Only à Montréal

Dans le métro, cette publicité.

Publicité du Collège O’Sullivan (métro de Montréal)

Le texte en français est composé de caractères plus gros que celui en anglais. (Montréal est une ville française.)

Dans la colonne de droite, en français, on annonce les formations «en anglais seulement». Dans celle de droite, en anglais, on annonce les formations «in French only». (Montréal est une ville bilingue.)

Néologisme du jour

En avril 2011, à la suggestion de son fils aîné, l’Oreille tendue mettait en ligne un texte sur le mot swag. Cela a attiré une foule d’internautes (près de 420 000 [!!!!!], en date d’hier), dont beaucoup ont commenté le contenu de l’article. Est cependant arrivé un moment où l’Oreille a décidé de clore les discussions : ça dérapait.

Dans ces discussions, il était fréquemment question de l’étymologie supposée du mot swag : Secretly We Are Gay. Cette étymologie est fausse (démonstration ici).

Elle constituerait, dit Wikipédia, un rétroacronyme : «Acronyme expliqué après coup alors que ce n’en est pas un à l’origine, ou fantaisiste pour donner un nouveau sens à un acronyme existant.» Exemples : SOS ne voudrait dire ni Save Our Souls ni Save Our Ship.

Signalant l’existence de rétroacronyme sur Twitter, l’Oreille a eu droit à d’autres suggestions : CRS = Cars Remplis de Salauds ou Compagnie de Répression Sanguinaire (@petaramesh); RATP = Rentre Avec Tes Pieds (@C_licare). Puis, le lendemain, le hasard s’en est mêlé : «PhD: Philosophiæ doctor ou Procrastinatrice hautement Douée?» se demandait @LLambertChan.

Pour le dire d’un mot : ONU (Ô Néologisme Utile !).

 

[Complément du 28 novembre 2012]

Rappel à l’ordre de la part de @PimpetteDunoyer : «vous oubliez un des 1ers rétroacronymes qu’on puisse découvrir : le “Cornichons Diplomatiques” de Haddock pour la plaque CD.» Mea maxima culpa, en quelque sorte.

C’est toujours bon à savoir

La note de bas de page favorite de l’Oreille tendue

On ne confondra pas le nom masculin blabla («Propos verbeux destinés à endormir la méfiance») et l’interjection blablabla («Onomatopée qui évoque le verbiage»). C’est le Petit Robert (édition numérique de 2010) qui le dit.

L’anglais peut être plus économique : «blah» («used to substitute for actual words in contexts where they are felt to be too tedious or lengthy to give in full», dit le dictionnaire du Macintosh de l’Oreille tendue).

Unicité vitale

Yolo

L’Oreille tendue a des enfants. Elle est le père, notamment, d’un fils de quatorze ans. Celui-ci parle français, certes, mais le français des adolescents de son âge. La communication familiale peut parfois en être entravée.

Exemple.

Yolo est un mot venu, semble-t-il, du rap. On le trouve notamment dans «The Motto», une chanson de Drake, qui que soit Drake. Traductions ? «You Only Live Once» (Tu ne vis qu’une fois).

Yolo s’emploie seul, pour qualifier les actions de quelqu’un, bonnes ou mauvaises.

En effet : de ce mot, on peut tirer deux crédos. Soit, puisqu’on ne vit qu’une fois, on peut en profiter pour faire toutes les bêtises possibles et imaginables; on ne les emportera que dans la tombe. Soit on profite au maximum de la vie, sans faire pourtant ce genre de bêtises; le plaisir n’interdit pas le sens des responsabilités.

On sait bien de quel côté penche le fils de l’Oreille.

 

[Complément du 16 novembre 2012]

Oxford University Press vient de faire de GIF son mot de l’année. Parmi les finalistes ? Yolo. Liste ici.

 

[Complément du 3 juin 2013]

Deux variations sur le Yolo.

La première est numérique : You Only Live Online. (Merci à @OursMathieu.)

La seconde est québécoise : Yink Une Vie À Vivre. (Merci à @catheoret.)

 

[Complément du 20 janvier 2014]

Dans le Devoir des 18-19 janvier 2014, Édouard Nasri répond, avec l’aide de la philosophie, à la question «YOLO : le carpe diem des temps modernes ?» (p. B6)

Sa réponse est moins tranchante que celle de Samuel Archibald, parue dans la Presse du 31 décembre 2013 : «le carpe diem des cons».

Migration diurne

Il y a longtemps que l’expression «at the end of the day» est passée dans les mœurs chez les anglophones. Sa définition ? Selon le dictionnaire qui accompagne les ordinateurs Apple : «when everything is taken into consideration». Sa traduction ? Tout bien considéré, donc : «en tenant compte de tous les aspects de la question» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

Le député libéral Jean-Marc Fournier, au micro de René Homier-Roy (C’est bien meilleur le matin, Radio-Canada, Montréal), le 6 septembre, «traduisait», lui, littéralement : «à la fin du jour». @PimpetteDunoyer, qui a signalé ce calque à l’Oreille tendue, le décrit comme un «anglicisme poétique».

Sur les ondes de la chaîne de télévision TVA, le soir du 22 août, Pauline Marois, la chef du Parti québécois, qui n’était pas encore la première ministre du Québec, croisait le fer avec François Legault, de la Coalition avenir Québec. Vers la fin de leur face-à-face, elle a employé un «à la fin de la journée», immédiatement suivi de «comme disent les anglophones».

Ce n’était guère mieux que la formule de Jean-Marc Fournier, mais, au moins, Pauline Marois savait qu’elle empruntait à l’anglais, langue qui lui donne, par ailleurs, le mal que l’on sait. C’est toujours ça de pris.

P.-S. — Il était question l’autre jour des détestations linguistiques des uns et des autres. En 2004, selon un sondage réalisé auprès de 5000 personnes dans 70 pays, «at the end of the day» était «la phrase la plus irritante de la langue anglaise» («the most irritating phrase in the English language»).