Dans le cadre des activités du Salon du livre de Montréal et du cinquantième anniversaire des Presses de l’Université de Montréal, l’Oreille tendue parlera édition scientifique, papier et numérique, en compagnie d’Antoine Del Busso, le directeur général des PUM, ce samedi, le 17 novembre, à 13 h 30 à 13 h, au Carrefour Desjardins. Elle y expliquera, entre autres choses, pourquoi les PUM donnent certains de leurs livres. La journaliste Claudia Larochelle sera à l’animation.
Une semaine dans les mots et dans les médias
Cette semaine, entre autres choses, l’Oreille tendue a appris quelques nouveaux mots.
20 octobre
Anacoluthe du jour
«Même si âgé et fragile, l’entraînement physique reste bénéfique» (la Presse, 20 octobre 2012, cahier publicitaire «Chez soi 55+»).
Donc, si l’on se fie à la syntaxe de cette phrase, un «entraînement physique» pourrait être «âgé et fragile». C’est toujours bon à savoir.
(Quelques jours plus tôt, sur Twitter, @LeDevoir avait, lui aussi, son anacoluthe : «Véronique Hivon renonce à ses fonctions ministérielles. Enceinte, son médecin lui a recommandé un repos complet.» On est heureux d’apprendre que le médecin de Mme Hivon est enceinte.)
22 octobre
L’Oreille tendue connaissait déjà les mobigoinfres et les mobinautes. Grâce à la Presse, elle découvre la mobilographie, cette «écriture de la mobilité» rendue possible par les téléphones dits «intelligents» (22 octobre 2012, cahier Arts, p. 5).
Vous pratiquez cette «écriture» avec un iProduit ? Vous faites alors de l’iphonographie.
(Intermède publicitaire : les Trottoirs de Montréal, que diffuse l’Oreille sur Tumblr, ne relèvent-ils pas de cette mobilographie ?)
22 octobre
Vous faites dans la bibliothèque et dans le blogue ? Vous faites partie de la biblioblogosphère. C’est Daniel Bourrion qui le dit.
23 octobre
Les yeux de beaucoup de Québécois sont tournés, depuis le début septembre, vers la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction, dite Commission Charbonneau. (Un des témoins y a donné un sens inédit au mot redevances.)
Comme il est très souvent question de collusion durant les audiences de la commission, le mot collusionnaire est devenu populaire.
«Appris un nouveau mot grâce à la #ceic : COLLUSIONNAIRE. Sonne comme le stade dégénératif d’une maladie grave. Et c’est exactement ça…» (@MFBazzo)
24 octobre
Une liste de livres ? Une bibliographie. Une liste de disques ? Une discographie. Une liste de films ? Une filmographie. Une liste de ressources sur le Web ? Une webographie. Une liste de sites ?
«BIBS, besoin d’infos ! Connaissez-vous des sitographies recensant les sites sur le cinéma utiles pour le travail des vidéothécaires ?» (@PoivertGBF)
24 octobre
On connaissait l’«angoisse fiscale». Voilà que se manifestent les premiers symptômes de la «détresse hypothécaire» (la Presse, 24 octobre 2012, cahier Affaires, p. 10). La psychopathologie du pognon a un bel avenir.
24 octobre
L’organisme Culture Montréal organisait ce matin une «Table ronde sur la participation culturelle des jeunes à Montréal». Si l’on se fie à Twitter (#JeunesetCulture), l’inventivité lexicale était au rendez-vous. L’Oreille tendue, en tout cas, a étendu son vocabulaire.
Prosommateur : «un profil mixte entre “producteur” et “consommateur”» (@CultureMontreal).
Tricograffiti : «Du tricot dans l’espace urbain» (@CultureMontreal).
Museogeeks : «On s’organise, on aime aussi la spontanéité, on aime le contact» (@CultureMontreal).
25 octobre
Tous les (dé)goûts sont dans la nature.
«Je suis sapiosexuelle #jeudiconfession» (@MadameChos).
