Autopromotion 274

Dossier «André Belleau» de Voix et images, couvertureEn septembre 2015, l’Université du Québec à Montréal accueillait le colloque «André Belleau et le multiple». Ses Actes ont été rassemblés dans deux livraisons de la revue Voix et images. La première vient de sortir des presses : «André Belleau I : relire l’essayiste» (Voix et images, numéro 124, automne 2016, p. 9-93; ISBN : 0318-9201). L’Oreille tendue, qui est une fan de Belleau, y signe un texte sur ses «Cahiers de lecture» inédits.

Table des matières du dossier

Bélanger, David, Jean-François Chassay et Michel Lacroix, «André Belleau : relire l’essayiste», p. 11-17. https://doi.org/10.7202/1038583ar

Boisvert-Dufresne, Élise, «Qui a peur d’être désuet et quétaine ?», p. 19-29. https://doi.org/10.7202/1038584ar

Riendeau, Pascal, «“Un essaim d’idées-mots.” André Belleau et la pensée de l’essai», p. 31-41. https://doi.org/10.7202/1038585ar

Rondeau, Frédéric, «Petite philosophie d’André Belleau», p. 43-51. https://doi.org/10.7202/1038586ar

Chabot, Julien-Bernard, «L’essayiste “fictif”. Autoportrait d’André Belleau en silène à lunettes», p. 53-65. https://doi.org/10.7202/1038587ar

Biron, Michel, «“Chez nous, c’est la culture qui est obscène”», p. 67-75. https://doi.org/10.7202/1038588ar

Popovic, Pierre, «Le théorique, la politique, Bakhtine et la sociocritique. Relire Belleau», p. 77-85. https://doi.org/10.7202/1038589ar

Melançon, Benoît, «Les “Cahiers de lecture” (1963-1986). André Belleau inédit», p. 87-93. https://doi.org/10.7202/1038590ar

 

[Complément du 22 avril 2017]

Le second volume des Actes vient de paraître. Sa table des matières est ici.

Tic cinématojournalistique

Denys Arcand, le Confort et l’indifférence, film, 1981, affiche

Soit la phrase suivante, tirée d’un texte récent d’Yvon Rivard :

«J’espère que le pipeline Énergie Est — qui vise à blanchir le sable sale en l’exportant — ou que l’incroyable loi 106 sur la politique énergétique — qui traduit concrètement le déracinement politique du peuple — vont réveiller tous ceux que le confort a endormis dans l’indifférence sociale et spirituelle ou qui croient qu’il suffit de vouloir un pays et de définir ses valeurs pour échapper à la mondialisation de l’insignifiance.»

Soit celles-ci, dans le Devoir :

«Pourtant, il manque parfois un peu d’air de l’extérieur. Les motifs des uns et des autres, ce qui les amène à quitter leur emploi (le cas de Marcel Chaput, fonctionnaire fédéral, est bien connu), la sécurité et, tant qu’à y être, le confort et l’indifférence, comment s’expliquent-ils ?» (9-10 mai 2015, p. F4)

«À la fin, on reste avec l’impression que, épousant de trop près la logique de son sujet, Dimanche napalm nous rejoue la chanson du confort et de l’indifférence sans allumer de nouveaux feux» (15 novembre 2016, p. B7).

Soit les titres de presse suivants :

«L’inconfort de la différence», le Devoir, 16 novembre 2016, p. B9.

«L’inconfort et l’indifférence», la Presse+, 20 mars 2016.

«Le confort et la différence. La nouvelle pièce de Steve Gagnon dénonce cette “vie préfabriquée” imposée socialement», le Devoir 5-6 mars 2016, p. E3.

La conjonction, donc, des mots (in)confort et (in)différence. Pour quelqu’un d’étranger au Québec, sa fréquence pourrait étonner. Le mystère s’éclaircit facilement : en 1981, Denys Arcand tournait un film intitulé le Confort et l’indifférence.

Comme la paire hiver / force, (in)confort / (in)différence est un des lieux communs de la titrologie de souche.

 

[Complément du 3 juillet 2019]

En titre ?

«Le confort et l’indifférence» (le Devoir, 3 juillet 2019, p. A7).

«Au sud du confort et de l’indifférence» (la Presse+, 4 mars 2017).

«Le confort et l’indifférence» (le Code Québec, 2016, p. 95).

Dans le corps du texte ?

«“Nous n’avons jamais été aussi libres”, constate [Bernard] Émond, mais nous gaspillons cette liberté dans le confort et l’indifférence» (le Devoir, 21-22 janvier 2017, p. F6).

«Mais c’est un cercle vicieux, bien sûr. Plus nous nous engourdissons dans le confort et l’indifférence, plus ces plaisirs prennent la place des choses qui pourraient nous offrir un contentement véritable, et moins justement nous sommes satisfaits de notre existence. Alors nous retombons dans les obsessions, les addictions et la perte de sens généralisée» (Nouveau projet, 13, printemps-été 2018, p. 20).

«L’exploit sportif fait rêver. Il renvoie à l’amateur de sport, affalé dans le confort et l’indifférence de son sofa, une version sublimée de lui-même» (Dans mon livre à moi, p. 9).

