L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Chambre bleue, éd. de 1964, couverture

«Dans l’escalier aux marches usées, l’ombre était plus fraîche et Tony, ses vêtements sur le bras, montait un étage, trouvait, au fond du couloir, une porte entrouverte, Françoise, en robe noire et tablier blanc, qui changeait les draps d’un lit. Elle le regarda de la tête aux pieds et commença par rire.

“Vous, alors, monsieur Tony !… Vous vous êtes disputés ?…

— Chut…

— Que se passe-t-il ?…

— Son mari…

— Il vous a surpris ?

— Pas encore… Il se dirige vers l’hôtel…”

Il se rhabillait fébrilement, l’oreille tendue, s’attendant à reconnaître le pas mou de Nicolas dans l’escalier.»

Georges Simenon, la Chambre bleue, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1329-1438 et 1664-1674, p. 1337. Édition originale : 1964. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

Les Parisiens auraient un accent

Georges Simenon, la Chambre bleue, éd. de 1964, couverture

Selon certains habitants de Paris, dit-on, les autres — tous les autres — auraient un accent, mais pas eux. Simenon n’est pas d’accord. Extrait du roman la Chambre bleue en 1964 :

Près d’un pont enjambant l’Orneau, toute une famille pêchait à la ligne, y compris une petite fille de six ans qui venait de tirer un poisson de l’eau et qui ne savait comment le décrocher. Sûrement des Parisiens. L’été, on en voyait partout; il y en avait chez son frère aussi et, de la chambre bleue, tout à l’heure, il avait reconnu leur accent à la terrasse (p. 1340).

Qu’ils se le tiennent pour dit.

 

Référence

Simenon, Georges, la Chambre bleue, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1329-1438 et 1664-1674. Édition originale : 1964. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, les Complices, 1956, couverture

«Lambert savait qu’il était trop tard. Il avait fait la guerre, vu brûler des tanks, des camions, des avions abattus.

Il fallait qu’il conserve son sang-froid, qu’il ne tende pas l’oreille au bruit des sirènes qui lui rappelait le hurlement désespéré de l’autocar.»

Georges Simenon, les Complices, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1109-1223 et 1637-1648, p. 1115. Édition originale : 1956. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge, éd. de 1942, couverture

«Tous deux, au même moment, tendirent l’oreille. On percevait un bruit anormal, dont il était difficile de préciser la provenance. Enfin ils se tournèrent vers la porte qui communiquait avec le réduit voisin.

C’était Mme Flament qui pleurait, toute seule dans son coin, à petits sanglots réguliers, les deux bras repliés sur sa machine à écrire, le visage dans les bras.»

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 329-448 et 1539-1551, p. 394. Édition originale : 1942. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.