Chronique (partiellement) urbaine

Infidèle à ses habitudes, l’Oreille tendue vient de participer au bilan de l’année écoulée. C’était pour le journal la Presse, à la demande du chroniqueur Patrick Lagacé. (Explication ici.) Elle tire quatre remarques de cette expérience.

I.

L’Oreille était évidemment particulièrement sensible à la catégorie «Expression à ne plus utiliser en 2014» (elle s’était livrée à un exercice semblable à la radio de Radio-Canada le 16 mai 2013). Trois expressions ont été retenues par le jury.

Yolo (You Only Live Once) a terminé en première place.

Urbain en deuxième.

Ostentatoire en troisième.

Pour le choix de yolo, l’Oreille est sceptique («YOLO comme expression de 2013 ? Non. C’est telllllllllllllllement 2012 !» s’est-elle exclamée). Pourquoi ? D’une part, yolo a déjà beaucoup d’heures de vol : c’était un des mots de l’année, en anglais, en 2012. D’autre part, il faudrait distinguer la détestation que l’on peut avoir de l’expression elle-même et celle du comportement qu’elle désigne, sinon on risque de se tromper de cible. Enfin, yolo n’est guère un mot de la communication orale : il est essentiellement utilisé dans les réseaux sociaux. Qui a jamais employé yolo dans la conversation ?

L’Oreille défendait urbain. L’adjectif n’est ni neuf ni propre au français, mais il a pris une folle expansion en 2013. La preuve ? Consultez le blogue Vivez la vie urbaine (merci à @PimpetteDunoyer de l’avoir créé) ou lisez les textes réunis ici dans la catégorie «Ville urbaine».

Ostentatoire a été popularisé par le projet de Charte québécoise de la laïcité. L’Oreille espère avoir un peu de pif en matière de langue. Elle se permettra une (rare) prédiction en la matière : ostentatoire sombrera dans un relatif anonymat fort rapidement, car il est trop lié à une seule sphère de la vie sociale, ce qui n’est pas du tout le cas d’urbain (malheureusement). Pas besoin de l’ostraciser.

II.

Qui veut déterminer le mot de l’année est doublement menacé (triplement, si on compte la confusion du mot et de la chose).

La langue est affaire intime. Ce qui embête une personne en laissera une autre parfaitement insensible. Le risque est dès lors grand de confondre une obsession personnelle avec une vraie plaie sociale.

Il est rare qu’un mot apparaisse et occupe immédiatement l’espace. Le plus souvent, les mots utilisés à toutes les sauces sont des mots qui existent depuis longtemps, auxquels on donne une nouvelle acception ou une nouvelle extension. Des exemples ? Les adjectifs citoyen ou extrême, ces cancers médiatiques.

L’Oreille espère avoir résisté à cette double menace dans son choix.

III.

Pour l’«Expression à ne plus utiliser en 2014», il y eut peu d’élus (trois), mais beaucoup d’appelés. Dans le désordre…

Avec pas de…, on jase là, malaisant, sortir de sa zone de confort, inclusif, exclusivité, citoyen, check, on s’entend, dans le fond, nier, écoutez, selfie, un tsunami de, genre, éclabousser, epic / épique, big, bro, fail, Hey, bo-boy, chest-bras, dudebro, twerking, charte, au niveau de, le gouvernement précédent, controversé, payeurs de taxes, le diable est dans les détails, prendre de la hauteur, suite à, ménage, table de concertation (des intervenants du milieu et des forces vives institutionnelles) ou de pilotage, exactement ou en effet (au lieu de oui ou non), super-poutre, projet structurant, forces vives, plan quinquennal, changement, monopole, du coup, le patient est au cœur de nos priorités ou l’élève est au cœur de nos priorités.

L’Oreille n’est pas peu fière d’en avoir repéré plusieurs au fil des ans.

En revanche, l’expression c’est gras lui pose problème. Que signifie-t-elle ? Dans de récentes agapes festives multigénérationnelles (le souper de Noël), on la connaissait peu, et la tranche d’âge qui en connaissait l’existence (n = 1) ignorait son sens. À l’aide !

IV.

