«He spoke with painful slowness and agitation, as if each word was a fish he had to catch with his hands.»
Tobias Wolff, The Barracks Thief, New York, Ecco. An Imprint of HarperCollins Publishers, 1984, 101 p., p. 49.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«He spoke with painful slowness and agitation, as if each word was a fish he had to catch with his hands.»
Tobias Wolff, The Barracks Thief, New York, Ecco. An Imprint of HarperCollins Publishers, 1984, 101 p., p. 49.
Retour de New York, l’Oreille tendue se souvient qu’elle y a entendu pas mal de français (et de Français), notamment dans le domaine de l’alimentation : Au Bon Pain, Le Pain Quotidien, Pret A Manger. Les Américains en auraient-ils fini avec la transformation des French Fries en Freedom Fries ? Cela semble être le cas.
On pourrait cependant espérer que ce retour en grâce ne se fasse pas au détriment de l’orthographe.
N.B. : L’Oreille est surtout tendue en français, mais pas seulement. Voilà pourquoi il existe, en bas à droite, une catégorie «Langue de Shakespeare». Voilà aussi pourquoi elle ajoute le portrait suivant à sa collection (voir «Portraits»), d’autant qu’il contient un fort joli zeugme.
«He was un-evolved, one foot in the Mesozoic, and the other in his mouth» (ch. 25).
Timothy Hallinan, The Fourth Watcher. A Novel of Bangkok, HarperCollins, 2008. Édition numérique.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Le 6 novembre, à la radio de Radio-Canada, entendu ceci aux informations : à cause des résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis, la politique américaine en matière d’environnement devrait changer et, «par conséquent», celle du Canada. Deux mots, toute une géopolitique : «par conséquent».
L’Oreille tendue est en train de lire The Anthologist, le plus récent roman de Nicholson Baker.
Comme toujours chez lui, l’invention verbale force l’admiration.
Un seul exemple : «Notes of joy have a special STP solvent in them that dissolves all the gluey engine deposits of heartache» (p. 3). C’est beau comme la rencontre fortuite sur l’établi d’un garagiste de la poésie et du chagrin.
Cela ne peut pas étonner, de la part de quelqu’un qui décrit la ponctuation comme «so pipe-smokingly Indo-European» (The Size of Thoughts, p. 70) ou qui parle de l’«antegoogluvian era» («Google’s Earth», 2009).
Références
Baker, Nicholson, The Size of Thoughts. Essays and Other Lumber, New York, Random House, 1996, 355 p. Ill.
Baker, Nicholson, The Anthologist. A Novel, New York, Simon & Schuster, 2009, 243 p. Ill.
Baker, Nicholson, «Google’s Earth», The New York Times, Sunday Book Review, 27 novembre 2009.