L’oreille tendue de… Émile Zola

La Bête humaine, film de Jean Renoir, 1938, image de titre«Aussi, madame Lebleu avait-elle réveillé Lebleu, pour lui apprendre ce fait extraordinaire. La veille, ils ne s’étaient pas couchés avant l’arrivée de l’express de Paris, à onze heures cinq, brûlant de savoir ce qu’il advenait de l’histoire du sous-préfet. Mais ils n’avaient rien pu lire dans l’attitude des Roubaud, qui étaient revenus avec leur figure de tous les jours; et, vainement, jusqu’à minuit, ils avaient tendu l’oreille : aucun bruit ne sortait de chez leurs voisins, ceux-ci devaient s’être endormis tout de suite, d’un profond sommeil.»

Émile Zola, la Bête humaine, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, éditeurs, 1893, 415 p., p. 72.

L’oreille tendue de… Émile Zola

Émile Zola, l’Assommoir, éd. de 1969, couverture

«Il était effrayant, cet animal, à rire continuellement tout seul, comme si sa profession l’égayait. Même, quand il avait fini son sabbat et qu’il tombait sur le dos, il ronflait d’une façon extraordinaire, qui coupait la respiration à la blanchisseuse. Pendant des heures, elle tendait l’oreille, elle croyait que des enterrements défilaient chez le voisin.»

Émile Zola, l’Assommoir, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «G-F», 198, 1969, 445 p., p. 338-339. Chronologie et introduction par Jacques Dubois. Édition originale : 1876.

L’oreille tendue… d’Alexandre Dumas

Portrait d’Alexandre Dumas par Nadar

«Inondée de soleil, l’oreille tendue au bruit des carroses roulans, un peu rares il est vrai, mais enfin roulans sur le boulevard, [Oliva] demeura ainsi très heureuse pendant deux heures. Elle déjeûna même du chocolat que lui servit sa femme de chambre et lut une gazette avant d’avoir songé à regarder dans la rue.»

Alexandre Dumas, le Collier de la reine. Épisodes des Mémoires d’un médecin, dans Semaine littéraire du Courrier des États-Unis, [1849], 316 p., chapitre XXXII, p. 221.

 

Illustration : portrait d’Alexandre Dumas par Nadar, photo déposée sur Wikimedia Commons

Autopromotion 315

Lettres à Flaubert, 2017, couverture

Les Éditions Thierry Marchaisse publient la collection «Lettres à…»

Il fut un temps où les correspondances étaient le principal medium de l’actualité, des conflits intellectuels, du rapport à soi, à ses contemporains voire aux anciens. Les lettres alors se croisaient comme des épées, étaient lues en public, recopiées, circulaient de mains en mains. Aujourd’hui noyée dans le flux incessant de nos billets électroniques, cette forme brève, intime, adressée, n’a cependant rien perdu de sa force polémique ni de sa beauté littéraire. Cette collection voudrait lui redonner toute sa place dans les débats publics du XXIe siècle.

Vient d’y paraître ceci :

Yvan Leclerc (édit.), Lettres à Flaubert, Vincennes, Éditions Thierry Marchaisse, coll. «Lettres à…», 2017, 193 p. Ill. ISBN : 978-2-36280-183-9.

Au menu :

Jeanne Bem, Pierre Bergounioux, Belinda Cannone, Philippe Delerm, Benoît Dufau, Philippe Dufour, Joëlle Gardes, Sebastián García Barrera, Patrick Grainville, Yvan Leclerc, Philippe Le Guillou, Jean-Marc Lévy-Leblond, Benoît Melançon, Christine Montalbetti, Ramona Naddaff, François Priser, Daniel Sangsue, Michel Schneider, Posy Simmonds, Philippe Vilain, Vincent Vivès, Michel Winock, Fawzia Zouari, Anonyme.

Pour sa part, l’Oreille tendue a écrit à Flaubert pour lui poser deux questions. Que pense-t-il de l’œuvre de Jean Echenoz ? Ne le trouve-t-il pas un brin obsédé par la «fureur de la locomotion», par ces personnages qui tiennent à «faire catleya» en toutes sortes de lieux ? À chacun ses interrogations.

 

Références

Melançon, Benoît, «C’est le métier qui veut ça : quand on conduit un fiacre…», dans Yvan Leclerc (édit.), Lettres à Flaubert, Vincennes, Éditions Thierry Marchaisse, coll. «Lettres à…», 2017, p. 157-160. https://doi.org/1866/28759

Melançon, Benoît, «Faire catleya au XVIIIe siècle», Études françaises, 32, 2, automne 1996, p. 65-81. https://doi.org/1866/28660

Citation médicale du lundi matin

Arthur Buies, Réminiscences, 1892, couverture

«Y a-t-il seulement une personne dans ma paroisse qui sache que, sans moi, ce grand vieillard, au lieu d’être un cadavre, serait maintenant un squelette ? Je ne crois pas.»

Docteur C., «Comme dans la vie», la Patrie, «six décembre dernier», cité dans Arthur Buies, I. Réminiscences. II. Les jeunes barbares, Québec, Imprimerie de l’Électeur, s.d. [1892], 110 p., p. 94. [L’italique est probablement de Buies.]