Spectaculaire, le mot de l’année selon Fabien Deglise du Devoir (23 décembre 2013, p. B3), n’était pas dans la liste des collaborateurs, proches ou lointains, de la Presse.

P.-S. — Pour l’ensemble du bilan 2013 de la Presse, voir .

Écrire Montréal

Montréal imaginaire, ouvrage collectif, 1992, couverture

Tweet, hier, de @languesdefeu : «Appel : est-ce que la sociologie de la ville s’est préoccupée de la représentation des villes dans la littérature ? (Si oui, où ?)»

Dans les années 1980-1990, un groupe de recherche de l’Université de Montréal a travaillé sur les représentations de la ville en littérature. Ci-dessous, une bibliographie, en deux parties (Publications individuelles, Actes de colloques et ouvrages collectifs), de Montréal imaginaire.

À défaut de textes venus de la «sociologie de la ville», @languesdefeu y trouvera pas mal de textes en sociocritique.

Publications individuelles

Biron, Michel, «Nelligan : la fête urbaine», Études françaises, 27, 3, hiver 1992, p. 51-62. https://doi.org/10.7202/035857ar

Biron, Michel, «La romance du libéralisme : poésie et roman au tournant du siècle», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 149-209.

Biron, Michel, «Une bataille d’âmes, en ville. Notes sur un roman-feuilleton de Pamphile Le May», dans Madeleine Frédéric (édit.), Actes du séminaire de Bruxelles (septembre-décembre 1991). Montréal, mégapole littéraire, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Centre d’études canadiennes, 1992, p. 37-56.

Chassay, Jean-François, Structures urbaines, structures textuelles : la ville chez Réjean Ducharme, David Fennario, Yolande Villemaire, Montréal, Université de Montréal, Faculté des arts et des sciences, Département d’études françaises, Centre de documentation des études québécoises, coll. «Rapports de recherche», 1, décembre 1986, 57 p. Avant-propos de Jean Cléo Godin.

Chassay, Jean-François, «Montréal comme roman», Magazine littéraire, 234, octobre 1986, p. 97-98.

Chassay, Jean-François et Monique LaRue, «“La Main” de Montréal», Vice versa, 24, juin 1988, p. 24-25.

Chassay, Jean-François, «Montréal et les États-Unis : idéologie et interdiscursivité chez Jean Basile et Réjean Ducharme», Voix et images, 48 (16, 3), printemps 1991, p. 503-513. https://doi.org/10.7202/200925ar

Chassay, Jean-François, en collaboration avec Annick Andres et Louise Frappier, Bibliographie descriptive du roman montréalais, Montréal, Université de Montréal, Faculté des arts et des sciences, Département d’études françaises, Centre d’études québécoises, Groupe de recherche Montréal imaginaire, mai 1991, 230 p.

Chassay, Jean-François, «Entre la nature et le livre, la ville. Le paysage montréalais, à la lecture de quelques romans québécois francophones», International Journal of Canadian Studies/Revue internationale d’études canadiennes, 4, automne 1991, p. 111-125.

Chassay, Jean-François, «Un imaginaire amnésique», dans Montréal, l’oasis du nord, Paris, Autrement, «Série monde», 62, mai 1992, p. 167-171.

Chassay, Jean-François, «L’autre ville américaine. La présence américaine dans le roman montréalais (1945-1970)», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 279-322.

Chassay, Jean-François, «L’apache et le capitaliste. Le poète et ses textes dans les romans montréalais de Réjean Ducharme», dans Madeleine Frédéric (édit.), Actes du séminaire de Bruxelles (septembre-décembre 1991). Montréal, mégapole littéraire, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Centre d’études canadiennes, 1992, p. 99-116; repris, sous le titre «L’Apache et le capitaliste. De la télévision à la poésie. Le poète et ses textes dans les romans montréalais de Réjean Ducharme», dans l’Ambiguïté américaine. Le roman québécois face aux États-Unis, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1995, p. 109-126.

Chassay, Jean-François, «Destin littéraire de Montréal (le fil d’Ariane)», Écrits du Canada français, 76, 4e trimestre 1992, p. 15-37.

