Périple à ski, prise cinq

Vous avez faim ? Vous n’arrivez pas à dormir ? Vous souhaitez déménager ? Vous rêvez d’une croisière en anglais ? Vous trouverez — foi d’Oreille tendue itinérante — tout ce qu’il vous faut le long de l’autoroute 15.

Vous pouvez même faire un arrêt chez le dentiste, par exemple à Saint-Jérôme : c’est là qu’officie l’équipe du centre de santé dentaire Al Denté.

Après le spa dentaire, la dentisterie italoculinaire. Ça ne s’invente pas.

Extraterritorialité lavalloise ?

On peut faire toutes sortes de choses à Laval. Y habiter un «condominium urbain». S’y souvenir de la définition du palindrome. Y acheter des enfants. Y chanter en chœur avec tout le monde.

On peut aussi s’y soustraire à la loi québécoise sur la langue d’affichage. Ce samedi, un panneau en bordure de l’autoroute des Laurentides : «Modern Luxury. Celebrity Cruises.» Uniquement en anglais.

Laval, une société distincte ?

Périple laurentien, prise trois

De samedi en samedi, l’Oreille tendue poursuit ses aventures familiales sur l’autoroute des Laurentides (la 15, pour les intimes).

On a vu qu’on peut s’y sustenter et s’y amuser tard le soir.

On peut aussi habiter ses environs. Dès qu’on entre à Laval, un panneau publicitaire annonce en effet la construction de «condominiums urbains».

De deux choses l’une.

Ou Laval est une ville — et «condominium urbain» est un pléonasme.

Ou Laval n’est pas une ville — mais elle aimerait en devenir une : en attendant, elle donne un cachet urbain à ses condos.

Tout bien considéré, restons montréalais.

Les ploucs

Ce samedi, l’Oreille tendue, une fois de plus, roulait sur l’autoroute des Laurentides. Elle y découvre la vie nocturne au Mont Saint-Sauveur :

«Samedi insomniacs», publicité, 2012

Insomniacs, donc. Insomniaques aurait fait trop plouc ? Pas assez mondialisé ? Pire : français ?

Glissement sémantique

Les fils de l’Oreille tendue pratiquent, l’hiver venu, un sport de glisse. Cela l’oblige à fréquenter plus que d’habitude les autoroutes autour de Montréal.

Généralement, elle n’accorde qu’un coup d’œil distrait aux panneaux publicitaires qui bordent icelles. Cela lui suffit pour se convaincre du bel avenir des spas au Québec.

En revanche, un panneau vient d’apparaître, qui lui a donné un (petit) choc. Les usagers de l’autoroute 15 connaissent la halte routière qui répond au folklorique nom de «La-porte-du-nord» (traits d’union inclus). Comment annonce-t-on aux automobilistes qu’ils s’en approchent et qu’ils pourront s’y sustenter ? D’un mot : «Enfaim !»

Pour paraphraser le journaliste sportif du Devoir : excusez l’Oreille, elle va aller perdre connaissance.