«Les élèves de collèges qui ont réveillé la belle province endormie dans son “confort” et son “indifférence” forment les premières cohortes qui ont vécu la tant décriée réforme de l’éducation québécoise. La grève étudiante montre à quel point ces élèves ont intégré les fameuses compétences transversales : exploiter l’information; résoudre des problèmes; exercer son jugement critique; mettre en œuvre sa pensée créatrice; se donner des méthodes de travail efficaces; exploiter les technologies de l’information et de la communication; actualiser son potentiel; coopérer; communiquer de façon appropriée» (Martin Lépine, dans Carré rouge, p. 66).

Le temps serait-il venu d’envisager un (autre) moratoire ?

 

[Complément du 4 juillet 2019]

Ceci, dans la Presse+ du jour. Décidément…

«Le confort et l’indifférence», la Presse+, 4 juillet 2019

 

Références

Léger, Jean-Marc, Jacques Nantel et Pierre Duhamel, le Code Québec. Les sept différences qui font de nous un peuple unique au monde, Montréal, Éditions de L’Homme, 2016, 237 p. Ill.

Nadeau, Jacques, Carré rouge. Le ras-le-bol du Québec en 153 photos, Montréal, Fides, 2012, 175 p. Ill. Note de l’éditeur par Marie-Andrée Lamontagne. Préface de Jacques Parizeau. Postface de Marc-Yvan Poitras.

Niquet, Olivier, Dans mon livre à moi, Montréal, Duchesne et du Rêve, 2017, 295 p. Ill. Mot de l’éditeur (Patrice Duchesne). Préface de Jean-René Dufort.

Rivard, Yvon, «Le péril qui sauve», Nouveau projet, numéro hors série «RétroProjecteur 2016-2017», 2016, p. 19.

Les zeugmes du dimanche matin et de Georges Perec

Georges Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, édition de 1982, couverture

«Que (de plus) les médecins militaires n’auraient besoin que d’un seul coup d’œil négligemment lancé sur la prétendue contusion pour deviner jusque dans ses moindres détails le stupide complot qui l’avait perpétrée et que, par suite, partirait nonobstant le nommé Karapete, avec son bras dans le plâtre et soixante jours de cachot en guise de prime et que nous, ses malheureux complices, on aurait les gendarmes à nos trousses jusqu’à la onzième génération» (p. 53).

«L’apparaissait donc qu’au petit matin dudit jour, le Karazozo, qu’effrayait peut-être la perspective de s’envoyer au tapis sans savoir ce qui se passerait ensuite, avait décidé dans sa petite tête qu’au lieu de s’aller coucher stricto sensu, il irait chasser les vapeurs alcooliques et les papillons de nuit en faisant quelque footing dans le bois tout proche» (p. 101).

P.-S. — Karapete et Karazozo ne font, bien sûr, qu’un.

Georges Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1413, 1982, 118 p. Édition originale : 1966.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Chronique pédagogique du samedi après-midi

L’Oreille tendue étant professeure d’université, il lui arrive d’enseigner. À une époque, et pendant plusieurs années, ce fut souvent à des étudiants de première année (il en est question ici). Plus tard, et pendant plusieurs années, ce fut à tous les nouveaux doctorants de son département (Littératures de langue française).

Dans l’enseignement donné à ces doctorants, il était continuellement question de numérique, sous toutes sortes de formes. Cela lui est revenu à l’esprit tout à l’heure à la lecture de deux tweets d’Olivier Ritz :

Sur ces questions, l’Oreille a ses petites idées (et foucades). Elle les a souvent transmises à ses étudiants de doctorat, mais après avoir entendu ceux-ci. Explication.

À la deuxième séance du cours, les étudiants étaient tenus de présenter oralement leur environnement de travail (ordinateur, tablette), leur système d’exploitation et, surtout, leurs outils. La forme de cette présentation était libre. Il n’y avait que deux contraintes : la brièveté et la lecture d’un texte de François Bon, «et vous, votre Mac, il carbure à quoi ?», et des commentaires qui le suivent (cela donnait une assez bonne idée de la nature de ce qui était attendu).

L’exercice, du moins pour la professeure, marchait fort bien : tout le monde avait quelque chose à dire, les questions étaient nombreuses, de même que les comparaisons (pourquoi ceci au lieu de cela ?). Elle insistait sur l’absolue nécessité des logiciels de gestion bibliographique et des copies de sauvegarde; les étudiants répondaient Scrivener, LaTeX, Crisco, Diigo, Prezi, MindNote, MindMapper — outils dont l’Oreille n’aurait pas spontanément parlé. C’est également dans le cadre de ce travail collectif qu’elle a découvert que certains étudiants ont besoin, pour écrire, de logiciels qui les empêchent d’avoir accès à Internet (SelfControl) ou d’outils pour les obliger à pondre du texte (WriteOrDie).

Après la séance, la discussion pouvait continuer sur le blogue (privé, sous WordPress) du séminaire.

Si elle redonne un enseignement de cette nature, l’Oreille reprendra l’expérience : c’est utile et fascinant.