Chassay, Jean-François, «La contrainte américaine : Madeleine Monette et Monique LaRue», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, p. 219-229; repris, sous le titre «L’invention d’une ville (Des villes et des fantômes)», dans l’Ambiguïté américaine. Le roman québécois face aux États-Unis, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1995, p. 167-185.

Chassay, Jean-François, l’Ambiguïté américaine. Le roman québécois face aux États-Unis, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1995, 197 p.

Fredette, Nathalie, Montréal en prose. 1892-1992. Anthologie présentée par Nathalie Fredette, Montréal, l’Hexagone, coll. «Anthologies», 5, 1992, 507 p.

Harel, Simon, «Les marges de la ville : identité et cosmopolitisme dans le roman montréalais», dans Lire Montréal. Actes du Colloque tenu le 21 octobre 1988 à l’Université de Montréal, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1989, p. 21-36.

Harel, Simon, le Voleur de parcours. Identité et cosmopolitisme dans la littérature québécoise contemporaine, Longueuil, le Préambule, coll. «L’univers des discours», 1989, 309 p. Préface de René Major.

Harel, Simon, «L’identité montréalaise en exil. Le statut de l’écrivain multiculturel», dans Yannick Gasquy-Resch (édit.), Marseille-Montréal. Centres culturels cosmopolites, Paris, l’Harmattan, 1991, p. 135-149.

Harel, Simon, «La parole orpheline de l’écrivain migrant», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 373-418.

Harel, Simon, «Montréal : une “parole” abandonnée. Gérard Étienne et Régine Robin», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, p. 155-165.

Jubinville, Yves et Fabien Ménard, «Ville et littérature : bibliographie commentée», Paragraphes (Département d’études françaises, Université de Montréal), 7, 1992, 136 p.

LaRue, Monique, en collaboration avec Jean-François Chassay, Promenades littéraires dans Montréal, Montréal, Québec/Amérique, 1989, 274 p.

LaRue, Monique et Jean-François Chassay, «Espace urbain et espace littéraire», la Petite Revue de philosophie, 20, 11 : 1, automne 1989, p. 85-99; repris dans Friedhelm Lach et Hans-Herbert S. Räkel (édit.), Berlin à Montréal. Littérature et métropole, Montréal, VLB éditeur, 1991, p. 33-46.

Marcotte, Gilles, «J’arrive en ville», Vice versa, 24, juin 1988, p. 26-27; repris, sous le titre «J’arrive en ville…», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 17-22.

Marcotte, Gilles, «La littérature arrive à Montréal», dans Jean-Rémi Brault (édit.), Montréal au XIXe siècle. Des gens, des idées, des arts, une ville. Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal (Automne 1988), Montréal, Leméac, coll. «Ouvrages historiques», 1990, p. 211-220; repris, sous le titre «Quand la littérature arrivait à Montréal», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 83-93.

Marcotte, Gilles, «Montréal : désir d’une ville», dans Friedhelm Lach et Hans-Herbert S. Räkel (édit.), Berlin à Montréal. Littérature et métropole, Montréal, VLB éditeur, 1991, p. 23-32; repris, sous le titre «…mais Montréal existe-t-il ?», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 23-32.

Marcotte, Gilles, «Une ville appelée Rimbaud», Études françaises, 27, 1, printemps 1991, p. 49-61; repris, sous le titre «Rimbaud, lecteur de la ville», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 105-124. https://doi.org/10.7202/035835ar

Marcotte, Gilles, «Un flâneur, rue Notre-Dame», Études françaises, 27, 3, hiver 1992, p. 27-36; repris, sous le titre «Flâner rue Notre-Dame, en 1862», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 95-104. https://doi.org/10.7202/035855ar

Marcotte, Gilles, «Mystères de Montréal : la ville dans le roman populaire au XIXe siècle», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 97-148.

Marcotte, Gilles, «La tentation de la main», dans Madeleine Frédéric (édit.), Actes du séminaire de Bruxelles (septembre-décembre 1991). Montréal, mégapole littéraire, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Centre d’études canadiennes, 1992, p. 83-98; repris, sous le titre «Au centre, la main», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 47-64.

