Il y a caler et caler

Lac Saint-Jean, 6 maI 2013

Chez l’homme, telle l’Oreille tendue, la perte du cheveu, si par extraordinaire elle survient, n’est pas immédiate mais progressive. Au Québec, le (déjà) (futur) chauve commence par caler. (On notera l’emploi absolu du verbe.)

Exemple : «Dans le miroir, l’image qu’on lui renvoyait était à des lieues de ce qu’il avait connu de lui jusqu’à présent, ses traits remontés, ses cernes atténués. En se touchant le front il n’avait plus l’impression de piétiner et de caler» (Malgré tout on rit à Saint-Henri, p. 22-23).

Il peut aussi arriver à un lac de caler. On comprendra qu’il ne s’agit pas alors d’un glissement vers la calvitie. Le lac qui cale, ou est calé, n’est plus couvert de glace (à au moins 70 %). Bref, le printemps est arrivé.

Exemple saguenéen : «RT @c_gregoire: Le Lac-Saint-Jean est officiellement “calé”. Eau claire à 70 %. #rcsag» (@Hortensia68, 6 mai 2013).

Exemple poétique : «immédiateté de la perception::ce rocher n’a pas bougé depuis dix mille ans::je m’agite autour::la glace calera dans un bruit de déchirure» (@mxcote).

On ne confondra pas les deux sens.

 

[Complément du 8 août 2017]

Le 29 juillet, l’excellent Michel Francard consacrait sa chronique du quotidien le Soir (Bruxelles) au français de l’Acadie. Il écrit :

Une autre caractéristique du français acadien est la conservation de mots et d’expressions issus du vocabulaire maritime des colons, avec un sémantisme plus large que dans l’acception originelle. Tel est le cas du verbe amarrer, généralement employé avec le sens technique «fixer avec des amarres», mais qui signifie en Acadie «lier, attacher». Ou du verbe caler, issu du nom cale «espace situé entre le pont et le fond d’un navire», qui a pour signification technique «s’enfoncer dans l’eau (pour un navire)», mais connu en Acadie avec le sens «s’enfoncer dans la neige, la boue».

Ce sens de caler est aussi courant au Québec.

 

Référence

Grenier, Daniel, Malgré tout on rit à Saint-Henri. Nouvelles, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 07, 2012, 253 p.

Dictionnaire des séries 08

La danse que l’on dit sociale unit ceux qui la pratiquent.

Ce n’est pas vrai au hockey. Ceux qui décident d’y valser ont choisi de se battre.

Exemple : «Le courage dont [Brandon Prust] a fait montre en allant valser avec Milan Lucic a énergisé son équipe» (la Presse, 4 mars 2013, cahier Sports, p. 4).

Cette danse-là défait les couples, dont elle chasse chacun des membres au cachot, voire au vestiaire.

On ne la confondra pas avec la grande danse printanière, ce bal de fin d’année que sont les séries éliminatoires.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Les néologismes techno du jour

Le progrès peut rendre malade : «Votre téléphone intelligent vous donne mal au cou ? Vous avez sans doute un textocoli» (@JeanSylvainDube). (L’Oreille tendue ne veut pas être inutilement chipoteuse, mais elle aurait préféré textocolis.)

Si vous souhaitez ne pas (trop) souffrir, adoptez l’attitude de @cathpep : «Je twitte en dilettante. Une vraie twilettante

Choisissez la collaboration : «1000 mercis à @AnneBaillot pour la tweetduction en temps réel ! #performance #dhcmb» (@piotrr70).

Acceptez que des choses, en bon suédois, soient «ogooglebar» («ingooglables»).

Bref, suivez Gilles Herman et vivez le «paléonumérique» (p. 41).

Par où commencer ?

Sur le Web, ce pourrait être par l’«égo-référencement» (Martin Dacos). Charité bien ordonnée commence par soi-même, non ?

Au bureau, vous pourriez travailler AVEC («apportez votre équipement personnel de communication»), la traduction de BYOD (bring your own device) proposée par la Commission générale de terminologie et de néologie française.

Ou sans. C’est possible aussi.

 

Références

Dacos, Martin, «Comment mieux faire connaître mes recherches ?», blogue blogo-numericus, 23 novembre 2009. http://bn.hypotheses.org/10288

Herman, Gilles, «Le livre à l’ère du numérique : accessibilité — liberté — universalité», Québec français, 168, hiver 2013, p. 39-41. https://id.erudit.org/iderudit/68658ac

Dictionnaire des séries 07

Où vont les joueurs punis pendant un match ? Pour les offenses les plus graves, ils retournent au vestiaire. Pour les péchés véniels, ils vont passer du temps au cachot. C’est plus impressionnant que simplement s’asseoir au banc des punitions.

Exemple : «St-Louis (accroché) et Desharnais (moutarde) sont punis en même temps. Onze pieds de hockey se retrouvent au cachot» (@MAGodin).

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)