Autopromotion 759

«Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche XVII

La 606e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 71 460 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche XVII

Le zeugme du dimanche matin et de Louis Sébastien Mercier

Portrait de Louis-Sébastien Mercier

«Ses cheveux proprement tressés formaient un nœud derrière sa tête, et un léger soupçon de poudre leur laissait leur couleur naturelle. Ce simple accommodage ne présentait point une pyramide plâtrée de pommade et d’orgueil, ni ces ailes maussades qui donnent un air effaré, ni ces boucles immobiles qui, loin de retracer une chevelure flottante, n’ont d’autre mérite que celui d’une roideur sans expression, comme sans grâces.»

Louis Sébastien Mercier, l’An deux mille quatre cent quarante. Rêve s’il en fut jamais, édition, introduction et notes par Raymond Trousson, Bordeaux, Ducros, 1971, 426 p., p. 94-95. Édition originale : 1770-1771.

 

P.-S.—Il y a peu, l’Oreille tendue a écrit un texte sur ce roman.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Autopromotion 757

«Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche XVI

La 605e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 71 344 titres.

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Illustration : «Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche XVI

Théories du grand acteur

Diderot, Paradoxe sur le comédien, éd. de 1994, couverture

Il y a sept ou huit lustres, l’Oreille tendue dévorait les romans de Patricia Highsmith. Pour des raisons qui lui échappent complètement, elle a cessé de la lire. À l’occasion de la diffusion, sur Netflix, de la série Ripley, elle a décidé de s’y remettre, d’abord avec The Talented Mr. Ripley.

Parmi les «talents» du personnage de Tom Ripley, signalons la qualité de son jeu, au sens dramatique du terme. Le narrateur ne cesse de le répéter : Ripley joue différents rôles, y compris le sien. (Les esprits sont souvent tortueux chez Highsmith.) Il peut imiter des personnages inventés (p. 57, p. 256) et des personnes réelles. Alors qu’il panique souvent lorsque des imprévus se présentent, il arrive sans mal à se contrôler quand il s’agit d’emprunter une identité. Il n’a alors jamais peur d’échouer : «he felt absolutely confident he would not make a mistake» (p. 130). Il est passé maître dans l’art de la «mental suggestion» (p. 144) et il sait garder la tête froide (p. 137, p. 144). Son credo est clair : «If you wanted to be cheerful, or melancholic, or wistful, or thoughtful, or courteous, you simply had to act those things with every gesture» (p. 180). Pour être (enjoué, mélancolique, rêveur, pensif, courtois), il suffit de jouer dans chacun de ses gestes.

Cela nous amène, comme toujours, à Diderot. Celui-ci, dans son Paradoxe sur le comédien (1773-1778), distingue deux sortes de comédiens, les «comédiens imitateurs» et les «comédiens de nature». Les premiers s’appuient sur l’étude, la pénétration; leur jeu est toujours le même. Les seconds s’appuient sur leur âme, leur sensibilité; leur jeu est inégal. Diderot favorise les premiers :

Qu’est-ce donc que le vrai talent ? Celui de bien connaître les symptômes extérieurs de l’âme d’emprunt, de s’adresser à la sensation de ceux qui nous entendent, qui nous voient, et de les tromper par l’imitation de ces symptômes, par une imitation qui agrandisse tout dans leurs têtes et qui devienne la règle de leur jugement; car il est impossible d’apprécier autrement ce qui se passe au-dedans de nous. Et que nous importe en effet qu’ils sentent ou qu’ils ne sentent pas, pourvu que nous l’ignorions ? (éd. 1994, p. 93)

Tom Ripley est un «comédien imitateur». Ses victimes ne peuvent évidemment pas en témoigner; elles le croient.

 

Références

Diderot, Denis, Paradoxe sur le comédien suivi de Lettres sur le théâtre à Madame Riccoboni et à Mademoiselle Jodin, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 2575, 1994, 234 p. Édition présentée, établie et annotée par Robert Abirached.

Highsmith, Patricia, The Talented Mr. Ripley, New York et Londres, W.W. Norton & Company, 2008, 287 p. Édition originale : 1955.

Autopromotion 756

Portrait de Louis-Sébastien Mercier

Le quotidien le Devoir publie aujourd’hui un texte de l’Oreille tendue, «La bibliothèque mutilée». Le point de départ en est le roman l’An deux mille quatre cent quarante. Rêve s’il en fut jamais, de Louis Sébastien Mercier. Ça se lit ici.

Merci à Louise-Maude Rioux Soucy pour son accueil.

 

Compléments bibliographiques

Jacquot, Olivier, «La Bibliothèque du roi visitée en 1698 : An Englishman in Paris», entrée de blogue, Carnet de la recherche à la Bibliothèque nationale de France, 21 novembre 2022. https://bnf.hypotheses.org/18767

Leduc, Diane, «De quelques livres brûlés. La représentation d’autodafés de livres au Siècle des Lumières», Montréal, Université de Montréal, mémoire de maîtrise, août 2011, xi/136 p. Dir. : Benoît Melançon. https://doi.org/1866/6303

Mercier, Louis Sébastien, l’An deux mille quatre cent quarante. Rêve s’il en fut jamais, Bordeaux, Ducros, 1971, 426 p. Édition originale : 1770-1771. Édition, introduction et notes par Raymond Trousson.

Ovenden, Richard, Burning the Books. A History of the Deliberate Destruction of Knowledge, Cambridge, Harvard University Press, 2020, 320 p. Ill.

Polastron, Lucien H., Livres en feu. Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, Paris, Denoël, 2004, 430 p.