Marcotte, Gilles, «Montréal métonymique», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, p. 65-74; repris, sous le titre «Ville inachevée, ville moderne», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 33-45.

Marcotte, Gilles, «Ville, texte, sacré», dans Guy Lapointe (édit.), Société, culture et religion à Montréal : XIXe-XXe siècle, Montréal, VLB éditeur, coll. «Études québécoises», 1994, p. 257-273; repris, sous le titre «Que sont les cent clochers devenus ? Ville, texte, sacré», dans Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, p. 65-81.

Marcotte, Gilles, Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1997, 179 p.

Melançon, Benoît, «À la recherche du Montréal yiddish», Vice versa, 24, juin 1988, p. 12-13.

Melançon, Benoît, «Juifs et Montréalais», Spirale, 87, avril 1989, p. 3-4.

Melançon, Benoît, la Littérature montréalaise des communautés culturelles. Prolégomènes et bibliographie, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, mars 1990, 31 p. https://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/montrealaise/pub.communautes.html (HTML); https://doi.org/1866/12637 (PDF)

Melançon, Benoît, «La littérature montréalaise et les ghettos», Voix et images, 48 (16, 3), printemps 1991, p. 482-492. https://doi.org/1866/31985

Melançon, Benoît et Pierre Popovic, «Présentation», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, p. 9-12.

Michaud, Ginette, «Mille plateaux : topographie et typographie d’un quartier», dans Lire Montréal. Actes du Colloque tenu le 21 octobre 1988 à l’Université de Montréal, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1989, p. 38-71; repris dans Voix et images, 42 (14, 3), printemps 1989, p. 462-482. https://doi.org/10.7202/200800ar

Michaud, Ginette, «D’une ville l’autre», Spirale, 118, octobre 1992, p. 8.

Michaud, Ginette, «De la “Primitive Ville” à la Place Ville-Marie : lectures de quelques récits de fondation de Montréal», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 13-95.

Nepveu, Pierre, «Écritures migrantes», dans l’Écologie du réel. Mort et naissance de la littérature québécoise contemporaine. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1988, p. 197-210.

Nepveu, Pierre, «Montréal : vrai ou faux», dans Lire Montréal. Actes du Colloque tenu le 21 octobre 1988 à l’Université de Montréal, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1989, p. 5-19.

Nepveu, Pierre, «Qu’est-ce que la transculture ?», Paragraphes (Département d’études françaises, Université de Montréal), 2, 1989, p. 15-31.

Nepveu, Pierre, «Les Juifs à Montréal : le tiers inclus ?», dans Montréal : l’invention juive. Actes du Colloque tenu le 2 mars 1990 à l’Université de Montréal, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1991, p. 73-86.

Nepveu, Pierre, «Une ville en poésie. Montréal dans la poésie québécoise contemporaine», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 323-371.

Nepveu, Pierre, «Trouver son âme en Amérique», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, p. 115-125.

Nepveu, Pierre et Gilles Marcotte, «Introduction. Montréal, sa littérature», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 7-11.

Popovic, Pierre, De la ville à sa littérature. Préliminaires et bibliographie, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1988, 54 p.; une version abrégée de ce texte a paru sous le titre «De la ville à sa littérature» dans Études françaises, 24, 3, 1988, p. 109-121.

Popovic, Pierre, «Les villes de Tristan Corbière», Études françaises, 27, 3, hiver 1992, p. 37-50. https://doi.org/10.7202/035856ar

Popovic, Pierre, «Le mauvais flâneur, la gourgandine et le dilettante. Montréal dans la prose narrative aux abords du “grand tournant” de 1934-1936», dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (édit.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, p. 211-278.

Popovic, Pierre, «Un voleur d’étincelles dans la ville des pauvres», dans Madeleine Frédéric (édit.), Actes du séminaire de Bruxelles (septembre-décembre 1991). Montréal, mégapole littéraire, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Centre d’études canadiennes, 1992, p. 57-73.

Popovic, Pierre, «La rue fable», dans Gilbert David et Pierre Lavoie (édit.), le Monde de Michel Tremblay. Des Belles-Sœurs à Marcel poursuivi par les chiens, Montréal et Carnières, Cahiers de théâtre Jeu et Éditions Lansman, 1993, p. 275-288.

