Ballon polysémique

Michael Connelly, The Fifth Witness, 2011, couverture

(ATTENTION : si vous vous apprêtez à lire le dernier Michael Connelly, ou si vous êtes en train de le lire, ce qui suit pourrait flinguer votre lecture.)

Dans ses polars, Michael Connelly aime semer de discrets indices, puis les reprendre au moment opportun. The Fifth Witness (2011), son plus récent roman, ne fait pas exception.

Au plaisir de la révélation découlant de ces indices s’ajoute celui de la langue, quand on voit des «balloons» — ces «ballons» qu’on gonfle — se mêler à des «balloon payments» — le roman porte sur la crise hypothécaire états-unienne, où ces paiements existent.

D’un ballon l’autre.

P.-S. — En français, dit le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue français, un «balloon payment» serait un «paiement gonflé» ou un «paiement ultime gonflé». Ce n’est pas aussi aérien.

 

Référence

Connelly, Michael, The Fifth Witness. A Lincoln Lawyer Novel, New York, Little, Brown and Company, 2011. Édition numérique.

Du jeu comme mode de vie

Quiconque suit l’excellente émission Place de la toile de France Culture a déjà entendu le mot gamification dans la bouche de son animateur, Xavier de la Porte (@xporte).

Gamification ?

Fabien Deglise (@fabiendeglise), dans le Devoir, parle de ludification (la traduction est bienvenue). Il s’agit de «l’art de transformer tout et rien en jeu», de l’assassinat d’Oussama ben Laden au viol dont est accusé Dominique Strauss-Kahn, cela afin «d’appréhender le complexe d’une époque en mutation». Ce phénomène répondrait «à la dictature de la mise à jour» et au «présentisme» — «l’incapacité à appréhender autre chose que l’instant présent, sans vision du futur ni perspective historique» — des réseaux sociaux (21-22 mai 2011, p. D4). À lire.

Le bois du petit matin

L’Oreille tendue, pas plus tard que le 13 mai, apportait sa pierre à l’érection du vocabulaire anglo-saxon de l’érection, s’agissant du basketteur Dennis Rodman.

Autre pierre, en quelque sorte, aujourd’hui, tirée d’un article du Scientific American du 20 mai 2011 signalé par @cynocephale sur Twitter : la tumescence matinale inopinée s’appellerait «the morning wood».

Il n’est jamais trop tard pour accroître son vocabulaire.

 

[Complément du 21 septembre 2016]

Dans le même ordre d’idées : «Érection du matin, chagrin; érection du soir, espoir» («Les dits du Gnou», Gnou, cinquième ruade, janvier 1998, [s.p.]).

Tous à vos planches

L’Oreille tendue ne se le serait jamais pardonné : elle aurait pu rater la Journée internationale du planking. (C’est aujourd’hui.)

Explication de cette «nouvelle (et totalement absurde) mode», importée d’Australie, dans le quotidien la Presse du 24 mai 2011 (cahier Vivre, p 8) :

Comment pratiquer le planking ? Rien de plus simple : il suffit de s’allonger face au sol, droit comme un piquet, avec les orteils pointés et les bras de long du corps. Le visage du «plancheur» doit rester de marbre.

Cette activité «gratuite, parfaitement inutile et totalement étrange» ferait un malheur sur Facebook.

On en jugera par soi-même : on consultera le site Planking AustraliaShowcasing Our Planking Achievements») ou on répondra à l’invitation à plancher de la Presse, aujourd’hui, midi, sur la place des Festivals, à Montréal, rue Jeanne-Mance, entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve.

On n’arrête pas le progrès.

Comparaison sportive du jour

Le New York Times du 22 mai 2011 consacre un long article (cahier Sports Sunday, p. 1 et 6-7) à Lionel Messi, l’Argentin qui porte le numéro 10 de Barcelone. (C’est du foot.)

Description d’une des phases du premier de ses deux buts lors du match opposant son équipe au Real Madrid le 27 avril dernier : «Madrid’s defense engulfed him like white blood cells trying to fight off infection» (p. 6).

Messi réussira à se défaire des globules blancs (défensifs) qui l’enserrent. Bon sang ne saurait mentir.