L’oreille tendue de… Dante / Brea, et vice versa

Antoine Brea, l’Enfer de Dante mis en vulgaire parlure, 2021, couverture

«Ici, pour autant qu’on peut tendre assez
l’ouïe, y a nul pleur, mais des soupirements
qui troublent l’air sans futur ou passé;

ça provient de la douleur (sans tourments)
qu’éprouvent les masses en nombre et grandes
d’hommes, de dames et de garnements» (p. 48, vers 25-30).

 

«Donc on mit notre palabre au point mort,
et vers eux seuls on tendit l’oreillette» (p. 230, vers 38-39).

 

Antoine Brea, l’Enfer de Dante mis en vulgaire parlure. Poème, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 160, 2021, 390 p.

Traces

Antoine Brea, l’Enfer de Dante mis en vulgaire parlure, 2021, couverture

L’Oreille tendue — c’est une de ses nombreuses batailles perdues d’avance — n’aime pas l’emploi du verbe quitter sans complément. C’est comme ça et ça dure depuis sa naissance en 2009.

Elle s’en plaignait déjà, par exemple, le 7 juillet 2009. François Bon lui avait alors signalé l’existence de «on trace», en France, dans un sens similaire.

Depuis, elle a repéré quelques occurrences de ce verbe.

«— Je croyais que tu avais tracé, dit Mikael.
— J’ai fait demi-tour à Uppsala» (Millénium 1, p. 497).

«Un expert trace à Samothrace […]» (Salut, mon pope !, p. 22).

Nouveau repérage dans le prodigieux Enfer de Dante mis en vulgaire parlure d’Antoine Brea :

«après nous ils vont tracer plus féroces
qu’un dogue ayant le garenne aux babines…» (p. 209)

La chasse continue.

 

[Complément du 24 septembre 2021]

L’Oreille, lisant le «Glossaire» du livre d’Antoine Brea, trouve cette définition de tracer : «Ne pas s’arrêter, marcher vite, filer» (p. 387).

 

Références

Brea, Antoine, l’Enfer de Dante mis en vulgaire parlure. Poème, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 160, 2021, 390 p.

Larsson, Stieg, les Hommes qui n’aimaient pas les femmes. Millénium 1, Arles, Actes Sud, coll. «Actes noirs», 2006, 574 p. Traduction de Lena Grumbach et Marc de Gouvenain. Édition originale : 2005.

San-Antonio, Salut, mon pope ! Roman spécial-police, Paris, Fleuve noir, coll. «S.A.», 25, 1974, 254 p. Édition originale : 1966.

L’oreille tendue de… Lamartine

Portrait de Lamartine

«Tâtonnant les murs froids dans une demi-nuit,
Elle tendait l’oreille au moindre petit bruit.
Tout-à-coup des pas sourds lui font lever la tête,
Quelqu’un monte à la tour et paraît sur le faîte;
Il incline son corps sur l’abîme profond,
Et son regard errant semble chercher au fond.»

Alphonse de Lamartine, la Chute d’un ange, épisode, Paris, Charles Gosselin et W. Coquebert, 1838, tome premier, viii/294 p., p. 160.

Illustration : portrait de Lamartine déposé sur Wikimedia Commons