L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Marie du port, éd. de 1938, couverture

«Odile, d’habitude, dormait comme un plomb et jamais elle n’entendait rentrer les bateaux qui, pourtant, faisaient assez de bruit avec leur sirène pour demander l’ouverture du pont.

Une fois, pourtant, qu’elle avait mangé de la morue à la crème et qu’elle ne digérait pas, elle se réveilla au milieu de la nuit. Elle avait envie de se relever pour boire un verre d’eau. Elle hésitait, à cause du froid.

Soudain, il lui sembla qu’elle entendait un murmure et elle tendit l’oreille, troublée. Elle entendait et elle n’entendait pas. C’était curieux. Elle avait le corps chaud de la Marie à côté d’elle et elle cherchait à percevoir sa respiration, constatait quelque chose d’anormal.»

Simenon, la Marie du Port. Roman, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. « Omnibus », 1992, p. 483-566, p. 561. Édition originale : 1938.

Le zeugme du dimanche matin et de Simenon

Georges Simenon, le Cheval blanc, couverture

«Était-il menaçant ou était-il ironique ? Il y avait des moments où on se demandait s’il ne jouait pas la comédie et s’il n’allait pas sourire, se débarrasser de sa vermine et de ses rancœurs comme d’une fausse barbe […].»

Simenon, le Cheval blanc, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. «Omnibus», 1992, p. 703-789, p. 730. Édition originale : 1938.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Chambre bleue, éd. de 1964, couverture

«Dans l’escalier aux marches usées, l’ombre était plus fraîche et Tony, ses vêtements sur le bras, montait un étage, trouvait, au fond du couloir, une porte entrouverte, Françoise, en robe noire et tablier blanc, qui changeait les draps d’un lit. Elle le regarda de la tête aux pieds et commença par rire.

“Vous, alors, monsieur Tony !… Vous vous êtes disputés ?…

— Chut…

— Que se passe-t-il ?…

— Son mari…

— Il vous a surpris ?

— Pas encore… Il se dirige vers l’hôtel…”

Il se rhabillait fébrilement, l’oreille tendue, s’attendant à reconnaître le pas mou de Nicolas dans l’escalier.»

Georges Simenon, la Chambre bleue, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1329-1438 et 1664-1674, p. 1337. Édition originale : 1964. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.