La première partie du périple de l’Oreille tendue a été parisienne et normande. La seconde — pas la deuxième, malheureusement — sera strictement parisienne.
19 novembre 2016
Place Saint-Sulpice
Neige sur la Lutèce d’antan.
Quais de la Seine, rive gauche
Notre-Dame est un des monuments de l’architecture religieuse française.
Quais de la Seine, rive gauche
Premier article d’une liste de vœux pour Paris. Faire disparaître la tour Montparnasse, pas la gare. (L’Oreille tendue sait qu’elle se répète.)
Quais de Seine, rive droite
C’est aussi cela la mondialisation.
Quais de Seine, rive droite
Voir passer un bus qui vous emmène gratuitement de Paris chez Ikea. Avoir une pensée pour Nicolas Dickner.
Rue Jacques-Cœur
Si l’Oreille tendue comprend bien, on fabrique des grilled cheese à Paris. Est-ce à dire qu’ils sont urbains ?
Rue Castex
Un demi-Castex-et-Surer.
Devant le Bazar de l’hôtel de ville
Un mendiant sollicite les passants à distance : sa sébile cartonnée est accrochée au bout d’une canne à pêche. Pour le dire en bourdieusien : voilà quelqu’un qui a parfaitement assimilé la logique de la distinction. Il mendie, mais pas comme tout le monde. On peut imaginer qu’il espère sortir du lot et tirer une plus-value de sa singularité. Cela reste à démontrer. (L’Oreille a le vague sentiment que ce mendiant est là depuis quelques années. La mémoire n’est plus ce qu’elle était.)
À l’hôtel
Lisant à distance un journal montréalais, l’Oreille tendue, qui a consacré une partie de sa thèse de doctorat aux lettres de Diderot à Sophie Volland, découvre qu’Alexandre Jardin recommande la lecture de ces lettres. Que doit-elle désormais penser d’elle-même ?
20 novembre 2016
Tour Eiffel
L’art de l’égoportrait.
Musée du Quai de Branly-Jacques Chirac
Un peu par hasard, l’Oreille visite l’exposition The Color Line. Les artistes africains-américains et la ségrégation. Objectif de l’entreprise ?
Quel rôle a joué l’art dans la quête d’égalité et d’affirmation de l’identité noire dans l’Amérique de la Ségrégation ? L’exposition rend hommage aux artistes et penseurs africains-américains qui ont contribué, durant près d’un siècle et demi de luttes, à estomper cette «ligne de couleur» discriminatoire.
L’Oreille, qui s’attendait à y trouver ses amis Jackie Robinson — c’est du baseball — et Ella Fitzgerald — c’est du jazz —, n’a pas été déçue. Le premier est photographié en compagnie de Branch Rickey. De la seconde, on peut voir un portrait, par Beauford Delaney (1968), que l’Oreille ne connaissait pas.
Il y avait bien plus important et bouleversant, notamment des images de lynchage.
Puis, juste avant de sortir, un exemplaire de la traduction française de Between the World and Me (2015) de Ta-Nehisi Coates, livre qu’admire l’Oreille tendue.
Rue de la Gaieté
Donner quelques pièces à la famille de quatre personnes qui dort sur le trottoir et mesurer l’inanité de ce geste.
21 novembre 2016
Avenue du Maine
L’Oreille aurait attendu un bar à cigares.
Grand Palais
Vue tout à l’heure la riche exposition Hergé. Il y a le bédéiste, évidemment, mais aussi l’amateur d’art contemporain et, surtout — découverte pour l’Oreille —, l’illustrateur publicitaire. En plus, le père de Tintin aimait Ella Fitzgerald.
P.-S. — Un mur est fait des éditions de Tintin dans d’autres langues que le français. Heureusement, l’album «en québécois» ne paraît y être. Heureusement.
Rue du Vieux-Colombier
L’Oreille découvre l’expression à l’ouest : «Être à l’ouest, déphasé, complètement désorienté, déboussolé», dit le Petit Robert (édition numérique de 2014). En son premier sens («déphasé»), elle pourrait évoquer le champ gauche prisé au Québec.
22 novembre 2016
L’Oreille ne croit pas en l’idée d’une subversion en art. Encore moins quand la subversion est publicisée par la Monnaie de Paris.
Références
Coates, Ta-Nehisi, Between the World and Me, New York, Spiegel & Grau, 2015, 152 p. Ill.
Melançon, Benoît, Diderot épistolier. Contribution à une poétique de la lettre familière au XVIIIe siècle, Montréal, Fides, 1996, viii/501 p. Préface de Roland Mortier. https://doi.org/1866/11382