Olivieri

Fermeture de la librairie Olivieri

Quand la librairie Olivieri a ouvert ses portes, l’Oreille tendue habitait à l’étranger. Ses amis l’ont prévenue dès son retour : la librairie à fréquenter, près de l’Université de Montréal, se trouvait avenue Lacombe.

Depuis, Olivieri (sur Lacombe, puis sur Gatineau, puis sur Côte-des-Neiges) était devenue la librairie de l’Oreille. Elle y commandait et elle y achetait ses livres, elle y envoyait ses étudiants, elle y assistait à des tables rondes et à des lancements, elle y mangeait (bistro oblige) et elle y causait à l’occasion. Il lui est même arrivé, au début d’une table ronde tenue dans une autre librairie, de remercier la librairie Olivieri pour son accueil ! C’est dire si elle y avait ses habitudes.

La mauvaise nouvelle est tombée ce matin : après 35 ans, Olivieri ferme.

C’est un bien triste jour.

Amazon et la propriété intellectuelle

L’Oreille tendue, à la demande de son éditeur numérique, a récemment créé sa page d’auteur sur Amazon.com.

Première constatation, légèrement embêtante : une page créée sur Amazon.com n’est visible que sur Amazon.com. Pour être présent sur Amazon.fr ou Amazon.co.uk, il faut reprendre l’opération à zéro sur chacun des sites. On aurait aimé qu’en 2011 les frontières nationales soient moins étanches.

Deuxième constatation, beaucoup plus embêtante. L’Oreille tendue n’est plus de la toute première jeunesse, c’est vrai, mais elle n’a publié aucun livre avant 1923. Or, selon Amazon.com, entre autres sites nationaux, son Diderot épistolier de 1996 serait dans le domaine public, car, justement, il aurait paru avant 1923.

C’est du moins ce que prétend Nabu Press, qui vend le livre pour 30,21 $ US, en le présentant ainsi :

This is a reproduction of a book published before 1923. This book may have occasional imperfections such as missing or blurred pages, poor pictures, errant marks, etc. that were either part of the original artifact, or were introduced by the scanning process. We believe this work is culturally important, and despite the imperfections, have elected to bring it back into print as part of our continuing commitment to the preservation of printed works worldwide. We appreciate your understanding of the imperfections in the preservation process, and hope you enjoy this valuable book.

L’Oreille se réjouit de savoir que son livre est «culturally important», mais elle s’inquiète néanmoins de pareil détournement de la propriété intellectuelle. Les droits de Diderot épistolier n’appartiennent pas à Nabu Press, mais aux Éditions Fides, lesquelles n’ont évidemment pas donné leur accord à pareille reprise.

Amazon.com, qui a un service en charge du «Copyright Infringement», a bien sûr été prévenu. L’Oreille et son éditeur attendent toujours une réponse, 23 jours plus tard, malgré un accusé de réponse généré automatiquement : «We will investigate this request shortly and get back to you with an update within 3 days

Une remarque pour terminer.

D’où peut venir le texte numérisé, avec ses «occasional imperfections», qui sert à cette «édition» (à défaut de meilleur terme) ? Sans aller jusqu’à en mettre sa main au feu, l’Oreille parierait que la source est Internet Archive, qui est, contrairement à Nabu Press, une entreprise à but non lucratif. Voilà qui serait bien ironique.

P.-S. — La couverture inventée pour ce Diderot épistolier — nuages sur neiges éternelles — laisse rêveur.

 

[Complément du 6 novembre 2011]

L’Oreille tendue a demandé à Amazon.com de retirer deux titres de la liste de ceux qu’on lui attribue : ce Diderot épistolier, pour les raisons exposées plus haut, et Réaliser un film en animation 3D, dont il n’est pas l’auteur (il y a plus d’un Benoît Melançon [mais une seule Oreille tendue]). Amazon.com a refusé : «At this time we cannot accept the following suggestions» (courriel du 4 novembre). Merci, Amazon.com.

Benoît Melançon, Diderot épistolier, 1996, couverture