Autopromotion 626

Journée d’étude «Enseigner la littérature au collégial», 13 janvier 2022, affiche

Le 13 janvier 2022, le Laboratoire intercollégial de recherche en enseignement de la littérature (LIREL) tenait sa cinquième journée d’étude.

Son thème ? «Enseigner la littérature au collégial : comment donner à lire l’altérité ?»

Son programme ? De ce côté.

L’Oreille tendue ? Elle y a présenté quelques réflexions sur l’enseignement de Candide en 2022.

Une captation vidéo de cette présentation est disponible ici.

Une version actualisée du PowerPoint se trouve .

Autopromotion 617

Journée d’étude «Enseigner la littérature au collégial», 13 janvier 2022, affiche

Le 13 janvier 2022, le Laboratoire intercollégial de recherche en enseignement de la littérature (LIREL) tiendra sa cinquième journée d’étude.

Son thème ? «Enseigner la littérature au collégial : comment donner à lire l’altérité ?»

Son programme ? Ici.

L’Oreille tendue ? Elle y présentera quelques réflexions sur l’enseignement de Candide en 2022.

L’inscription est obligatoire.

 

[Complément du 21 février 2022]

Une captation vidéo de cette présentation est disponible ici.

Une version actualisée du PowerPoint se trouve .

La langue inutile

Guy Demers est président du chantier sur l’offre de formation collégiale du gouvernement du Québec. Dans le rapport final de ce chantier (!), déposé en juin 2014, on aborde la question de l’échec de certains cégépiens à l’épreuve finale de français dans les collèges du Québec (un échec à cette épreuve empêche la diplomation). On peut donc (?) lire ceci dans la section «Recadrer l’épreuve uniforme en langue d’enseignement dans un environnement pédagogique» (p. 137) :

Au lieu de condamner à la non-diplomation ceux qui échouent à l’épreuve, ne pourrait-on pas répondre aux besoins de ces étudiants en introduisant plus de souplesse dans de possibles choix à l’intérieur de la formation générale pour répondre à leur besoin en maîtrise de la langue ? […] plus de souplesse dans la formation générale en réponse a une plus grande diversité des besoins des jeunes en continuité de formation [?] serait certainement à considérer, après toutes ces années d’échecs sans cesse répétés d’une partie de la population étudiante souhaitant obtenir le diplôme au terme des études.

Notre société peut-elle se permettre un tel gaspillage de ressources humaines après avoir tant investi dans la formation de ses jeunes ? Malgré le tabou que comporte toute remise en question touchant la langue au Québec, il nous semble qu’on devrait oser se poser une telle question en vue d’amorcer une réflexion objective et la mise en place de changements appropriés. En toute logique, ou bien on a le devoir d’assouplir le contenu de la formation générale pour offrir de réelles opportunités [sic] de formation à ceux qui en démontrent le besoin, ou bien on a la responsabilité de modifier le statut de l’épreuve uniforme en langue d’enseignement pour la retirer des conditions de sanction. Une urgente réflexion s’impose.

Dans un éditorial du 27 octobre 2014, sous la plume d’Antoine Robitaille, le quotidien le Devoir s’en prend à la possibilité, évoquée par Yves Bolduc, le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec, de donner suite à cette recommandation du rapport et d’envisager que des cégépiens puissent recevoir leur diplôme même sans avoir réussi l’épreuve uniforme de français. Titre de l’éditorial ? «Dévalorisation

Trois jours plus tard, dans le même journal, réponse de Guy Demers, «La dévalorisation de quoi, au juste ?». On pourrait tout citer de ce texte. On se contentera de deux passages.

«Quelques mois avant la fin de leurs études, [plusieurs étudiants] sont soumis à l’épreuve uniforme en langue d’enseignement, qu’ils échouent. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois… après trois et le plus souvent quatre années de formation dans les programmes d’études techniques les plus exigeants.»

Peut-on vraiment dire que les programmes sont «exigeants» si on peut réussir leurs cours tout en ayant de graves problèmes de langue ?

