Moustaches du jour

Montage de livres

Au rayon poils, nous avons déjà rangé la rosette, le monosourcil, la barbestache, la biscotte et la barbe des séries. (Ce n’est pas tout.)

Voici deux ajouts.

Parlant lèvre avec son fils cadet, l’Oreille tendue a récemment découvert l’existence de la pornstache. Mieux vaut tard que jamais.

Ce matin, sur Mastodon, ceci : «Nous avons un poste ouvert en histoire contemporaine à Versailles Saint-Quentin, XIXe-XXIe, avec une orientation histoire culturelle et environnementale. Le poste est réellement ouvert : pas de moustache, pas de personne attendue. N’hésitez pas à candidater !» Pas de moustache ? «Ce n’est pas un “poste à moustache”, profilé pour correspondre au profil de quelqu’un en particulier.»

L’Oreille se couchera moins niaiseuse.

Regarder devant et derrière

Dictionnaire de la censure au Québec, 2006, film érotique, affiche

Double définition du jour

1. Dans le français populaire du Québec, comme ailleurs dans la francophonie, le film de fesse(s) désigne un contenu érotique / libertin / salace / pornographique / obscène / licencieux / sensuel (rayez la mention inutile ou ajoutez celle qui vous convient).

Le rapport paraît assez évident entre cette pratique cinématographique et les expressions québécoises jouer aux fesses («Avoir des relations sexuelles», Trésor des expressions populaires, p. 147) et parties de fesses («Ébats sexuels à deux ou plusieurs» (Dictionnaire de la langue québécoise, p. 223).

Ex. : «Quand Valérie séduisit le public… mais pas la critique. Que reste-t-il de nos jours du premier film “de fesses” québécois ?» (le Devoir, 22 août 2023)

2. Coloscopie : «Examen visuel de l’intérieur du côlon à l’aide d’un endoscope» (le Petit Robert, édition numérique de 2018). Synonyme : film de fesses.

P.-S.—Pour fesser, voir ici.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015 (nouvelle édition revue et augmentée), 380 p.

Divergences transatlantiques 075

Claire Legendre, Ce désir me point, 2024, couverture

Une fois n’est pas coutume : la divergence du jour est empruntée à une ex-collègue, et néanmoins amie, de l’Oreille tendue, Claire Legendre.

«Les mots ont parfois un sens un peu différent selon l’époque et le pays où l’on se trouve. En France, intense se disait d’une couleur, d’un film aimé, d’une expérience sensationnelle, d’une voix ample et profonde, d’une mélodie montant crescendo dans les aigus ou d’un souffle haletant, d’un livre qui fait pleurer. Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai entendu, au Québec, dire de quelqu’un qu’il ou elle était “intense”.

Ici, intense n’est pas un compliment. Sont intenses les fous, les arrogants, les susceptibles, ceux qui disent ce qu’ils pensent. Sont intenses les névrosés, les hystériques. Intense rit trop fort. Intense parle trop. “Intense” est quelquefois sexiste et souvent condescendant. Intense est pénible, high maintenance, colérique, monte dans les tours, parle de sentiments et de choses personnelles qu’il serait préférable de garder pour soi. Intense n’est pas convenable, pas très pudique, un peu gênant.»

Claire Legendre, Ce désir me point, Montréal, Leméac, 2024, 155 p., p. 24.