L’oreille tendue de… Caroline Muller et Frédéric Clavert

Caroline Muller, avec Frédéric Clavert, Écrire l’histoire, 2025, couverture

«Ce livre est le résultat des travaux qui ont suivi : pendant près de huit ans, nous avons scruté les pratiques des historiens et historiennes. Nous les avons écoutés en séminaire, dans les colloques ou tables rondes auxquels on nous a conviés; et tendu l’oreille lorsqu’une question méthodologique était abordée autour de nous.»

Caroline Muller, avec Frédéric Clavert, Écrire l’histoire. Gestes et expériences à l’ère numérique, Paris, Armand Colin, 2025, 201 p., p. 16. Préface d’Antoine Prost.

Avis de déménagements

Bandeau du site de photos de Benoît Melançon

Au fil des ans, l’Oreille tendue a créé plusieurs blogues sur la plateforme Tumblr. En mars 2025, son compte a été supprimé sans explication. Des courriels pour essayer de comprendre ce qui s’était passé sont restés lettre morte.

Que faire avec le contenu de ces blogues ?

Les Curiosités voltairiennes sont désormais une rubrique ici même. Tout ce qui se trouvait sur Tumblr ne sera pas repris, mais la reconstruction est en cours.

Les Pancartes de la GGI, celles de la Grève générale illimitée de 2012, sont maintenant de ce côté.

Trottoirs de Montréal a été plus difficile à reconstituer, mais l’essentiel devrait être .

La Confluence des tweets (devenu Confluences) et Merci de votre compréhension vont nécessiter, un de ces jours, un considérable ménage. Pour l’instant, les photos ont été reprises en vrac.

Vivez la vie urbaine était alimenté par Chloé Baril, qui l’avait créé, et l’Oreille. Celle-ci ne peut plus y contribuer. Ce blogue reste toujours visible.

Ce sera tout pour aujourd’hui.

 

[Complément du 18 octobre 2025]

Hier, ce courriel, toujours sans justification :

Bonjour,

Après examen de votre compte, nous avons décidé de le réactiver. Vous devriez dès maintenant pouvoir à nouveau vous y connecter en utilisant votre adresse e-mail et votre mot de passe.

Nous vous remercions pour votre patience dans le cadre de cette procédure. N’hésitez pas à nous contacter pour toute autre question.

L’équipe Trust & Safety de Tumblr

Pour l’instant, seul un blogue est de retour en ligne : la Confluence des tweets. Il ne sera évidemment pas mis à jour.

La saga, cependant, continue. Nouveau courriel envoyé hier : et mes autres blogues, hein ?

À suivre.

Autopromotion 837

Logo du libre accès, en gris

En 2024, l’Oreille tendue a mis en ligne — en libre accès et en PDF — quatre de ses livres; c’est ici.

Elle en ajoute trois aujourd’hui.

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill. [PDF]

Melançon, Benoît, l’Oreille tendue, Montréal, Del Busso éditeur, 2016, 411 p. [PDF]

Melançon, Benoît, Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 194 p. [PDF]

Y a qu’à se servir; c’est gratuit.

Lecture normande

Giuliano da Empoli, l’Heure des prédateurs, 2025, couverture

Il y a du pour.

Dans l’Heure des prédateurs (2025), Giuliano da Empoli est très habile à mettre en lumière les comportements politiques contemporains. «Il y a des phases dans l’histoire où les techniques défensives progressent plus vite que les techniques offensives» (p. 46), écrit-il; aujourd’hui les techniques offensives dominent. Il faut toujours agir, de préférence de façon irréfléchie, si on veut rester en position de domination (p. 62-63) : «le chaos n’est plus l’arme des rebelles, mais le sceau des dominants» (p. 75). Les tenants de la gauche (les «avocats») sont de plus en plus dépassés par les événements : «Une ère de violence sans limites s’ouvre en face de nous et […] les défenseurs de la liberté paraissent singulièrement mal préparés à la tâche qui les attend» (p. 49). Cela est particulièrement vrai du développement, non régulé par les États, de l’intelligence artificielle. Le classement des situations politiques qui va, en descendant, de The West Wing à House of Cards puis à The Thick of It ou Veep amuse (p. 23). Des rappels sont utiles : «il n’y a pratiquement aucune relation entre la puissance intellectuelle et l’intelligence politique» (p. 77).

Il y a du contre.

Le livre serait écrit «du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place» (p. 13); ce «scribe aztèque» est une affèterie, dont l’auteur aurait pu faire l’économie sans aucun mal. Montrer sa culture, c’est bien; l’étendre, un brin moins. Faut-il vraiment, dans un livre aussi bref, histoire de contrer la «vague illibérale» (p. 86), convoquer à la barre Sándor Márai, Curzio Malaparte, Prosper Mérimée, Dany Laferrière, Stendhal, Jean Renoir, Gustave Flaubert, Woody Allen, Ortega y Gasset, Thomas Hobbes, Léon Tolstoï, Federico Fellini, Johann Wolfgang von Goethe, Alezandre Kojève, Vasari, Léonard de Vinci, François Guichardin, Roger Nimier, Plutarque, Suétone, William Shakespeare, Dante, Fénelon, Daniel Halévy, Jean Guéhenno, Thomas Mann, Joseph de Maistre, Jean-Paul Sartre, William Gibson, Søren Kierkegaard, Italo Calvino et Franz Kafka (l’Oreille tendue s’excuse par avance auprès de ceux qu’elle aurait oubliés) ? Machiavel est indispensable à la démonstration — nous vivons entourés de personnes inspirées par César Borgia, les «borgiens» —, mais les autres, c’est moins sûr. L’énumération ci-dessus ne comporte pas les noms des politiques innombrables avec qui fraie l’essayiste, de capitale en capitale : il fréquente du beau monde et il accumule les air miles; on a compris.

Il y a du triste : le mot «digitale» mis pour «numérique» (p. 74), l’absence de majuscule à «Mémoires» (p. 81). Chez Gallimard…

 

Référence

Da Empoli, Giuliano, l’Heure des prédateurs, Paris, Gallimard, coll. «Blanche», 2025, 151 p.