Popovic, Pierre, «Jehan Rictus et Jean Narrache : au nom des fils de Caïn»», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, p. 75-88.

Popovic, Pierre, «Le festivalesque (La ville dans le roman de Réjean Ducharme)», Tangence, 48, octobre 1995, p. 116-127. https://doi.org/10.7202/025866ar

Actes de colloques et ouvrages collectifs

Études françaises, 27, 3, hiver 1992, 127 p. : «Ville, texte, pensée : le XIXe siècle, de Montréal à Paris». Actes du Colloque du 15 mars 1991. Textes de Michel Biron, Jean Larose, Georges Leroux, Gilles Marcotte, Pierre Popovic, François Ricard et Ronald Sutherland. http://www.erudit.org/revue/etudfr/1991/v27/n3/index.html

Lire Montréal. Actes du Colloque tenu le 21 octobre 1988 à l’Université de Montréal, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1989, 138 p. Textes de François Bilodeau, Louise Dupré, Simon Harel, Ginette Michaud, Raymond Montpetit, Pierre Nepveu et Francine Noël.

Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides, 1992, 424 p. Textes de Michel Biron, Jean-François Chassay, Simon Harel, Gilles Marcotte, Ginette Michaud, Pierre Nepveu et Pierre Popovic, publiés sous la direction de Pierre Nepveu et Gilles Marcotte.

Montréal : l’invention juive. Actes du Colloque tenu le 2 mars 1990 à l’Université de Montréal, Montréal, Université de Montréal, Groupe de recherche Montréal imaginaire, 1991, 109 p. Textes de Robert Melançon, Pierre Nepveu, Régine Robin, Sherry Simon, David Solway et Esther Trépanier.

Montréal 1642-1992. Le grand passage, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Théorie et littérature», 1994, 229 p. Textes de Flavio Aguiar, Maria do Carmo Campos, Estela Cedola, Jean-François Chassay, Patrick Coleman, Michel Condé, Madeleine Frédéric, Simon Harel, Monique LaRue, Gilles Marcotte, Alain Médam, Pierre Nepveu, Pierre Popovic, Yannick Resch et Stéphane Vachon, publiés sous la direction de Benoît Melançon et Pierre Popovic.

Actes du séminaire de Bruxelles (septembre-décembre 1991). Montréal, mégapole littéraire, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Centre d’études canadiennes, 1992, 153 p. Textes de Michel Biron, Micheline Cambron, Jean-François Chassay, Jeanne Demers, Florence Fensie, Madeleine Frédéric, Gilles Marcotte et Pierre Popovic, publiés sous la direction de Madeleine Frédéric.

Propositions de moratoires du jeudi matin

Le mot nation sera rayé du vocabulaire politique québécois jusqu’à ce qu’on lui ait trouvé une définition (et une utilité).

Le mot subversif sera rayé du vocabulaire de la critique littéraire jusqu’à ce qu’on retire les Œuvres de Sade de la «Bibliothèque de la Pléiade».

Les mots patrimoine historique ne seront pas utilisés dans la même phrase que le mot crucifix, sauf exception : la phrase «Le crucifix ne doit pas être uniquement considéré comme un élément du patrimoine historique» est acceptable.

Le mot moderne sera rayé du vocabulaire de la critique littéraire (et des médias dits culturels) jusqu’à ce qu’on lui ait trouvé une définition (et une utilité).

Il ne sera plus question de condos urbains tant et aussi longtemps que la ville ne sera pas à la campagne.

P.-S. — L’Oreille tendue n’ayant pas peur de se répéter, elle a déjà proposé plusieurs moratoires : sur l’usage radiophonique de écoutez; sur les titres bifides contenant le mot modernité; sur le découpage en périodes des livres portant sur le hockey. Ses lecteurs ont été au moins aussi radicaux qu’elle.

Tout tout proche

L’Oreille tendue ne manque jamais une occasion de le dire : ses lecteurs ont l’oreille tendue.

L’un d’eux, lisant Pierre Foglia dans la Presse, remarque l’expression de proximité.

