«Jean-Rémy n’en demandait pas tant, il prend peur, ses cliques et ses claques, et disparaît.»
lesmarges.net. Jours ouvrables, XCVII, 10 octobre 2011
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Jean-Rémy n’en demandait pas tant, il prend peur, ses cliques et ses claques, et disparaît.»
lesmarges.net. Jours ouvrables, XCVII, 10 octobre 2011
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Les Québécois aiment chanter et sacrer, voire chanter en sacrant et sacrer en chantant. Cela n’a pas échappé aux non-autochtones. Démonstration.
Câlisse / câlisser / câline : Plume Latraverse, «Chez Dieu» (1970); Offenbach, «Câline de blues» (1972); Arseniq33, «Boîte à malle» (2005)
Calvaire : Offenbach, «Moody calvaire moody» (1972); La chicane, «Calvaire» (1998)
Crisse / crisser : Robert Charlebois, «Engagement» (1968); Robert Charlebois, «Lindbergh» (1968); Les trois accords, «Saskatchewan» (2003); Vincent Vallières, «1986» (2003); Les Dales Hawerchuk, «Dale Hawerchuk» (2005)
Ostie : Les Dales Hawerchuk, «Dale Hawerchuk» (2005); Gaële, «L’accent d’icitte» (2010)
Sacrament : Robert Charlebois, «Engagement» (1968)
Tabarnak / tabernacle / tabarnan : Offenbach, «Solange tabarnac» (1973); Lynda Lemay, «Les maudits Français» (2000); Java, «Mots dits français» (2009); Gaële, «L’accent d’icitte» (2010); Alecka, «Choukran» (2011)
La liste de ces chansons-jurons n’est évidemment pas exhaustive. Lecteur, des suggestions ?
[Complément du 30 mars 2012]
Lisa LeBlanc, «Câlisse-moi là», 2012
Marc Hamilton, «Tapis magique», 1972 : «C’t’une gang de sacraments !», s’agissant de la police (merci à @_scorm)
[Complément du 9 juillet 2013]
Jean-Pierre Ferland, «Pissou», 1992 : «Câlice de calvaire, on prend nos grands airs.
[Complément du 15 avril 2014]
Laurent Paquin a voulu simplifier la tâche à tout le monde : une seule chanson, beaucoup de sacres. (Merci à @offqc, qui donne le texte de la chanson.)
Étrange titre, à plusieurs titres, que celui-ci, tiré du Devoir : «La société québécoise et occidentale vit une phase creuse» (5-6 novembre 2011, p. G4).
La société québécoise n’est-elle pas nécessairement occidentale ? «Québécoise et occidentale» n’est-il pas pléonastique ?
Le Devoir ne dit pas «québécoise occidentale»; il dit «québécoise et occidentale». Pourquoi ce «et» ? Y a-t-il une société québécoise non occidentale ?
Faut-il plutôt lire, elliptiquement, que La société québécoise et la société occidentale vivent une phase creuse ? Si oui, autre problème, et retour à la case départ : en quoi la société québécoise serait-elle différente de la société occidentale ?
Peut-être, pour comprendre, aurait-il fallu lire l’article. Son titre n’y invitait pas. L’Oreille tendue, elle, a passé son chemin.
Il y a les jurons qui donnent des verbes : tabarnak enfante tabarnaker. Il y a ceux à qui nous devons des adverbes : de crisse naît crissement. Il y a encore ceux qui se démultiplient : décâlisser donne de l’expansion à câlisse.
Et il y a le pauvre sacrament. Ce sacrement acclimaté est une interjection (Sacrament !), il indique le courroux (Mon sacrament ! ou Être en sacrament), il a besoin de de (Un sacrament de niochon) ou de que (Sacrament que t’es moron). Ni verbe, ni adverbe, ni préfixe pour lui.
Il a pourtant ses lettres de noblesse. Qu’on pense seulement au légendaire «Sacrament, Ginette» du joueur de hockey Pierre Lambert dans la première des innombrables incarnations de la série télévisée Lance et compte de Réjean Tremblay. Ici même, on a donné des exemples de son utilisation chez William S. Messier et chez François Blais. Robert Charlebois le chante dans «Engagement» (1968). Il se trouve évidemment dans la bouche des personnages de Sauce brune (2010) de Simon Boudreault.
Cela ne suffit pas à rompre la solitude morphologique de sacrament. Sur ce plan, il est aussi mal loti que calvaire.
P.-S. — Ephrem Desjardins (p. 128) le note : le mot existe en version euphémisée (sacramouille) et en version combinée (saint-sacrament).
[Complément du 29 novembre 2011]
Un lecteur du Devoir en a ce matin contre la Société des alcools du Québec (SAQ). Son juron ? «SAQrament !» (p. A6).
Référence
Desjardins, Ephrem, Petit lexique de mots québécois à l’usage des Français (et autres francophones d’Europe) en vacances au Québec, Montréal, Éditions Vox Populi internationales, 2002, 155 p.
Le Devoir des 19-20 novembre 2011 avait un cahier «Habitation».
Publicité en page 3 : «Demeures urbaines sur Saint-Jacques.»
Sous-titre en page 5 : «On a prévu des chalets urbains […].»
Publicité en page 9 : «Les seules maisons de ville authentiques dans le quartier.»
Il est bon de se faire rappeler que la ville n’est plus à la campagne.
[Complément du 23 novembre 2011]
Le phénomène est-il uniquement montréalais, comme dans les exemples ci-dessus ? Que nenni.
Quelques heures après avoir mis son billet en ligne, l’Oreille tendue lit son Devoir. En première page : «Laval prépare un téléphérique urbain» (23 novembre 2011).
N’en doutons plus (si nous en avons déjà douté) : Laval est une ville.