La vie est belle

En voiture, l’autre jour, l’Oreille tendue tombe, avenue Laurier Ouest, sur cette boutique :

Biotiful, publicité

 

Que de richesses en ce seul mot de Biotiful !

Il y a ce bio qui rassure : on n’imagine pas de bébés phoques éviscérés ici. Vert, un jour; vert, toujours.

On sait qu’on sera là dans le beau, celui de beautiful, grâce aux services qu’offre ce «marchand de vie» : épicerie, naturopathie, ostéopathie, massothérapie, herboristerie, cours de yoga, cours de cuisine «sur l’alimentation vivante», aromathérapie. On peut même s’inscrire à des «ateliers de mieux-être» : «Nous offrons une série d’ateliers sur le bien-être via la respiration, l’utilisation de produits naturels, le sport, la méditation…» Le «bien-être» par la «respiration»; voilà qui inspire — c’est le cas de le dire — confiance.

Le mélange de français (bio) et d’anglais (tiful, à prononcer tifoule) sonne moderne à plein.

À simplement regarder la page web de la boutique, on se sent déjà mieux et on se réjouit de pouvoir profiter de cette «augmentation du goût de la vie».

P.-S. — On ne confondra pas ce biotiful avec un autre, aussi vert («Coton biologique») et aussi moderne linguistiquement («Huit is biotiful»), mais dans un créneau un brin différent.

Biotiful, publicité

 

Un rendez-vous svp

L’Oreille tendue apprend que le Canada a un «agenda», ce «Carnet sur lequel on inscrit jour par jour ce qu’on doit faire, ses rendez-vous, ses dépenses, etc.» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

Publicité pour une conférence de Peter Van Loan

Elle imagine qu’il doit être volumineux.

 

[Complément du 20 juin 2024]

Cet emploi, directement emprunté à l’anglais, n’est pas propre au Québec. On le trouve, par exemple, dans la traduction hexagonale d’un roman norvégien : «À l’homme qui suit toujours son propre nez, son propre agenda […]» (le Sauveur, p. 73).

 

Référence

Nesbø, Jo, le Sauveur. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 552, 2012, 669 p. Traduction d’Alex Fouillet. Édition originale : 2005.

Langue seconde ?

L’Oreille tendue a un faible pour la Thaïlande. Il lui arrive même, à distance, de consulter l’édition électronique du Bangkok Post. Voilà comment elle est tombée récemment sur un article intitulé «Plan to Make English 2nd Language Vetoed» (19 octobre 2010).

On y apprend que le ministère thaïlandais de l’Éducation vient de refuser de faire de l’anglais la seconde langue officielle du pays; il sera plutôt considéré comme la principale des langues étrangères.

Pourquoi cette subtile distinction ? Parce que les Thaïlandais, dont le nationalisme est viscéral, sont fiers de dire qu’ils n’ont été colonisés par personne, ni les Français, ni les Hollandais, ni les Britanniques. Or faire de l’anglais la langue seconde du royaume pourrait donner l’impression qu’il a déjà été une colonie anglaise. Cela est hors de question.

Thaï : homme libre.

Un tabarnac de scoop

L’entrepreneur numérique Guy Kawasaki lancera Enchantment. The Art of Changing Hearts, Minds, and Actions, son prochain livre, en mars 2011. Il y démontrera notamment que l’utilisation bien dosée du juron peut contribuer à cet enchantment qui, dans le domaine commercial, est à la fois séduction et conviction. Il est possible, oui, d’enchanter son client en sacrant.

Lecteur, tu l’auras d’abord lu chez l’Oreille tendue.

P.-S. — Il est vrai que tu l’auras peut-être entendu ici. Mais ce n’est pas la même chose.

Les amis de ses amis

La moitié de la progéniture de l’Oreille tendue vient de s’inscrire à Facebook. Que faire de ceux qui décident de devenir son ami ? Il faut les adder (to add), ou pas. Mince consolation : cela aurait pu être friender.