Méfions-nous

Derrière les apparences se cachent parfois des choses troubles. Les journaux ne cessent de le répéter : là, c’est sombre.

«Le côté sombre de l’art public» (la Presse, 3 décembre 2011, cahier Arts, p. 20).

«Le côté sombre de Bobby Hull» (la Presse, 15 octobre 2011, cahier Sports, p. 3).

«Le côté sombre d’une grande actrice» (la Presse, 24 février 2011, cahier Arts et spectacles, p. 10).

«Le côté sombre de l’Ohio» (la Presse, 30 juillet 2010, cahier Arts et spectacles, p. 1).

«Le côté sombre d’une victoire» (le Devoir, 3 novembre 2009, p. A3).

«Le côté sombre du modèle» (la Presse, 6 décembre 2003, cahier Plus, p. 3).

«Le côté sombre de l’assiette» (la Presse, 20 juin 2009, cahier Cinéma, p. 6).

«Le côté sombre des Golden Globes» (la Presse, 21 janvier 2004, cahier Arts et spectacles, p. 1).

«Le “côté sombre” des nouvelles technologies» (la Presse, 15 mai 2006, cahier Auto, p. 5).

«Le côté sombre des nouvelles technologies» (le Devoir, 6 mai 2002).

«Le côté sombre de Stephen Harper» (le Devoir, 9 décembre 2008, p. A8).

Mais il n’y a pas que sombre. Il y a aussi obscur, négatif ou noir.

«Le côté obscur du cœur» (le Devoir, 21-22 août 2010, p. E7).

«Le côté obscur de Herbert Black» (la Presse, 26 novembre 2005, cahier Affaires, p. 1).

«Le côté obscur de Miami» (le Devoir, 29-30 juillet 2006, p. E5).

«Le côté obscur de Wall Street» (le Devoir, 15 septembre 2003).

«Le côté obscur de l’internet» (la Presse, 15 février 2010, cahier Affaires, p. 3).

«Le côté négatif de l’embourgeoisement» (la Presse, 21 novembre 2004, cahier Plus, p. 3).

«Le côté noir des femmes» (la Presse, 8 mars 2002).

Ce n’est pas rassurant tout ça.

Modeste suggestion

En première page du cahier «Sports» de la Presse du 30 novembre, ceci : «Poolers. Des joueurs à acquérir. D’autres à se départir.»

N’aurait-il pas fallu écrire D’autres à se départir de ?

L’art de rebuter son lecteur

Étrange titre, à plusieurs titres, que celui-ci, tiré du Devoir : «La société québécoise et occidentale vit une phase creuse» (5-6 novembre 2011, p. G4).

La société québécoise n’est-elle pas nécessairement occidentale ? «Québécoise et occidentale» n’est-il pas pléonastique ?

Le Devoir ne dit pas «québécoise occidentale»; il dit «québécoise et occidentale». Pourquoi ce «et» ? Y a-t-il une société québécoise non occidentale ?

Faut-il plutôt lire, elliptiquement, que La société québécoise et la société occidentale vivent une phase creuse ? Si oui, autre problème, et retour à la case départ : en quoi la société québécoise serait-elle différente de la société occidentale ?

Peut-être, pour comprendre, aurait-il fallu lire l’article. Son titre n’y invitait pas. L’Oreille tendue, elle, a passé son chemin.

Citation emberlificotée du jour

Le livre Ne vous taisez plus de Denise Bombardier et Françoise Laborde (2011) «est né des échanges informels qu’ont eues [sic] les deux femmes durant l’affaire DSK, où la Française et la Québécoise comparaient les réactions de leurs cultures respectives devant le geste sexuel fait par l’ancien président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, alors potentiel candidat présidentiel, auprès d’une femme de chambre immigrée à New York» (la Presse, 30 septembre 2011, cahier Arts et spectacles, p. 7).

«Faire» un «geste sexuel […] auprès d’une femme de chambre» ? L’Oreille tendue a déjà lu moins tortueux.

Ça, c’est du sérieux

Vous pouvez tout bonnement décider de faire ceci ou cela. Vous pouvez même — l’Oreille tendue vous le souhaite — choisir de vivre. Il est vrai que cela fait un peu plouc.

Marie-Lise Labonté, dans une publicité du Devoir du samedi 10 septembre, vous propose mieux : «Nous pouvons quitter l’état de victime et nous positionner dans le choix de vivre» (p. A2).

«Se positionner dans le choix de vivre» : voilà qui inspire confiance, non ?