Il se passe quelque chose et je ne parle plus ici d’édition. Je parle d’un changement qui va pas mal plus loin que le bio. Un intérêt, les 10 000 exemplaires en témoignent, pour une agriculture différente, de proximité, notamment dans la grande couronne de Montréal, sur des petites surfaces, sans machinerie lourde, une autre idée d’envisager le territoire, même une autre façon de remuer le sol, en surface sans en bouleverser la structure chaque fois… (1er juin 2013).

Ce lecteur ne s’arrête pas en chemin et il multiplie les exemples :

De quoi s’occupent donc les municipalités ? De questions bien concrètes et terre-à-terre comme la circulation, le transport public, le déneigement, la cueillette des ordures, les services de proximité sportifs et culturels (la Presse, 28 mai 2013, p. A17).

Le maire «fait le trottoir» régulièrement et pratique une politique de proximité. Lui-même locataire — pas les moyens d’acheter dans son propre fief —, il vit sur le Plateau depuis une quinzaine d’années et y pédale dix mois par année (le Devoir, 3 mai 2013, p. B10).

Les deux équipes ont joué un hockey de proximité en 2e période, avec comme résultat que chacune marque une fois, de telle sorte que la situation au tableau principal ne change pas, les locaux gardant leur priorité de deux buts après 40 minutes de jeu (l’Avantage, 3 décembre 2010).

Bruno [Roy] s’est créé des parents après les avoir trouvés… une mère d’amour de proximité, un père qu’il a choisi et à partir duquel il a façonné son destin d’écrivain (le Devoir, 18 janvier 2010, p. A7).

Il serait également nécessaire de favoriser une médecine de proximité en offrant davantage de services à domicile (le Devoir, 5 novembre 2007, p. A3).

Le milieu est d’autant plus convivial que les aînés et les enfants ont le loisir de profiter des lieux et des rues sans limite et avec l’usage, un urbanisme de proximité s’installe pour assurer une meilleure sécurité (la Tribune, 26 septembre 2005, p. A10).

Tout cela est probant. Danger : cliché.

P.-S. — Ce n’est pas pour se vanter, mais l’Oreille avait déjà un exemple dans sa sébile : «Vers un terrorisme de proximité ?» (le Devoir, 25-26 mai 2013, p. B1). On n’est jamais mieux servi que par ses proches.

Langue de margarine

«La métropole,
grande capitale mondiale de la gastronomie»
(la Presse, 3 juillet 2004, p. A1).

On connaît, trop bien, la langue de bois. Définition du Petit Robert : «Péj. Langue de bois : langage figé de la propagande politique; par ext. façon de s’exprimer qui abonde en formules figées et en stéréotypes non compromettants (opposé à franc-parler). => novlangue» (édition numérique de 2010).

Elle a été accommodée à plusieurs sauces : langue de coton et langue de verveine, langue de plastique (Jacques Brault).

L’Oreille tendue propose de désigner la langue de certains chroniqueurs gastronomiques par l’expression langue de margarine. Cette langue est pétrie de lieux communs, de clichés, de tournures alambiquées.

Exemples

«L’assiette de quatre-quarts avec panais confit et glace au beurre noisette réussit mieux à relever le défi de la pertinence» (la Presse, 18 mai 2013, cahier Gourmand, p. 4).

En 2012, la critique gastronomique de la Presse — c’est la même que dans l’exemple précédent — a pris un lunch «urbain» sur terrasse «très urbaine». Était-ce en ville ? Oui : «On est en ville et on ne se le cache pas» (7 juillet 2012, cahier Maison, p. 13).

La Presse visite le restaurant Ridi. Que lui reproche-t-on ? Son «Ambiance bancale, degré “0”» (29 janvier 2011, cahier Gourmand, p. 6).

S’agissant d’un nouveau restaurant montréalais : «La déco rétro-saxonne, elle, rappelle le Sparrow ou encore le Liverpool House, dans le quartier Saint-Henri» (la Presse, 9 décembre 2010, cahier Affaires, p. 10). «Rétro-saxonne »? (Pour en savoir plus sur la cuisine servie au Lawrence, voir ici. C’est un bijou.)

