Citations existentielles du jour

Guy Delisle, Chroniques de Jérusalem, 2011, p. 105

1.

«Dès ma jeunesse j’avais fixé cette époque de quarante cinquante soixante ans comme le terme de mes efforts pour parvenir et celui de mes prétentions en tout genre. Bien résolu, dès cet âge atteint et dans quelque situation que je fusse, de ne plus me débattre pour en sortir et de passer le reste de mes jours à vivre au jour la journée sans plus m’occuper de l’avenir.»

Jean-Jacques Rousseau, «Troisième promenade», dans les Rêveries du promeneur solitaire, Paris, GF-Flammarion, coll. «GF», 23, 1964, 173 p., p. 51. Chronologie et préface par Jacques Voisine. Édition : 1782 (posthume).

2.

«Rien n’est si difficile, aujourd’hui que d’exister au-delà de la cinquantaine.»

Paul Nizan, la Conspiration.

 

Illustration : Delisle, Guy, Chroniques de Jérusalem, Paris, Guy Delcourt productions, coll. «Shampoing», 2001, 333 p., p. 105. Couleur : Lucie Firoud & Guy Delisle.

C(h)(r)isti(e)

Dans son excellente série «Passé simple», @machinaecrire évoquait hier ces

petits malins [qui] s’inventent des versions édulcorées des sacres. Il s’agit de tordre une syllabe pour mettre un gros mot à la diète. Ainsi sont-ils persuadés de leurrer les adultes lorsqu’ils lancent : bateau, câline, câlique, caltore, crime, cibole, hostic, sacrifice, tabarnane, tabarouette, taboire et le classique christie, qui est à la fois la fusion de christ et hostie, mais aussi une marque de biscuits bien connue à l’époque.

«Christie» ? Patrick Lagacé, de la Presse+, n’est pas du même avis :

Mais tout pour désespérer de l’humanité : cristi, tu me suggères de me pendre, bonhomme, pour vrai, tu vires sur le top parce que j’ai écrit que mourir à 69 ans, subitement, est une belle mort ?

Cristi est aussi la graphie retenue par Léandre Bergeron en 1980, qui définit le mot ainsi : «Forme adoucie de CRISSE !» (p. 159; majuscules certifiées d’origine). Francis Desharnais et Pierre Bouchard ajoutent une lettre : cristie (2013, p. 102).

Albert Chartier, dans la bande dessinée Onésime en juin 1983 (éd. de 2011, p. 229), préfère «Christi».

Albert Chartrier, «Onésime», juin 1983, détail

L’origine de l’expression n’est pas plus claire. @revi_redac se posait la question en 2014 :

L’Oreille tendue pencherait vers l’euphémisme plus que vers la fusion christ + hostie, mais elle n’en mettrait pas son oreille au feu.

Tout ça, il est vrai, se discute.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Chartier, Albert, Onésime. Les meilleures pages, Montréal, Les 400 coups, 2011, 262 p. Publié sous la direction de Michel Viau. Préface de Rosaire Fontaine.

Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic. 3. Comme dans le temps, Montréal, Éditions Pow Pow, 2013, 107 p.

L’oreille tendue de… Fanny Britt et Isabelle Arsenault

Louis parmi les spectres, 2016, couverture

«Au début, il parle si fort que je n’ai même pas besoin de tendre l’oreille pour comprendre. Mais ma mère sort sa voix d’outre-tombe, celle qu’elle utilise seulement pour les urgences vitales de type Truffe-qui-s’apprête-à-engloutir-une-amanite-tue-mouche.»

Fanny Britt et Isabelle Arsenault, Louis parmi les spectres, Montréal, Les Éditions de la Pastèque, 2016, 153 p., p. 78.

Excursion tintinoquébecquoise

En novembre 2016, de passage à Paris, l’Oreille tendue visitait une exposition consacrée à Hergé; il en a été question ici et . Ce matin, elle l’a revue, à Québec, au Musée de la civilisation.

L’an dernier, elle n’avait pas fait attention à cette publication consacrée à un écureuil :

Tim-l’écureuil héros du far-west, 1931, couverture

Depuis, il est vrai, cet animal occupe beaucoup de place dans la politique québécoise.

Cette nouvelle visite a aussi été l’occasion de découvrir que Michel Serres est l’homme d’une seule lettre. (Mais laquelle ?)

Michel Serres, homme d’une unique lettre