«Plutôt que de brandir des épouvantails, ne devrait-on pas chercher à aborder, avec courage et sérénité, les possibles changements qui nous permettront de mieux soutenir la réussite éducative des jeunes qui nous confient leur projet de formation !»

Peut-on, sans rire, séparer la maîtrise de la langue de la «réussite éducative des jeunes» ?

Édifiant.

La (fausse) attractivité communicationnelle

Le Devoir de ce matin titre «Cégeps. C’est la fin du programme arts et lettres. La littérature n’est plus qu’une “option” dans le nouveau programme culture et communication» (p. A1-A10). Sous la plume de Lisa-Marie Gervais, on y apprend une modification en profondeur d’un des programmes en vigueur dans les collèges d’enseignement général et professionnel (cégeps) du Québec.

Si l’Oreille tendue se fie à son fil Twitter, la nouvelle est mal accueillie par plusieurs.

L’Oreille est citée (correctement) dans l’article. Trois précisions encore.

La transformation de l’intitulé du programme — de «arts et lettres» à «culture et communication», avec, chez certains, une option «littérature» — fait partie d’un mouvement bien plus général de méconnaissance de la littérature, ramenée à sa seule dimension communicationnelle. Or quiconque lit sait que la littérature n’est pas que cela.

Il est assez facile d’imaginer que les fonctionnaires du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie ont pensé que le terme communication ferait non seulement plus «moderne» — selon David Descent, conseiller pédagogique au cégep régional de Lanaudière, à Terrebonne, «le Ministère voulait répondre aux préoccupations des étudiants pour qui le terme “communication” avait davantage de résonance, comparativement au mot “lettres”, qui fait un peu “vieilli”» —, mais qu’il donnerait aussi l’impression que les finissants de ce programme seraient plus faciles à «placer» sur le marché du travail, «métiers de la communication» oblige. C’est se leurrer, et leurrer les élèves des cégeps.

Mince consolation, enfin. Il y a sûrement quelqu’un au Ministère qui a pensé remplacer «arts et lettres» par «communication» tout court. Heureusement — mais pour combien de temps ? —, il est encore question de culture au cégep.

 

[Complément du jour]

À la radio de Radio-Canada, à l’émission Pas de midi sans info, Pierre Duchesne, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec était interrogé aujourd’hui par Michel C. Auger au sujet de cette transformation de programme (ici, à compter de 11 h 21).

Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de cette «modernisation», affirme le ministre : «la littérature est toujours mis [sic] en évidence»; «on veut s’assurer que toute la question de la culture, de la littérature demeure bien adaptée à la réalité des étudiants»; «ça va donner encore plus d’attrait pour ceux qui choisiront ce programme, entre autres ceux qui ont un profil arts et lettres».

Par ailleurs, il refuse de «s’enfarger dans un débat de sémantique» avec «cet universitaire-là», en l’occurrence l’Oreille tendue. Michel C. Auger l’a en effet interrogé sur ce que l’Oreille déclarait dans le Devoir du jour.

Le ministre l’a pourtant répété : «la littérature, les arts et les lettres, ce sont des mots qui ne me font pas peur»; «on a changé les mots, mais l’important c’est que le contenu est plus solide et il reste dans la définition qu’il était avant, arts et lettres, mais avec un titre fort différent».

Le ministre ne souhaitant pas se lancer «dans un débat de sémantique» (il l’a dit deux fois), l’Oreille non plus, mais elle a quand même une question : donner «un titre fort différent» à un programme et y remplacer des «mots qui ne […] font pas peur» (littérature, arts, lettres) par d’autres (culture, communication), n’est-ce pas, aussi, une affaire de sémantique ?

 

[Complément du 10 mai 2013]

Pierre Duchesne, au Devoir : «Dans culture et communication, il y a communication, qui était un concept qui semblait être plus rassembleur» (9 mai 2013, p. A7). En effet, ce n’est pas un «débat de sémantique».

