Du colloque

Faut-il poser une question en colloque ?

L’Oreille tendue est professeure d’université depuis plus de vingt ans. Plus elle vieillit — et elle vieillit —, moins elle comprend l’utilité des colloques, du moins en sciences humaines. C’est ce qu’elle racontait hier à un groupe de doctorants de son université.

Sa réflexion était nourrie de plusieurs textes qui mettent en lumière les dysfonctionnements de ce mode de communication scientifique. Elle en recommandait quatre, particulièrement stimulants.

Cebula, Larry, «We Know You Can Read. So Can We», The Chronicle of Higher Education, 14 janvier 2013. http://chronicle.com/article/We-Know-You-Can-Read-So-Can/136607/

Extrait choisi : «I can tell from the change in his wheezing that the old guy behind me is falling asleep. A half-dozen people are falling asleep. Lucky

Thiffault, Nelson et Stephen Wyatt, «L’art de ne pas présenter : 12 astuces pour ne plus être invité», l’Aubelle, 150, automne 2006, p. 18-20. http://www.mffp.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/recherche/Thiffault-Nelson/LAubelle-150-automne-18-20.pdf

Extrait choisi : «Être — et surtout, demeurer — un mauvais conférencier est un travail continu et difficile.»

Van Campenhoudt, Luc, «La communication orale. Partie intégrante du processus scientifique», dans Moritz Hunsmann et Sébastien Kapp (édit.), Devenir chercheur. Écrire une thèse en sciences sociales, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. «Cas de figure», 29, 2013, p. 217-228.

Extrait choisi : «La clarté et la cohérence rendent évidemment vulnérable à la critique car elles permettent aux interlocuteurs de saisir la signification des propos» (p. 225).

Wampole, Christy, «The Conference Manifesto», The New York Times, 4 mai 2015. http://opinionator.blogs.nytimes.com/2015/05/04/the-conference-manifesto/

Extrait choisi : «We are humanists [and] have passed or received notes during a particularly painful session that read “Kill me now”

Il y a du travail à faire.

P.-S. — Ce n’est pas la première fois que l’Oreille cause colloque : ici, à propos d’Arnaldur Indridason; , au sujet d’une passionnante expérience tenue à l’Université Laval de Québec en 2013.

P.-P.-S. — Quand elle s’ennuie dans une rencontre scientifique — et ça lui arrive trop souvent —, l’Oreille croque des «Scènes de la vie de colloque» (c’est de ce côté, en PDF).

 

[Complément du 25 juin 2019]

Paul Bertrand, alias @medieviz, a publié récemment, sur son blogue, un texte intitulé «Colloques : le bûcher des vanités. Pour une réinvention des pratiques historiennes». C’est à lire, avant d’en profiter pour agir.

 

Référence

Melançon, Benoît, «Scènes de la vie de colloque (extraits)», le Pied (journal de l’Association des étudiants du Département des littérature de langue française de l’Université de Montréal), 4, 29 février 2008, p. 12-13. Repris dans la Vie et l’œuvre du professeur P. Sotie, Montréal, À l’enseigne de l’Oreille tendue, 2022, p. 43-48. https://doi.org/1866/13167

Autopromotion 025 (en quelque sorte)

Le 27 janvier, l’Université du Québec à Montréal, sous la responsabilité de Bertrand Gervais et Simon Brousseau, accueillait une journée d’étude intitulée «Le blogue littéraire : nouvel atelier de l’écrivain». L’Oreille tendue y a participé, notamment dans le cadre de la table ronde sur «La place du blogue dans la recherche académique».

Cette journée a eu des retombées nombreuses.

Jean-Philippe Gravel (All work and no play), Paule Mackrous (Effet de présence) et Amélie Paquet (Dérive explosive) ont mis en ligne le texte de leur intervention.

Daniel Grenier (Saint-Henri) a proposé un «recap» de la journée, et Paule Mackrous (Patty O’Green) celui des agapes qui ont suivi.

L’Oreille a tweeté comme une bête ce jour-là : ses tweets et ceux des autres participants sont disponibles ici (en PDF). Il y en a 227. (Selon Neil Patel, cela devrait faire de l’Oreille un «power user» de Twitter.) Alice van der Klei a fait le même exercice (aussi en PDF).

On peut enfin réentendre toutes les interventions de la journée sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain de l’Université du Québec à Montréal.

Les colloques ne sont plus ce qu’ils étaient.

Autopromotion 022

Demain, le 27 janvier, de 9 h 30 à 16 h, Bertrand Gervais et Simon Brousseau organisent à l’Université du Québec à Montréal une journée d’étude intitulée «Le blogue littéraire : nouvel atelier de l’écrivain».

À 11 h, une table ronde abordera «La place du blogue dans la recherche académique». L’Oreille tendue y sera. Elle reprendra peut-être quelques-unes des choses dites en mars dernier (mais pas seulement).

Le programme de la journée est ici.

Pour suivre les activités sur Twitter : #OICBLOGUE.

 

[Complément du jour]

Pour suivre les activités en temps réel (audio) : le livestream.

Accidents de travail

Arnaldur Indridason, Betty, 2011, couverture

La vie universitaire a ses rites : l’examen de synthèse au doctorat, la soutenance de thèse, la leçon inaugurale, le colloque, la conférence.

Il y a jadis naguère, l’Oreille tendue s’était amusée à croquer sur le vif quelques «Scènes de la vie de colloque» (en PDF ici).

Cela lui est revenu en mémoire au début de Betty d’Arnaldur Indridason :

Je ne me rappelle plus le sujet de la conférence au cinéma de l’université. Je ne me rappelle pas non plus le titre de mon intervention, d’ailleurs cela n’a pas d’importance. C’était quelque chose comme la situation des négociations des armateurs islandais à Bruxelles, quelque chose au sujet de l’UE et nos pêcheries. J’ai utilisé PowerPoint et Excel. Je sais aussi que j’aurais pu m’endormir (p. 10).

Ce sont les risques du métier.

 

Références

Indridason, Arnaldur, Betty, Paris, Métailié, coll. «Métailié noir. Bibliothèque nordique», 2011, 205 p. Traduction de Patrick Guelpa. Édition originale : 2003.

Melançon, Benoît, «Scènes de la vie de colloque (extraits)», le Pied (journal de l’Association des étudiants du Département des littérature de langue française de l’Université de Montréal), 4, 29 février 2008, p. 12-13. Repris dans la Vie et l’œuvre du professeur P. Sotie, Montréal, À l’enseigne de l’Oreille tendue, 2022, p. 43-48. https://doi.org/1866/13167