Le zeugme du dimanche matin et d’Arnaldur Indridason

Arnaldur Indridason, le Roi et l’horloger, éd. de 2023, couverture

«Le monarque resta un long moment silencieux devant les pièces de l’horloge, chaussé de ses grandes bottes, sa cravache à la main, les jambes aussi chancelantes que son pouvoir absolu.»

Arnaldur Indridason, le Roi et l’horloger, traduction d’Éric Boury, Paris, Métailié, coll. «Bibliothèque nordique», 2023, 315 p., p. 107. Édition originale : 2021.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Divergences transatlantiques 073

«Crachoir en porcelaine à décor, avec un trou au centre du couvercle en forme de large entonnoir et une ouverture latérale pour le vider»

Parlons, si vous le voulez bien, crachoir.

Selon le Petit Robert (édition numérique de 2018), on le tiendrait, tenir le crachoir signifiant «parler sans arrêt». (Voir ici un exemple chez Jean-Bernard Pouy.)

Au Québec, il arrive qu’on le prenne : «Je ne me souviens d’aucun grand discours, cette journée-là, seulement la prise de parole, à tour de rôle et sans micro, de femmes suffisamment décomplexées pour prendre le crachoir» (Au Québec, c’est comme ça qu’on vit, p. 34). Dans cet exemple, il s’agit moins de parler sans arrêt que de prendre la parole.

C’est comme ça.

Illustration : «Crachoir en porcelaine à décor, avec un trou au centre du couvercle en forme de large entonnoir et une ouverture latérale pour le vider», photo déposée sur Wikimedia Commons

 

[Complément du 29 janvier 2024]

Au sens premier, le crachoir est un «Petit récipient muni d’un couvercle dans lequel on peut cracher» (le Petit Robert, édition numérique de 2018). Au Québec, le couvercle était facultatif. C’était le cas chez le grand-père paternel de l’Oreille tendue, qui en garde un souvenir peu ragoûtant : pas de couvercle. C’est aussi le cas dans cette photo probablement prise à l’Hôtel du Canada de Berthierville (merci à l’Ahuntsicoise qui l’a envoyée à l’Oreille). On notera l’avis hygiénique sans équivoque : «Cracher à terre c’est attenter à la vie d’autrui.» C’est noté.

Intérieur de l’Hôtel du Canada, Berthierville, sans date

 

[Complément du 12 juillet 2024]

Le traducteur Éric Boury, dans le Roi et l’horloger, propose «boîte crachats» (p. 112).

 

Références

Indridason, Arnaldur, le Roi et l’horloger, traduction d’Éric Boury, Paris, Métailié, coll. «Bibliothèque nordique», 2023, 315 p. Édition originale : 2021.

Pelletier, Francine, Au Québec, c’est comme ça qu’on vit. La montée du nationalisme identitaire, Montréal, Lux éditeur, 2023, 213 p.

L’oreille tendue de… Arnaldur Indridason

Arnaldur Indridason, la Femme de l’ombre, 2018, couverture

«Thorson ne répondit pas. Ses assaillants chuchotaient sans qu’il parvienne à entendre ce qu’ils se disaient. Ils semblaient se disputer. Apparemment, ils n’étaient pas d’accord. Il avait beau tendre l’oreille, il ne distinguait pas ce qu’ils disaient.»

Arnaldur Indridason, la Femme de l’ombre. Trilogie des ombres, tome 2. Roman, traduction d’Éric Boury, Paris, Seuil, coll. «Points. Policier», P4832, 2018, 384 p., p. 186. Édition originale : 2016.

L’oreille tendue de… Arnaldur Indridason

Arnaldur Indridason, le Duel, 2014, couverture

«Albert tendit l’oreille. La radio diffusait une chanson américaine intitulée Sylvia’s mother, qu’on entendait depuis des semaines dans les émissions de variétés.»

Arnaldur Indridason, le Duel, traduction d’Éric Boury, Paris, Métailié, coll. «Métailié noir. Bibliothèque nordique», 2014, 308 p., p. 17.