L’oreille tendue de… Pierre Landry

Pierre Doc Landry, Plume, Pierrot et moi. La véritable histoire de la Sainte-Trinité, 2025, couverture

«Début trentaine, de belle apparence, manifestement sûr de lui, l’homme parlait haut et fort si bien que malgré la meilleure volonté du monde, il e[û]t fallu être sourd pour ne rien capter de l’entretien. D’abord un brin offusqué par cette intrusion et ce sans-gêne, je tendis cependant une oreille de plus en plus attentive au fur et à mesure que me parvenaient des bribes de l’échange.»

Pierre Doc Landry, Plume, Pierrot et moi. La véritable histoire de la Sainte-Trinité, Québec, Septentrion, 2025, 258 p., p. 21-22.

 

P.-S.—Oui, bien sûr, il s’agit du même Landry que celui-ci.

Autopromotion 846

«Architecture et parties qui en dépendent. Maçonnerie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche IX

La 667e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 77 800 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Architecture et parties qui en dépendent. Maçonnerie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche IX

Curiosité voltairienne (et virginale)

Yan Hamel, Paris en miettes, 2023, couverture

«ou
n’es-tu pas
plutôt
une page blanche
quelques arpents de neige
virginale
tombée d’hier»

Yan Hamel, Paris en miettes, Montréal, Boréal, coll. «Liberté grande», 2023, 205 p., p. 155-156.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 15 février 2023.

N’exagérons rien

Dans le français populaire du Québec, on trouve des conseils. «Pousse, mais pousse égal», par exemple, suppose une forme d’exagération, mais limitée : «Mets-en, mais pas trop.»

Cela peut même s’appliquer dans le domaine agricole. Des exemples ?

«Pousse mais pousse local», suggère W communication pour l’Union des producteurs agricoles du Québec.

«Pousse mais pousse local. -Réalisé au Québec pour l'Union des Producteurs Agricoles», t-shirtr

«Pouce vert mais pousse égal», chante Québec Redneck Bluegrass Project (p. 67).

Vive la culture !

P.-S.—Les cinéphiles, façon de parler, se souviendront du film Pousse mais pousse égal (1975), de Denis Héroux.

 

Référence

Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, Spectacles Bonzaï et Québec Redneck Bluegrass Project, 2020, 239 p. Ill. Avec un cédérom audio.

Éloge de la lecture

Cendrars, Bourlinguer, éd. de 1966, couverture

«depuis ma plus tendre enfance, depuis que maman m’a appris à lire, j’avais besoin de ma drogue, de ma dose dans les vingt-quatre heures, n’importe quoi, pourvu que cela soit de l’imprimé ! C’est ce que j’appelle être un inguérissable lecteur de livres; mais il y en a d’autres, d’un tout autre type, la variété en est infinie, car les ravages dus à la fièvre des livres dans la société contemporaine tient du prodige et de la calamité et ce que j’admire le plus chez les lecteurs assidus, ce n’est pas leur science ni leur constance, leur longue patience ni les privations qu’ils s’imposent, mais leur faculté d’illusion, et qu’ils ont tous en commun, et qui les marque comme d’un signe distinctif (dirai-je d’une flétrissure ?), qu’il s’agisse d’un savant érudit spécialisé dans une question hors série et qui coupe les cheveux en quatre, ou d’une midinette sentimentale dont le cœur ne s’arrête pas de battre à chaque nouveau fascicule des interminables romans d’amour à quatre sous qu’on ne cesse de lancer sur le marché, comme si la Terre qui tourne n’était qu’une rotative de presse à imprimer.

Un des grands charmes de voyager ce n’est pas tant de se déplacer dans l’espace que de se dépayser dans le temps, de se trouver, par exemple, au hasard d’un incident de route en panne chez les cannibales ou au détour d’une piste dans le désert en rade en plein Moyen Âge. Je crois qu’il en va de même pour la lecture, sauf qu’elle est à la disposition de tous, sans dangers physiques immédiats, à la portée d’un valétudinaire et qu’à sa trajectoire encore plus étendue dans le passé et dans l’avenir que le voyage s’ajoute le don incroyable qu’elle a de vous faire pénétrer sans grand effort dans la peau d’un personnage. Mais c’est cette vertu justement qui fausse si facilement la démarche d’un esprit, induit le lecteur invétéré en erreur, le trompe sur lui-même, lui fait perdre pied et lui donne, quand il revient à soi parmi ses semblables, cet air égaré, à quoi se reconnaissent les esclaves d’une passion et les prisonniers évadés : ils n’arrivent plus à s’adapter et la vie libre leur parait une chose étrangère.»

Blaise Cendrars, Bourlinguer, Paris, Denoël, coll. «Le livre de poche», 437-438, 1966, 440 p., p. 421-422. Édition originale : 1948.

P.-S.—La réflexion de Cendrars sur la lecture couvre près de vingt pages de l’édition de 1966 (p. 419-438).