«Radek n’était pas maigre, et pourtant il était maladif, peut-être parce qu’on sentait que ses chairs n’étaient pas fermes. De même le bourrelet des lèvres avait-il quelque chose de malsain.
Il s’énervait d’une façon toute particulière, curieuse pour un psychologue; pas un trait de son visage ne bougeait, mais ses prunelles semblaient soudain recevoir un ampérage plus fort, qui donnait au regard une intensité gênante.
— Que va-t-on faire de Heurtin ? questionna-t-il après cinq minutes de silence.
— Le décapiter ! grogna Maigret, les deux mains dans les poches du pantalon.
Et ce fut l’ampérage maximum. Radek émit un petit rire grinçant.»
Georges Simenon, la Tête d’un homme, dans les Essentiels de Maigret, Paris, Omnibus, coll. «Tout Simenon», 2011, p. 99-200, p. 177. Présentation de Benoît Denis. Édition originale : 1931.