Le Pullman est un bar à vin montréalais. Quelle «faune» y trouve-t-on ? «[De] façon générale, on y croise surtout des professionnels et autres adultes urbains à la recherche d’une atmosphère intelligente et de vins et de nourriture de qualité» (la Presse, 26 décembre 2009, cahier Gourmand, p. 5). Une «atmosphère intelligente» ? Comme un téléphone ?

À Québec, on peut fréquenter le Urba Resto Lounge. C’est, dit le Devoir du samedi 3 juillet 2009, «un restaurant résolument urbain, aux allures branchées et décontractées» (p. B7). Qu’y mange-t-on ? Une cuisine «dite urbaine d’inspiration internationale». Qu’y écoute-t-on ? De la musique «à saveur urbaine», voire «à saveur lounge et urbaine». Bien sûr.

Remarque

Le chroniqueur gastronomique adepte de la langue de margarine aime croquer à pleines dents dans le mot épicurien.

Il ne se privera pas non plus de l’expression «on est sur du» (lourd, léger, tannique, fruité…). (Merci à @SingeAlpha.)

 

[Complément du 17 août 2013]

Dans une chronique de la Presse, on parle de «boudin […] intègre» et d’un «bistro post-industriel éclectique» (17 août 2013, cahier Gourmand, p. 6).

 

[Complément du 30 septembre 2013]

Même journal, même chronique : des «légumes presque décadents», «avec une âme» (28 septembre 2013, cahier Gourmand, p. 7).

 

[Complément du 6 novembre 2013]

Encore et toujours : «Rien de gastronomique, rien de néo-créatif. Rien de post-moderne non plus» (la Presse, 2 novembre 2013, cahier Gourmand, p. 4).

 

[Complément du 19 novembre 2013]

Rebelote : «C’est un minuscule restaurant néo-rétro […]» (la Presse, 16 novembre 2013, cahier Gourmand, p. 4). C’est un vieux restaurant neuf ou un jeune restaurant vieux ?

 

[Complément du 24 octobre 2015]

Soit le paragraphe suivant, lu dans la Presse+ du jour :

C’est sympathique, chaleureux. La table déborde de créativité tout en restant impeccablement conviviale et accessible. Les produits goûtent la qualité. Et on y mange une cuisine réellement actuelle à base de légumes et encore de légumes, ingrédients non seulement sains et savoureux, mais intelligents en cette époque de dérives agro-alimentaires industrielles.

Récapitulons :

il est bon d’être, à la fois, créatif, convivial et accessible;

la qualité a un goût, et on se réjouit des produits qui l’ont;

il doit y avoir des cuisines faussement actuelles, puisque d’autres le sont réellement;

des ingrédients peuvent être sains, savoureux et intelligents (comme un téléphone ?).

Miam à la puissance quatre.

 

[Complément du 28 juin 2016]

L’Oreille tendue recense les perles de la #languedemargarine sur Twitter. Il lui arrive de ne pas les relever ici. Corrigeons la situation.

«Le lieu […] n’éblouit ni par son décor magique ni par son atmosphère urbaine moderne» (la Presse+, 22 février 2014). (Dommage.)

«De l’asiatique-funky trippant» (la Presse+, 29 mars 2014)

«L’esprit [du restaurant] est très scandinave, mais il manque les chandelles» (la Presse+, 11 mai 2014). (Dommage, de nouveau.)

«une cuisine ancrée résolument dans les traditions, mais impeccablement moderne» (la Presse, 23 août 2014) («Résolument», c’est toujours bien.)

«la cuisine, toujours ancrée dans des ingrédients d’ici, mais résolument française» (la Presse, 24 août 2014) (Bis.)

«Un peu bar, un peu restaurant, le Majestique profite d’un décor néo-kitsch» (la Presse+, 15 décembre 2014) («Néo», c’est toujours bien.)

«Dans ce type d’endroit urbain gentil de qualité […]» (la Presse+, 15 novembre 2014) (Virgules facultatives.)

2015 sera l’année «des plats intelligents et humbles, mais néanmoins goûteux» (la Presse+, 1er janvier 2015). («Intelligents» comme un téléphone ? Comme une ville ?)

