Réunion festive soft

Dans un épisode antérieur, le 29 juin 2012, il a été question du verbe chiller et de l’épithète chill.

Il y a quelques jours, l’Oreille tendue a découvert le substantif masculin chilling. Exemple : Je vais à un chilling chez Makayla. Le chilling, selon l’échantillon sondé (n = 1), est une forme de rencontre, de réunion, de rassemblement. Ce n’est pas tout à fait un party.

En revanche, on ne se livrerait pas au chilling, comme on se livre à la danse ou au macramé. Ce n’est pas une pratique. On n’est donc pas un adepte du chilling.

Yapadkoi.

Autopromotion 240

L’Oreille tendue a été impliquée au cours des dernières années dans la reconnaissance de la recherche-création dans son université.

Elle en parlera aujourd’hui à la radio de Radio-Canada durant la deuxième heure de l’émission de culture scientifique les Années lumière.

La journaliste Myriam Fimbry s’est notamment inspirée de ce dossier pour préparer son reportage.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Contacts de langues

Une langue ne vient jamais seule. Comment décrire les contacts des langues entre elles ?

Banalement, on peut parler de bilinguisme, même si Paul Zumthor ou François Grosjean ont montré la complexité des phénomènes que recouvre ce mot.

D’autres termes sont venus se subsituer à lui, ou le compléter : colinguisme (Renée Balibar), plurilinguisme (Lise Gauvin), hétérolinguisme (Rainier Grutman), multilinguisme (François Ost), mixtilinguisme (Jeanne Bem et Albert Hudlett).

Ce matin, l’Oreille tendue découvre translingue (Cecilia Allard et Sara De Balsi).

On n’arrête pas le progrès.

 

Références

Allard, Cecilia et Sara De Balsi (édit.), le Choix d’écrire en français. Études sur la francophonie translingue, Amiens, Encrage, coll. «Agora», 2016, 122 p.

Balibar, Renée, Histoire de la littérature française, Paris, Presses universitaires de France, coll. «Que sais-je ?», 2601, 1993 (deuxième édition corrigée), 127 p.

Bem, Jeanne et Albert Hudlett (édit.), Écrire aux confins des langues. Actes du Colloque de Mulhouse (30, 31 janvier et 1er février 1997), Mulhouse, Université de Haute-Alsace, Centre de recherche sur l’Europe littéraire (CREL), coll. «Créliana», hors série I, automne 2001, 206 p. Ill.

Gauvin, Lise (édit.), les Langues du roman. Du plurilinguisme comme stratégie textuelle, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Espace littéraire», 1999, 176 p.

Grosjean, François, Parler plusieurs langues. Le monde des bilingues, Paris, Albin Michel, 2015, 228 p. Ill.

Grutman, Rainier, Des langues qui résonnent. L’hétérolinguisme au XIXe siècle québécois, Montréal, Fides — CÉTUQ, coll. «Nouvelles études québécoises», 1997, 222 p.

Ost, François, Traduire. Défense et illustration du multilinguisme, Paris, Fayard, coll. «Ouvertures», 2009, 421 p.

Zumthor, Paul, «Moyen Âge (langue et littérature)», dans Daniel Couty, Jean-Pierre de Beaumarchais et Alain Rey (édit.), Dictionnaire des littératures de langue française : G – O, Paris, Bordas, 1984, tome 2, p. 1576-1579.

Néologisme estrien

Gilles Marcotte, le Manuscrit Phaneuf, 2005, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du roman policier (façon de parler) le Manuscrit Phaneuf de Gilles Marcotte (2005) :

Il alla voir les villages de Melbourne et d’Ulverton, dont un ami lui avait déjà vanté les charmes vétéro-britanniques (p. 73).

«Vétéro-britanniques» ? Le préfixe renvoie à l’ancien, comme dans vétérotestamentaire (relatif à l’Ancien Testament). Britanniques rappelle que les Cantons-de-l’Est, où se trouvent, au sud de Montréal, Melbourne et Ulverton, sont des lieux de vieille implantation anglophone.

Que faut-il retenir de cet assemblage néologique ? La profondeur historique (l’Ancien Testament) ? L’histoire plus récente (les Britanniques) ? Leur union en un seul espace ? Le mariage de la Bible et de la couronne d’Angleterre, de la religion et de la politique, de l’hébreu et de l’anglais ? Tout cela ?

Saluons à tout le moins la pénétration du regard et le sens de la formule.

 

Référence

Marcotte, Gilles, le Manuscrit Phaneuf. Roman, Montréal, Boréal, 2005, 216 p.