenville, Richmond et Minneapolis, Wide Awake Press, 2011, s.p.

Ullman, Robert, «The Rocket vs. ”Killer” Dill», dans «Old-Timey» Hockey Tales, Volume Two, Wide Awake Press, 2014, s.p.