Douze néologismes pour un mercredi matin

Collanterie chez Jean Coutu

Qui souhaite sortir de l’enfer de la drogue peut faire appel à un narco-pilote (la Presse+, 25 juin 2014).

Qui souhaite être un peu feeling avant de manger et n’a pas peur de la drogue peut se permettre un apérispliff (la Canicule des pauvres, p. 513).

Qui souhaite varier l’utilisation de ses muscles peut devenir spornosexuel (la Presse+, 24 juin 2014).

Qui souhaite transformer sa garde-robe peut élire le «look ethnochic» (la Presse+, 13 juin 2014).

Qui souhaite renouveler sa garde-robe peut fréquenter la collanterie (@marinegroulx).

Qui souhaite tout faire en matière municipale peut jouer à l’omnimaire (@MFBazzo).

Suivant Gérard Genette (Bardadrac, 2006), qui souhaite ne plus se faire traiter de bibliothécaire bordélique peut s’autodéfinir anarchiviste (@LieuxDeSavoir).

Qui souhaite être à la mode, mais pas comme tout le monde, peut se proclamer bopasbo, bohème mais pas bourgeois (la Presse, 29 mars 2014, cahier Gourmand, p. 4).

Qui souhaite causer entre voisins, mais pas chez lui, peut, sur le Plateau, fréquenter le placottoirLe blog urbain», le Devoir, 10 juillet 2014). Le Journal de Rosemont – La Petite-Patrie parle, lui, de parklet (9 avril 2014).

Qui souhaite mêler décoration et écologie peut pratiquer la rénovation décologique (blogue Poutine et Tartiflette).

Qui souhaite avouer sa passion immodérée des livres peut s’autodiagnostiquer bibliolique (@LibrairieMonet).

 

Référence

DesRochers, Jean-Simon, la Canicule des pauvres. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2009, 671 p.

Six phobies pour bien terminer la semaine

Le Devoir, 6 janvier 2014

Phobie : «1. PSYCHOL. Crainte excessive, maladive et irraisonnée de certains objets, actes, situations ou idées. […] 2. COURANT Peur ou aversion instinctive. […] Flaubert et “sa phobie des pronoms relatifs(Thibaudet)» (le Petit Robert, édition numérique de 2014).

La peur de manquer de matériel de lecture ? L’abibliophobie (@JSCarroll).

L’aversion envers les étudiants en philosophie ? La philophobie.

La crainte de ne plus avoir accès à son téléphone cellulaire ? La nomophobie.

La rejet des référendums ? La référendumophobie (@guidoustonge).

La menace contre la famille ? La familiphobie.

La «rancœur», parisienne, «à l’égard des bars et commerces ouverts tard la nuit» et qui dérangent les voisins ? La bistrophobie (TimeOut Paris).

 

[Complément du 3 juin 2015]

On vous reproche de ne pas procréer ? De la pasdenfantophobie, dixit le Journal de Montréal.

Citation lexicographique du jour

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich, 1996, couverture

«ce n’est ni la volonté ni l’exactitude du spécialiste qui décident si un mot nouveau est communément admis ou non, mais bien l’humeur et l’imagination de la communauté.»

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue, Paris, Albin Michel, coll. «Agora», 202, 1996, 372 p., p. 173. Traduit de l’allemand et annoté par Élisabeth Guillot. Présenté par Sonia Combe et Alain Brossat.

 

[Complément du 5 décembre 2014]

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 5 décembre 2014.

Du miroir photographique

Autoportrait au crâne

Le selfie a déjà fait couler beaucoup (trop) d’encre. Et il a essaimé.

Une photo de téléphone cellulaire (les portables hexagonaux) ? Un cellfie.

Une photo devant sa bibliothèque ? Un shelfie.

Une photo de fermier ? Un felfie.

On n’arrête pas le progrès.

P.-S. — En français ? Selon l’un, égoportrait, autoportrait ou autophoto. Selon un autre, moivatar.

 

[Complément du 11 juillet 2014]

Et ça continue…

Avec un phoque ? Un sealfie (#sealfie).

Avec un poisson ? Un selfish (@danyturcotte).

Au bureau de vote ? Un selfisoloir (Émilie Mouchard).

Aux chiottes ? Un scato-selfie (@culturelibre).

 

[Complément du 12 janvier 2016]

Fournée du jour…

En allaitant ? Un brelfie (#brelfie).

En voyageant ? «Un égoportrait fait à Terre-Neuve s’appelle-t-il un snewfie ?» (@Franciskl)

En faisant voler un drone ? Un dronie.

En vous tenant près d’un être cher ? Un relfie.

Campagne Centraide, métro de Montréal, janvier 2016

Douze mots-valises pour un mardi matin

Un bar et une arcade : un barcade.

Une cave (avec un bar ?) pour un homme : une mancave.

Quelqu’un d’ascendance africaine vivant dans un pays européen : un Afropéen.

Un fan qui pratique le sous-titrage : un fansubber.

Le vert du billet vert et le vert écolo : l’écofiscalité.

Un éditeur (publisher) offrant une plateforme numérique (platform) : un platisher.

La séduction de la Chine : «La “Grande Sinoduction”» (la Presse, 28 octobre 2013, cahier Affaires, p. 6).

Un humain qui maltraite son estomac : un gastromasochist.

Un communiqué de presse repris par un journaliste : de l’infobarattage. C’est la traduction que propose le Devoir (21 mai 2013, p. B7) de churnalism (churn + journalism).

Un fan aussi intolérant qu’un taliban : un talifan (la Presse, 11 mai 2013, cahier Arts, p. 3).

Un anglophone en colère : un angryphone (le Devoir, 21 février 2013, p. A6).