Poésie(s) du jour

Antoine Brea, l’Enfer de Dante mis en vulgaire parlure, 2021, couverture

Il a décidé le Brea (Antoine),
De rendre du Dante en langue vulgaire,
Histoire de pas se poigner le moine

Entre siens deux travaux scripturaires.
Il a, croyez-le-me, mahous bossé,
Car l’adaptation, ça, oui, il sait faire.

Les langues françaises, il a dru rossées;
Du médiéval à notre bel âge,
Jamais n’hésite à les engrosser.

Qu’est-ce qui, de ce bonheur, surnage ?
Jactances en rap, en grivois argot,
Propos fort cryptés de quelque mage,

Des mots anglos, de dead et stop à go,
Du Froissart, Flaubert, Regnard et San-A
Des cavalcades à rendre dingo.

Puristes râleront; pas moi, fana.
Pour sûr, me suis toujours amusé.
Hou : il vous explosera, l’ananas.

Signé : L’Esgourde avide, liseur ravi

 

Référence

Brea, Antoine, l’Enfer de Dante mis en vulgaire parlure. Poème, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 160, 2021, 390 p.

Ne quittez (toujours) pas

Michael Bay, Transformers 2 : La Revanche, 2009, couverture

Recette : dans des décors transcontinentaux — de Shanghaï aux pyramides, en passant par Paris et New York —, chorégraphier maints combats de kung-fu entre robots extraterrestres appelés Decepticons (les méchants) et Autobots (les bons); saupoudrer de souvenirs de westerns et de films de guerre; évoquer, explicitement et implicitement, les attentats du 11 septembre 2001; déshabiller — mais pas trop — quelques jeunes personnes, dont les costumes seront inspirés de publicités de bière; mettre le volume sonore au maximum. Résultat ? Le film Transformers 2. La revanche de Michael Bay.

La version française fait se tendre l’oreille.

L’accent des acteurs qui doublent les voix est neutre, ni spécialement français, ni particulièrement québécois.

Le lexique, en revanche, n’hésite pas à avoir recours à quelques québécismes. Sam, le héros, a une «blonde», Mikaela. Celle-ci doit protéger son «chum» des avances d’Alice, qui invite Sam à «avoir du fun» avec elle. La même Mikaela se prend d’affection pour un Decepticon canin, car elle le trouve «cute». Sauf erreur, le mot «poutine» est même prononcé une fois.

Surtout, pendant une visite au Smithsonian National Air and Space Museum de Washington, un agent de sécurité exige d’un visiteur qu’il sorte du Musée. Que lui dit-il ? «Je vous demanderais de quitter.»

L’Oreille tendue se réjouissait, il y a peu, de compter quelques alliés dans sa lutte, perdue d’avance, contre l’emploi intransitif du verbe quitter. Si Hollywood s’en mêle, le combat devient par trop inégal.