Parlons genre

Jean-Marc Huitorel, la Beauté du geste, 2005, couverture

«on ne dit plus “sexe”, on dit “genre”, “gender”»
Jean-Marc Huitorel, la Beauté du geste

 

Nous avons rencontré le métrosexuel et le datasexuel, le rétrosexuel, le végésexuel, le sapiosexuel, la couguar, le sextage, une chanteuse «oversexed again», le «sexe extrême», l’agace.

À cette litanie rose, ajoutons un comportement, évidemment répréhensible : «RT @jsebastiensauve : La lutte contre l’homophobie et la transphobie vous intéresse ? Passez ce matin au DKN-1271 ! #acfas» (@_Acfas).

Et un verbe : Bénédicte Coste, «“La prairie fraternelle dont je suis avec vous l’herbe multicolore” : quand l’éthique de Claude Cahun queerise la théorie queer», Contemporary French Civilization, 27, 2-2, 2012, p. 273-288.

Puis, pour finir, deux noms, de la même source : «Blogosexuel : pratique d’écriture extrême de blogue – avec un portable, dans un train, avec café brûlant… Écriture numérique et digitale !» (@culturelibre); «Perso, “bibliosexuel” 🙂 RT @FabienDeglise : Après Metrosexuel, le Datasexuel nouv mâle urbain branché http://bit.ly/HIy35s (via @psanterre)» (@culturelibre).

P.-S. — Pour l’allosexuel, l’autosexuel et l’altersexuel, voyez le Wiktionnaire. C’est assez pour cette entrée, la 1400e du blogue.

 

Référence

Huitorel, Jean-Marc, la Beauté du geste. L’art contemporain et le sport, Paris, Éditions du regard, 2005, 214 p. Ill.

Les néologismes techno du jour

Le progrès peut rendre malade : «Votre téléphone intelligent vous donne mal au cou ? Vous avez sans doute un textocoli» (@JeanSylvainDube). (L’Oreille tendue ne veut pas être inutilement chipoteuse, mais elle aurait préféré textocolis.)

Si vous souhaitez ne pas (trop) souffrir, adoptez l’attitude de @cathpep : «Je twitte en dilettante. Une vraie twilettante

Choisissez la collaboration : «1000 mercis à @AnneBaillot pour la tweetduction en temps réel ! #performance #dhcmb» (@piotrr70).

Acceptez que des choses, en bon suédois, soient «ogooglebar» («ingooglables»).

Bref, suivez Gilles Herman et vivez le «paléonumérique» (p. 41).

Par où commencer ?

Sur le Web, ce pourrait être par l’«égo-référencement» (Martin Dacos). Charité bien ordonnée commence par soi-même, non ?

Au bureau, vous pourriez travailler AVEC («apportez votre équipement personnel de communication»), la traduction de BYOD (bring your own device) proposée par la Commission générale de terminologie et de néologie française.

Ou sans. C’est possible aussi.

 

Références

Dacos, Martin, «Comment mieux faire connaître mes recherches ?», blogue blogo-numericus, 23 novembre 2009. http://bn.hypotheses.org/10288

Herman, Gilles, «Le livre à l’ère du numérique : accessibilité — liberté — universalité», Québec français, 168, hiver 2013, p. 39-41. https://id.erudit.org/iderudit/68658ac

Deux néologismes décoratifs

En matière d’aménagement commercial ou domestique, l’Oreille tendue connaissait le barmacie et la déco rétro-saxonne.

Cela lui paraît avoir un lien avec le rénocyclage et le style poorgeois, mais elle n’en est pas parfaitement sûre.

P.-S. — Définition de rénocyclage ? «Rénover avec des matériaux existants est certainement l’un des gestes les plus écologiques qui soient. Mais cela demande une bonne dose de patience, et un certain sens du style» (la Presse, 27 avril 2013, cahier Maison, p. 1).

P.-P.-S. — Définition de poorgeois ? «Formé de “poor” (pauvre en anglais) et “geois” (de bourgeois), ce néologisme utilisé dans le milieu de la mode désigne les riches qui adoptent un style clochard afin de camoufler leur fortune sous des vêtements défraîchis et troués (mais qui peuvent valoir une fortune). Selon le journal britannique The Guardian, cette tendance serait née de la culpabilité d’avoir de l’argent en période de crise. En déco, cet esprit crado — que certains qualifient de bohème trash ou de luxe brut — pousse l’esprit bohème à son paroxysme et se traduit par des murs décrépis, de la peinture écaillée ou des couches successives de papier peint décollé. Au premier coup d’œil, ils donnent à un endroit l’impression qu’il a été abandonné depuis des années. Mais attention, des meubles et des accessoires au design pointu sont, par la suite, intégrés au décor. Car malgré tout, les hipsters de la “poorgeoisie” veulent montrer qu’ils ont du goût…» (la Presse, 20 avril 2013, cahier Maison, p. 10).

Double découverte thanatolexicale

Arnaldur Indridason, Étranges rivages, 2013, couverture

«Il existait un terme médical pour qualifier cette peur d’être enterré vivant : on parlait de taphéphobie. Le retour à un état de conscience après avoir été déclaré mort s’appelait Syndrome de Lazare.»

Arnaldur Indridason, Étranges rivages, Paris, Métailié, coll. «Métailié noir. Bibliothèque nordique», 2013, 298 p., p. 217. Traduction d’Éric Boury. Édition originale : 2010.

Il y a carter et carter

Au Québec, pour acheter de l’alcool, à la Société des alcools (SAQ) comme ailleurs, il faut avoir dix-huit ans. Si vous ne semblez pas les avoir, on peut vous demander vos papiers — vos cartes. Vous vous faites alors carter.

C’est arrivé il n’y a pas très longtemps à @mcbeaucage :

«La jeune femme moderne sort ses cartes avec plaisir quand elle se fait carter à la SAQ. Han, @MadameChos ?»

Ce sens est courant. L’est moins celui de mettre la photo de quelqu’un sur une carte. Pourtant cet autre sens est attesté par l’exemple suivant :

«Se faire carter à mon âge… merci @Doctorakgo et crew ! http://doctorak-go.blogspot.ca/2013/03/charles-dionne-fabrice-masson-goulet.html» (@Fabricemg).

Même si on entend aussi le premier sens du verbe dans cette phrase («à mon âge»), on ne confondra pas carter et carter.