Là ou pas

On connaissait l’absentéisme (scolaire, professionnel, intellectuel) : ne pas y être quand on devrait.

La Presse du 22 juin nous fait découvrir le présentéisme : «un travailleur malade qui se présente malgré tout pour terminer un boulot important» (cahier Affaires, p. 8). Y être quand on ne devrait pas, au risque de ne pas y être plus tard, quand on aurait dû, pour cause de maladie non traitée à temps.

Proposition de synonyme : présentiel inconséquent.

La langue de la crise au PQ

Des députés du Parti québécois — d’abord Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe, puis Jean-Martin Aussant — démissionnent de leur parti.

Pourquoi ? Parce qu’une goutte a fait déborder «le vase». Lisette Lapointe l’a dit le 6 janvier, puis Michel David (le Devoir), André Pratte et Lysiane Gagnon (la Presse) l’ont répété le lendemain. Le vase ? Une grogne envers la direction du parti, et notamment Pauline Marois, qui le dirige. La goutte ? Une loi pour soustraire à la loi une entente commerciale, pour la gestion d’un aréna, entre la ville de Québec et l’entreprise de PKP.

Quel est l’effet de ces démissions ? On pouvait s’y attendre : «Un “tsunami” menace le PQ» (la Presse, 7 juin 2011, p. A5).

Qui s’en réjouira ? Les belles-mères, bien sûr : «Autrement dit, même si sa chef contrôle les instances du parti, la révolte couve toujours au caucus, la désapprobation est toujours latente chez les belles-mères et une fronde est toujours possible» (la Presse, 7 juin 2011, p. A3).

Qui en souffrira ? Le pauvre verbe quitter, abandonné de tout complément. (Voir la catégorie du même nom, en bas, à droite).

Manchettes de journaux québécois, 2011

Un mot pour décrire toute l’affaire ? Autopeluredebananisation : le néologisme, créé par Jacques Parizeau, dit-on, se trouve sous la plume de Patrick Lagacé, qui lui-même l’emprunte à Jean-François Lisée. On ne saurait mieux dire.

Pelure de banane

 

[Complément du 5 mars 2023]

«Quand Google s’auto-pelure-de-bananise», titre la Presse+ du jour.

Québécasie

François Barcelo, J’haïs le hockey, 2011, couverture

On l’a dit à maintes reprises : le Québec aime les capitales. (Voyez la catégorie du même nom, en bas, à droite.) Encore ce samedi, dans le cahier Vacances voyage de la Presse, en titre : «Lanaudière / Saint-Zénon. La capitale mondiale de la mouchetée» (p. 13). (Il s’agit de truite, bien sûr.)

Il était dès lors prévisible que les romanciers s’emparent de cette obsession provinciale.

Exemple tiré du roman J’haïs le hockey, mi-polar ni-humour noir, de François Barcelo (2011) : «C’en est rendu que Saint-Zéphyrin se qualifie maintenant, sur un grand panneau que vous pouvez voir à l’entrée de la ville, de “capitale québécoise de la cuisine exotique”» (p. 15). Cela s’explique facilement : il y a une forte population «québécasienne» (p. 17) dans cette ville (fictive), en l’occurrence des Vietnamiens ou des enfants de familles dont un des parents est vietnamien.

P.-S. — Le narrateur s’appelle «Vachon» sur la quatrième de couverture et à la p. 6, puis «Groleau» dans le reste du roman. Ça fait désordre.

 

Référence

Barcelo, François, J’haïs le hockey. Roman, Montréal, Coups de tête, coll. «Roman noir», 45, 2011, 111 p.

Tous à vos planches

L’Oreille tendue ne se le serait jamais pardonné : elle aurait pu rater la Journée internationale du planking. (C’est aujourd’hui.)

Explication de cette «nouvelle (et totalement absurde) mode», importée d’Australie, dans le quotidien la Presse du 24 mai 2011 (cahier Vivre, p 8) :

Comment pratiquer le planking ? Rien de plus simple : il suffit de s’allonger face au sol, droit comme un piquet, avec les orteils pointés et les bras de long du corps. Le visage du «plancheur» doit rester de marbre.

Cette activité «gratuite, parfaitement inutile et totalement étrange» ferait un malheur sur Facebook.

On en jugera par soi-même : on consultera le site Planking AustraliaShowcasing Our Planking Achievements») ou on répondra à l’invitation à plancher de la Presse, aujourd’hui, midi, sur la place des Festivals, à Montréal, rue Jeanne-Mance, entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve.

On n’arrête pas le progrès.