Un restaurant au «concept chinois néo-rétro cool franchement original» (la Presse+, 28 mars 2015) («Franchement», en effet.)

«quelques touches de décoration aussi féminines que minimalistes et actuelles» (la Presse+, 4 avril 2015)

«merci de préciser la sorte de poisson pour nous éco-rassurer» (la Presse+, 24 mai 2015) (Éco-rassurer : verbe du premier groupe.)

«Une option de rechange un peu plus type, un peu théâtrale, aux bars sportifs traditionnels» (la Presse+, 13 juin 2015) («Type» ?)

«cuisine émotionnelle tous azimuts»; «tradition déconstruite et reconstruite pour être mieux savourée» (la Presse+, 18 juillet 2015)

C’est quoi le contraire de la «cuisine ethnique créative» (la Presse+, 18 juillet 2015) ?

«Rendre hommage au produit» (la Presse+, 12 septembre 2015)

«Les produits goûtent la qualité» (la Presse+, 24 octobre 2015). (Miam.)

«l’influence esthétique post-Donna Hay de Marilou Bourdon» (la Presse+, 21 novembre 2015) (Pas «pré-Donna Hay».)

«Imaginez : une glace au concombre sur chinchard, ponctuée d’oxalis…» (la Presse+, 26 décembre 2015) (Oui, «imaginez».)

«appareil chocolaté»; «une pointe de bourbon qui vient structurer un peu tout ce sucre» (la Presse+, 6 février 2016)

«une jolie touche moderne acidulée» (la Presse+, 13 février 2016) («Moderne» ?)

«Oubliez la poutine rénovée. Pensez salicorne, couteaux de mer…» (la Presse+, 2 avril 2016) (Oui, «oubliez».)

«quelques plats pourraient être précisés, allégés, édités» (la Presse+, 9 avril 2016) («Édités» ?)

Ah ! «les efforts de l’échalote vinaigrée» ! La caille «sympathique et joliment rôtie» ! (la Presse+, 16 avril 2016) (On espère que ces «efforts» ont été récompensés.)

«Il y a moyen d’être heureux en mangeant de la salade» (la Presse+, 7 mai 2016). (C’est dit.)

La chef a osé «avec succès la créativité risquée du modernisme en cuisine» (la Presse+, 7 mai 2016). (Pas n’importe quelle «créativité».)

«On a […] installé des éléments de décoration un peu maritimes» (la Presse+, 25 juin 2016). («Un peu» maritimes ?)

«le fruit de mer y semble un peu maladroit» (la Presse+, 25 juin 2016). («Un peu» maladroit ? Un «fruit de mer» ?)

 

[Complément du 18 août 2018]

Récolte du jour…

Le lieu a «un air canadien à la scandinave raffiné, mais chaleureux et cool» (la Presse+, 22 avril 2017). (Ce «mais»…)

«de façon générale, les plats sont heureux en bouche» (la Presse+, 8 juillet 2017). (Heureux plats !)

On vous recommande un resto à la «modernité savoureuse, sans autre prétention» (la Presse+, 9 septembre 2017). (Comment résister ?)

«Les plafonds ne sont pas vertigineux, mais la déco est chaleureuse» (la Presse+, 8 octobre 2017). (Ce «mais», bis.)

«On aime particulièrement les cannoli […] qui s’effritent bien sous la dent, supportés dans leur démarche de régaler par la crémeuse garniture» (la Presse+, 24 mars 2018). (Supportés dans leur démarche de régaler…)

«C’est une équipe de plusieurs personnes» (la Presse+, 9 juin 2018). (Incontestable : une équipe d’une seule personne, c’est rare.)

«La terrasse isolée de ce bras perdu de l’avenue du Parc, près de Saint-Zotique, est idéale pour un apéro urbain nostalgique de voyages en Italie» (la Presse+, 4 août 2018). (Montréal est une ville.)

«le jambon ibérique considéré comme de qualité supérieure, laissé en liberté pour qu’il se nourrisse de glands et d’autres aliments sauvages» (la Presse+, 18 août 2018). (Ah ! Le jambon en liberté !)