De l’article À un moment donné
De l’article Booya
De l’article Fréquent(e)
De l’article Gougoune
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
En -less
«Pat Lagacé fait sa sortie de placard d’homme-à-rien-faire. Je signe où ? On pourrait s’appeler les #CLOULESS» (@Patrickdery). Clueless avec un clou, bref.
En -ion
«La pharmaceuticalisation de la société ? Selon quels processus et dans quelles limites» (@_Acfas). Une définition ? Par ici.
En -eur
«Bon, Jean-Jacques Samson parle des “environnementeurs” ce matin. Le lexique des radios d’opinion ruisselle» (@oniquet).
En -isme
«Comment consacrer ses vacances au “volontourisme”» (la Presse, 4 janvier 2013, cahier Voyage, p. 10). Le volontourisme est une forme de bénévolat en aide internationale. Sa construction est calquée sur celle, en anglais, de voluntourism : volunteer + tourism.
En -ing
«Notre photographe @olijean a créé tout un buzz avec le #coderring !» (@VincentLarouche)
En -iel
«Vous voulez vos données ? Pas de problème ! Ce sera 300 $. @BendaGeek nous parle du rançongiciel Crypto Locker» (@BranchezVous).
En -eur
«Un nouveau portrait de généablogueur dans la boîte. @GallicaBnF est vraiment le site préféré des généalogistes ^_^» (@gazetteancetres).
En -ment
«Je vous demande de boycotter Total qui, dans sa pub pour promouvoir Total Wash, utilise sans honte l’expression “Washement bien”» (@fieldelanation).
En -om
Clom : cours en ligne ouvert et massif. Équivalent français de mooc (Massive open online course).
En -ité
«Pourquoi se préoccuper de découvertibilité ?» (@De_Marque)
L’Oreille tendue, il y a bientôt deux ans, présentait une conférence à l’Université d’Ottawa. Son titre : «Flambeau, fantômes du Forum, famille : les filiations des Flying Frenchmen». (Oui, c’est une allitération.)
Il y était question d’un certain nombre des lieux communs entourant la transmission culturelle des Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, notamment des fantômes qui aideraient l’équipe dans les moments les plus inattendus et du flambeau que ses joueurs se passent de génération en génération (voir ici et là).
Dans Alex et les fantômes (2009), le court métrage d’animation d’Éric Warin, il n’y a pas de flambeau, mais des Français volants, des fantômes et de la filiation, si.
Papi, le grand-père d’Alex, le «placier porte-bonheur» de l’ancien Forum de Montréal (où ont longtemps joué les Canadiens), est mort, mais son fantôme et ceux des grands joueurs de l’équipe (Howie Morenz, Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur) s’unissent pour lui offrir une soirée de rêve.
P.-P.-S.—L’Oreille ne s’y fera jamais : parmi les fantômes du Forum, il y a des morts (Morenz, Richard) et des vivants (Béliveau, Lafleur). Des fantômes de vivants ?
P.-P.-P.-S.—Si ses oreilles ne la trompent pas, elle entend, dans la bouche du père d’Alex (il s’agit de la voix du comédien Marc Messier), un «une nouvelle endroit» du plus mauvais effet.
P.-P.-P.-P.-S.—Les Canadiens de Montréal seraient bien malvenus de se plaindre de la publicité (gratuite ?) que leur fait ce court métrage. Le tricolore est dans chaque plan.
[Complément du 11 février 2022]
L’Oreille tendue, depuis, a publié un texte inspiré de sa conférence d’Ottawa :
Melançon, Benoît, «Le Forum de Montréal», dans Anne Caumartin, Julien Goyette, Karine Hébert et Martine-Emmanuelle Lapointe (édit.), Je me souviens, j’imagine. Essais historiques et littéraires sur la culture québécoise, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Champ libre», 2021, p. 97-105. https://doi.org/1866/28556
«Pourtant quelqu’un m’a dit
Que tu m’aimais encore»
(Carla Bruni, «Quelqu’un m’a dit»)
Le Parisien, 7 janvier 2014 : «Carla Bruni : concert annulé au Québec faute de fans.»
Le Journal de Montréal, 7 janvier 2014 : «Carla Bruni annule Québec et Gatineau.»
La Presse, 8 janvier 2014, cahier Arts, p. 2 : «Carla Bruni annule à Québec et à Gatineau.»
Le Nouvel Observateur, 8 janvier 2014 : «Carla Bruni fait un flop au Québec et annule ses concerts : doit-elle prendre sa retraite ?»
Le Devoir, 8 janvier 2014, p. B7 : «Carla Bruni allège sa tournée.»
L’Oreille tendue vient de prendre conscience du fait qu’elle n’a jamais proposé d’article développé sur le verbe zigonner (elle l’évoque cependant ici). Elle ne saurait se l’expliquer. Cela l’inquiète.
Remédions à cela.
Qui zigonne n’arrive pas (bien) à faire quelque chose, mais cela ne l’empêche pas d’essayer, parfois pendant longtemps. Zigonner ne marque jamais une économie de temps.
Le Petit Robert (édition numérique de 2014) classe zigonner dans la catégorie des régionalismes («Canada») et le considère comme «familier». Il en indique trois sens (dont le deuxième n’est jamais tombé dans l’oreille de l’Oreille) :
1. Faire des essais en divers sens, sans savoir s’y prendre.
2. Tenter de se frayer un passage, en se faufilant, en zigzaguant. Zigonner dans la foule.
3. Hésiter, tergiverser. «La plupart des gens zigonnent avant de reconnaître une contradiction» (M. Laberge).
Le verbe peut s’employer seul :
«— Que fait ton père dans la cuisine ?
— Il zigonne.»
On peut lui adjoindre des compléments d’objet directs.
Nicole, dans l’Hiver de force (1973) de Réjean Ducharme, n’est pas douée pour la conduite automobile : «elle zigonne les pédales, elle s’agite, elle s’énerve» (p. 136).
Souvent, il est suivi des préposition sur ou après.
Elle zigonne sur la zapette.
Il zigonne après le piton.
Il a donné naissance à un adjectif : zigonneux et à un substantif : zigonnage.
En 2008, des auditeurs de la radio de Radio-Canada avaient suggéré que ce québécisme soit ajouté au(x) dictionnaire(s). Ils avaient raison.
P.-S.—La Base de données lexicographiques panfrancophone le donne avec une seul n ou deux. Elle en recense plusieurs acceptions (caloriques, halieutiques, équestres, musicales) «vieillies». Zigonner pourrait même renvoyer à la connaissance dite biblique.
P.-P.-S.—Ni le Multidictionnaire de la langue français (2009, cinquième édition) de Marie-Éva de Villers, ni Usito, «Une description ouverte de la langue française qui reflète la réalité québécoise, canadienne et nord-américaine tout en créant des ponts avec le reste de la francophonie», ne connaissent ce mot.
[Complément du 8 janvier 2014]
La suite logicielle Antidote propose l’étymologie suivante :
Emprunt au poitevin ou saintongeais zigzounàe, «scier maladroitement»; de l’onomatopée zik-zak, «bruit du va-et-vient d’une scie».
Merci à @revi_redac pour cet ajout.
[Complément du 8 juillet 2017]
Dans le quotidien bruxellois le Soir d’hier, l’excellent Michel Francard consacre sa chronique à zigonner. C’est ici, sous le titre «Zigonner sur la zappette».
Référence
Ducharme, Réjean, l’Hiver de force. Récit, Paris, Gallimard, 1973, 282 p. Rééd. : Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1622, 1984, 273 p.