Citation américaine du jour

David Sedaris, Engulfed in Flames, 2008, couverture

«“Me too,” her husband said. It’s cold as shit in there.” Shit is the tofu of cursing and can be molded to whichever condition the speaker desires. Hot as shit. Windy as shit. I myself was confounded as shit, for how had I so misjudged these people ?»

David Sedaris, «Town and Country», GQ, août 2005. Repris dans When You Are Engulfed in Flames, New York, Back Bay Books. Little, Brown and Company, 2009, xii/323 p., p. 167. Édition originale : 2008.

Le génie de la langue

Nicholson Baker, The Anthologist, 2009, couverture

L’Oreille tendue est en train de lire The Anthologist, le plus récent roman de Nicholson Baker.

Comme toujours chez lui, l’invention verbale force l’admiration.

Un seul exemple : «Notes of joy have a special STP solvent in them that dissolves all the gluey engine deposits of heartache» (p. 3). C’est beau comme la rencontre fortuite sur l’établi d’un garagiste de la poésie et du chagrin.

Cela ne peut pas étonner, de la part de quelqu’un qui décrit la ponctuation comme «so pipe-smokingly Indo-European» (The Size of Thoughts, p. 70) ou qui parle de l’«antegoogluvian era» («Google’s Earth», 2009).

 

Références

Baker, Nicholson, The Size of Thoughts. Essays and Other Lumber, New York, Random House, 1996, 355 p. Ill.

Baker, Nicholson, The Anthologist. A Novel, New York, Simon & Schuster, 2009, 243 p. Ill.

Baker, Nicholson, «Google’s Earth», The New York Times, Sunday Book Review, 27 novembre 2009.

Adoptez-les !

Sur le site Save the Words, la filiale des dictionnaires d’Oxford University Press vous propose d’adopter un mot menacé de disparition. Explication :

Save the Words, explication

 

Le site est spectaculaire, drôle, plein de conseils utiles. Pour l’instant, ça n’existe qu’en anglais.

Merci à Jean-François Pitet d’avoir signalé cela sur son blogue.

Avancez en arrière

Mêlez Facebook et une bonne dose de nostalgie, et vous vous retrouvez avec une nouvelle catégorie socialo-affective : le rétrosexuel. Définition de Slate.fr : «Le Boston Phoenix a […] inventé un terme pour ces personnes qui renouent avec leurs premiers amours [grâce à Facebook] : les “rétrosexuels”.»

Sous la plume de Claire Suddath, le magazine Time, dont s’inspire l’article de Slate.fr, parle de «recycled love». C’est un peu plus brutal.

Barack Obama est noir

Barack Obama, Dreams from my Father, 1995, couverture

Forte lecture que celle du premier livre de Barack Obama, Dreams from my Father. A Story of Race and Inheritance — pour l’écriture, pour le parcours, pour la conviction, pour l’absence d’artifice (Barack Obama n’est pas Bill Clinton).

Pour la langue aussi. Elle est un des thèmes du livre : ce que les mots permettent de faire, ce qu’ils interdisent, soit parce qu’ils manquent, soit parce qu’ils blessent. Elle est aussi un révélateur.

Comment Barack Obama se définit-il ? Comme Noir : «I was trying to raise myself to be a black man in America […]» (p. 76). Sauf erreur, il n’a recours qu’une seule fois à l’expression devenue courante aux États-Unis de «African-American» (p. 134), alors que l’étiquette aurait si bien pu lui convenir, lui fils d’un père africain et d’une mère américaine.

Voilà quelqu’un qui appelle les choses par leur nom.

 

Référence

Obama, Barack, Dreams from my Father. A Story of Race and Inheritance, New York, Three Rivers Press, 2004, 457 p. Édition originale : 1995.