L’Oreille tendue est ce matin d’humeur tatillonne.
Saisissant, en quelque sorte, son Petit Robert (édition numérique de 2010), elle trouve trois sens à l’adjectif pertinent.
Elle laisse de côté le premier, qui relève du droit, et le troisième, qui est affaire de linguistique, pour ne retenir que le deuxième — pas le second : «Cour. Qui convient exactement à l’objet dont il s’agit (=> approprié, vx congru, convenable). Une réflexion, une remarque pertinente. • Par ext. Qui dénote du bon sens, de la compétence. => judicieux. Une analyse, une étude pertinente.» Elle constate que les quatre exemples ne portent que sur le travail de l’esprit : réflexion, remarque, analyse, étude.
Elle s’interroge donc quand elle entend dire d’une personne qu’elle serait «pertinente».
«Hommage à Claude Meunier. Absurde et pertinent» (la Presse, 17-18 juillet 2010, p. A1).
«L’excellent et pertinent Louis-Gilles Francoeur vp du BAPE= une maudite bonne nouvelle! Bravo! #polQC» (@MFBazzo).
Encore plus quand il est question d’une chose.
«le plus pertinent disque de Jim Corcoran depuis la Tête en gigue» (le Devoir, 23 février 2005, p. C8).
«Pratique, amusante et encore pertinente» (le Devoir, 12 novembre 2012, p. B5, au sujet de la voiture Scion XB).
L’Oreille espère bien sûr que ces interrogations sont pertinentes.
[Complément du 26 décembre 2012]
L’adverbe pertinemment ne semble pas d’un usage plus aisé : «Il l’avait baisée à couilles rabattues, pertinemment et de tout son cœur […]» (l’Homme chauve-souris, p. 295). On voit à peu près pour «à couilles rabattues» et pour «de tout son cœur». Mais «pertinemment» ?
Référence
Nesbø, Jo, l’Homme chauve-souris. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 366, 2012, 473 p. Traduction d’Élisabeth Tangen et Alex Fouillet. Édition originale : 1997.