Sapiosexuelle ? Une personne, dit Internet, «chez qui l’intelligence de l’autre provoque une excitation sexuelle».
25 octobre
Le plus grand poème sur le joueur de hockey Maurice Richard s’intitule «Homage to Ree-shard», il date de 1976 et il est signé Al Purdy. Son premier vers — «Frog music in the night» — est une allusion à une insulte classique adressée aux Canadiens français, devenus Québécois : ce seraient des «frogs», des «grenouilles».
L’Oreille est toujours étonnée du fait que cette insulte soit encore pratiquée de nos jours. Ce serait le cas dans le monde du sport.
L’exemple le plus récent vient du football canadien. Un joueur (anglophone) des Alouettes de Montréal aurait traité de «frog» un joueur (francophone) des Rough Riders de Regina (la Presse, 25 octobre 2012, cahier Sports, p. 5).
En 2012 ?
25 octobre
La philosophie ne connaît pas de limites. La preuve ? L’«apiphilosophie» («happy philosophie» ?) vient de naître.
De quoi s’agit-il ? Pour un dentiste de la clinique Groupe Api, «la plus importante de Laval et l’une des plus importantes au Québec», il suffit d’être «à l’écoute» de ses clients (la Presse, 25 octobre 2012, dossier publicitaire «Santé dentaire»).
Voilà une doctrine facile à respecter, non ?
26 octobre
Scène de la vie radiophonique
«“S’emmieuter” a dit RHR à #CBMLM “Voyons, je dis même plus ça, moi” MlleCadette» (@PimpetteDunoyer).
N’oublions pas cependant qu’il existe un cas où s’emmieuter est acceptable : quand il est utilisé avec rempirer. Exemple : Les choses vont rempirer avant de s’emmieuter.
Une préposition vous manque, et tout est dépeuplé
L’Oreille tendue a eu l’occasion, à quelques reprises, de causer apocope (il y a une catégorie pour ça).
Plus rarement, elle a parlé ellipse, ici ou là.
Au rayon de l’économie linguistique, un nouveau (?) phénomène vient d’attirer son attention : la disparition de la préposition avec dans partager avec, à moins qu’il ne s’agisse d’une réduction de faire partager en partager.
Deux exemples venus de Twitter (il y en a plein d’autres sur Google).
«Je vous partage ma recette de cupcakes en cornets. Super facile à faire et les enfants adoreront (Les adultes aussi…)» (@ElleMlaMode).
«Apprendre une langue étrangère en ligne & Pascale Buissière nous partage ses sites favoris» (@julielaferriere).
Un mot suffira : non.
[Complément du 11 juin 2013]
Dans la Presse de ce matin : «“Ce que j’aime dans cette pièce, c’est la liberté laissée aux acteurs”, a partagé Normand Chouinard au sujet de la pièce Un homme, deux patrons, qu’il met en scène» (cahier Arts, p. 3).
Encore sur Twitter : «Jean-Pierre Bergeron, notre ancien agent de dével., nous partage son opinion sur le dossier du Marché Richelieu : http://www.soreltracy.com/liter/2012/oct/27o.html» (@GA_VieuxSorel).
C’est toujours non.
Autopromotion 043
La 4e Journée québécoise des dictionnaires se tiendra le 4 octobre à Montréal. Son thème ? «Du papier au numérique : la mutation des dictionnaires.» L’Oreille tendue en présidera une des séances.
Le journal le Devoir des 29-30 septembre lui consacre un cahier spécial.
Le programme du colloque est disponible ici.
Autopromotion 042
L’Oreille tendue ne s’intéresse pas qu’à la langue. La preuve ?
Dans le cadre des Belles soirées de l’Université de Montréal, elle prononcera bientôt une conférence, le 20 septembre (à Longueuil), puis de nouveau le 29 octobre (à Laval), intitulée «Diderot : de l’Encyclopédie à Wikipédia».
Renseignements ici.