Tous à vos planches

L’Oreille tendue ne se le serait jamais pardonné : elle aurait pu rater la Journée internationale du planking. (C’est aujourd’hui.)

Explication de cette «nouvelle (et totalement absurde) mode», importée d’Australie, dans le quotidien la Presse du 24 mai 2011 (cahier Vivre, p 8) :

Comment pratiquer le planking ? Rien de plus simple : il suffit de s’allonger face au sol, droit comme un piquet, avec les orteils pointés et les bras de long du corps. Le visage du «plancheur» doit rester de marbre.

Cette activité «gratuite, parfaitement inutile et totalement étrange» ferait un malheur sur Facebook.

On en jugera par soi-même : on consultera le site Planking AustraliaShowcasing Our Planking Achievements») ou on répondra à l’invitation à plancher de la Presse, aujourd’hui, midi, sur la place des Festivals, à Montréal, rue Jeanne-Mance, entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve.

On n’arrête pas le progrès.

Comparaison sportive du jour

Le New York Times du 22 mai 2011 consacre un long article (cahier Sports Sunday, p. 1 et 6-7) à Lionel Messi, l’Argentin qui porte le numéro 10 de Barcelone. (C’est du foot.)

Description d’une des phases du premier de ses deux buts lors du match opposant son équipe au Real Madrid le 27 avril dernier : «Madrid’s defense engulfed him like white blood cells trying to fight off infection» (p. 6).

Messi réussira à se défaire des globules blancs (défensifs) qui l’enserrent. Bon sang ne saurait mentir.

Oui 002

Patrick Roy, la Ballade de Nicolas Jones, 2010, couverture

S’il y a mettez-en, c’est qu’il y a mets-en.

Soit la phrase suivante, tirée du journal la Presse : «Blues Gitan ? Mets-en !» (12 décembre 2003, cahier Arts et spectacles, p. 10). Traduction : oui, en plus fort.

Le même mets-en se trouve chez des écrivains contemporains.

Voir le Dégoût du bonheur (2001) de Mélika Abdelmoumen :

— Je sais. Je raisonne comme une comptable. C’est terrible.
— Mets-en ! (p. 170)

Voir aussi, plus récemment, la Ballade de Nicolas Jones (2010) de Patrick Roy :

«Mets-en», dit-il en souriant, puis il verrouille doucement (p. 87).

Avant eux, dès 1990, Réjean Ducharme, ce romancier à l’oreille si fine, connaissait-il déjà l’expression ? Il écrit :

Tout plein tout plein ? Mets-en mets-en !… (p. 87)

Ce ne serait pas étonnant. Voilà pourquoi, entre autres raisons, il faut périodiquement rouvrir les livres de Ducharme.

P.-S.—Pourquoi ce titre («Oui 002») ? C’est qu’il y eut, il y a jadis naguère, un Oui 001.

 

Références

Abdelmoumen, Mélika, le Dégoût du bonheur, Montréal, Point de fuite, 2001, 174 p.

Ducharme, Réjean, Dévadé. Roman, Paris et Montréal, Gallimard et Lacombe, 1990, 257 p.

Roy, Patrick, la Ballade de Nicolas Jones. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 01, 2010, 220 p.

Chroniques du bilinguisme non hexagonal 004

Il y a quelques jours, l’Oreille tendue se demandait si Ottawa était une capitale ou pas. Une chose est sûre : s’il y avait un concours pour désigner la capitale du bilinguisme inégalement maîtrisé, cette ville ontarienne serait sur les rangs.

Un exemple, parmi tant d’autres, fourni par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, qui y est logé.

Annonce du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, 2011

Pareil emploi de l’infinitif est un signe qui ne ment pas : conjuguer, c’est trop dur.