 

[Complément du 12 mai 2013]

Le Devoir revient sur les changements apportés au programme existant dans son édition des 11-12 mai : «Éducation. Conserver ou non ses lettres de noblesse ? Le programme pré-universitaire Arts et lettres sera “modernisé” des l’automne 2015» (p. B3, article réservé aux abonnés).

 

[Complément du 13 mai 2013]

Lire la réaction de Mahigan Lepage, «la littérature ne communique pas».

 

[Complément du 18 mai 2013]

Modeste proposition au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec, Pierre Duchesne : au lieu de remplacer «Arts et lettres» par «Culture et communication», pourquoi pas «Arts, lettres et communication» ?

 

[Complément du 24 mai 2013]

Dans le Devoir du jour, deux textes sur la réforme du programme Arts et lettres. L’un qui minimise l’importance du changement de nom («Arts et lettre [sic] remplacé par culture et communication. Un programme peut changer de nom sans perdre ses lettres de noblesse !»). L’autre, pas («Les professeurs des sciences humaines s’y sont opposés en vain…»).

 

[Complément du 28 mai 2013]

Les membres de l’assemblée départementale du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal ont rédigé un texte contre le changement d’intitulé du programme Arts et lettres des cégeps du Québec. On peut le lire ici, voire se joindre à ses signataires.

 

[Complément du 29 mai 2013]

Parmi les nombreuses personnes qui ont appuyé le texte dont il était question hier, il y a des artistes, dont des écrivains. Question : Maka Kotto, le ministre de la Culture et des Communications, a-t-il pris publiquement position sur la transformation de l’intitulé du programme collégial Arts et lettres ? Qu’en pense-t-il ? Les arts et les lettres, c’est lui aussi, non ?

 

[Complément du 30 mai 2013]

Une pétition est désormais en ligne contre le changement d’intitulé du programme. C’est ici.

 

[Complément du 10 juin 2013]

Lors de son assemblée annuelle du 4 juin, l’Association des professionnels de l’enseignement du français au collégial a appuyé à l’unanimité la pétition.

Le Devoir l’a évoquée deux fois : le 5 juin, sous la plume de Lisa-Marie Gervais; les 8-9 juin, sous celle de Jean-François Nadeau.

 

[Complément du 18 juin 2013]

Extrait du «Bulletin ministériel» du chroniqueur politique Michel David dans le Devoir d’aujourd’hui : «Contrairement à ce que plusieurs prévoyaient, Pierre Duchesne s’est tiré indemne du Sommet sur l’enseignement supérieur, et le climat a été indéniablement plus serein sur les campus qu’au printemps 2012. Imposer l’enseignement de l’histoire au niveau collégial est une bonne idée, mais faire disparaître les “arts et lettres” au profit de la “culture et communication” est nettement moins avisé» (p. A3).

 

[Complément du 19 juin 2013]

Dans le Devoir de ce matin (p. A6), sous le titre «Disparition d’Arts et lettres : un flou artistique ?», trois membres de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois, Diane Boudreau, Patrick Moreau et Danièle Simpson, déplorent le changement d’intitulé du programme Arts et lettres et s’opposent à certains des nouveaux éléments de son contenu.

 

[Complément du 27 juin 2013]

Dans le Devoir d’aujourd’hui, sous le titre «Littérature. Oui aux arts et aux lettres», Pierre Duchesne, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec, répond à un texte de Jean Larose paru dans le même journal le 15 juin, «Disparition du programme Arts et lettres. La liquidation de l’héritage culturel». Il aborde surtout la question du contenu des nouveaux programmes. Sur l’intitulé Culture et communication, en revanche, on attend toujours une réponse précise.

 

[Complément du 28 juin 2013]

En début de soirée hier, le quotidien le Devoir a annoncé que le ministre revenait sur sa décision et que le programme collégial s’appellerait dorénavant Arts, lettres et communication, et non Culture et communication. Les professeurs du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, par communiqué, se réjouissent de cette décision.

Par ailleurs, l’article du Devoir permet de découvrir un site consacré aux questions abordées ici, parleprof.blogspot.ca.

 

[Complément du 28 juin 2013]

Le communiqué ministériel annonçant la décision se trouve ici.