Divergences transatlantiques 054

L’espion qui m’a larguée / dompée, affiches, 2018

The Spy Who Dumped Me (2018) est une comédie d’espionnage réalisée par Susanna Fogel. La version diffusée en France s’intitule L’espion qui m’a larguée. Au Québec, on a choisi le titre L’espion qui m’a dompée.

Deux questions simples. Quelqu’un pense-t-il vraiment que les Québécois francophones ne comprennent pas le verbe larguer et qu’il faut donc lui substituer une variante locale, d’un niveau plus populaire (domper, de l’anglais to dump) ? Fallait-il vraiment remplacer l’accroche «Elles vont gérer grave !» par un calque de l’anglais, «Elles sont en charge» ?

L’Oreille tendue préfère ne pas avoir de réponse à ces questions.

 

[Complément du 15 août 2018]

Dans un ordre d’idées proche, les éditions Tête[première] lancent ces jours-ci l’ouvrage collectif Larguer les amours. Domper les amours aurait moins bien sonné.

Créativité linguistico-commerciale

L’Assemblée nationale du Québec n’aime pas le «Bonjour / Hi», cette entrée en matière que l’on entend beaucoup dans les commerces montréalais. Les 29 et 30 novembre 2017, une motion proposée par le Parti québécois portait sur cette question.

Comment respecter le souhait de l’Assemblée nationale de ne pas utiliser cette formule et continuer à pratiquer le bilinguisme d’accueil commercial ?

Des sources conjugales proches de l’Oreille tendue lui font découvrir le «Hi / Bonjour». C’est la même chose, mais ce n’est pas pareil.

Divergences transatlantiques 053

Deux paires de chaussures suspendues, Montréal, 5 juin 2010

Certaines personnes — l’Oreille tendue n’en est pas — aimeraient courir, dit-on. Elles pratiquent la course, le jogging, le footing, voire — la création paraît récente — le running. Pour Wikipédia, cet «anglicisme» désigne «une pratique libre de la course à pied», inscrite «dans le culte de la performance : courir plus longtemps ou plus vite par exemple».

Dans un mois, Cécile Coulon fera ainsi paraître, chez François Bourin, un Petit éloge du running.

Au Québec, ce titre pourrait prêter à confusion : le running, ou running shoe, y est surtout la chaussure qui permet la course, non la course elle-même. Des exemples littéraires de cet emploi ? Voyez Attaquant de puissance, de Sylvain Hotte, qui utilise aussi bien, en italiques, runnings (p. 132, p. 152) que running shoes (p. 175). (On voit aussi espadrille, chaussure de sport, shoe-claques, sneakers, etc. Le site le Français de nos régions a consacré une étude à la répartition géographique de ces termes au Canada.)

Quoi qu’il en soit de l’éloge à paraître, tout ça est une affaire de pied(s).

 

Référence

Hotte, Sylvain, Attaquant de puissance, Montréal, Les Intouchables, coll. «Aréna», 2, 2010, 219 p.

L’Oreille tendue est jalouse de Léa Stréliski

Le douchebag, le douche pour les intimes, est un personnage (malheureusement) connu. Définition proposée par le dictionnaire numérique Merriam-Webster : «an obnoxious, offensive, or disgusting person». Rien là de flatteur : odieux, détestable, insupportable, infect, offensant, choquant, grossier, repoussant, dégoûtant, dégueulasse, répugnant — au choix, et entre autres synonymes.

(Le mot est passé dans l’usage en français au Québec. On s’en offusquera, ou pas.)

La soucheQuébécois de souche, Français de souche — n’est pas moins connue. (Voir ici, par exemple.)

Fusionner les deux ? Léa Stréliski l’a fait l’autre jour sur Twitter : souchebag.

L’Oreille tendue se mord les lobes de ne pas y avoir pensé la première.

P.-S.—Le mot souchebag existe en anglais, mais en un sens complètement différent.

 

[Complément du jour]

L’Oreille n’est pas avare en jalousie. Grâce à @oniquet, elle découvre que le mot n’est pas récent : il avait déjà cours en… 2012. (Voir ici, sur Facebook.) Il n’en est pas moins parfait.

 

[Complément du jour]

Image en prime, chez Charles-Alexandre Théorêt, sur Facebook. Attention : risque de blessure oculaire.