Accouplements 271

Drapeau du Portugal

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dan Brown, dans son plus récent roman, The Secret of Secrets (2025), emberlificote une intrigue autour de la nature de la conscience : s’agit-il, comme le disent les matérialistes, d’un phénomène physicochimique ou plutôt, comme le croient les noéticiens, d’un milieu dans lequel baigneraient les êtres humains ? Un des nombreux contentieux entre les deux groupes concerne les cas où quelqu’un développerait, sans raison apparente, des savoirs inattendus : «In other words, you get conked on the head, and you wake up a virtuoso violonist, or fluent in Portugese, or a genius at math — where you previously possessed none of these skills» (p. 122; «Autrement dit, vous recevez un coup sur la tête et vous vous réveillez virtuose du violon, parlant couramment le portugais ou étant un génie des mathématiques — alors que vous ne possédiez aucune de ces compétences auparavant.»).

La série télévisée Seinfeld offre une situation semblable. Dans le 143e épisode (huitième saison, neuvième épisode), «The Abstinence», George Costanza, au moment où il est forcé à l’abstinence sexuelle, développe des facultés d’apprentissage inexplicables. Par exemple, il se met à parler portugais sans jamais avoir appris cette langue. (Cette maîtrise disparaîtra bientôt.)

 

 

Cela laisse grande ouverte une question : pourquoi le portugais ?

 

Référence

Brown, Dan, The Secret of Secrets. A Novel, New York, Doubleday, 2025, 675 p. Ill.

Une roue peut en cacher une autre

Laurence La Palme, Jour de clarté, 2025, couverture

Soit cette phrase, tirée d’un roman d’espionnage de Laurence La Palme — c’est un pseudonyme —, Jour de clarté (2025) : «Puis il donna un coup de roue et nous nous retrouvâmes sur un chemin forestier» (p. 127).

L’homme qui conduit la voiture dont il est question n’a frappé personne avec une de ses quatre roues. Ce «coup de roue», venu de l’anglais, est plutôt un «coup de volant» («wheel»).

À votre service.

 

Référence

La Palme, Laurence, Jour de clarté. Roman. Tome 1, Montréal, Le Cheval d’août, 2025, 140 p.

Les zeugmes du dimanche matin et de Frédéric Lenormand

Frédéric Lenormand, . Docteur Voltaire et Mister Hyde, 2025, couverture

«Au retour, [Buffon] avait produit une étude sur la manière de mesurer des carreaux avec des aiguilles, fort bien reçue par l’Académie, et ambitionnait de dominer le monde des sciences de la même manière que [Voltaire] dominait le bon goût, la pensée moderne et le potage aux lentilles» (p. 41).

Voltaire «offrait une cible facile aux assassins, aux espions de Hérault et aux pâtés de sanglier» (p. 49).

«De son côté, la voiture anglaise, parfaitement suspendue grâce à des ressorts issus d’une industrie en avance sur son temps, poursuivit en direction de Douvres et des exils non consentis» (p. 54).

«Il avait besoin de renseignements sur les rats pestiférés et, accessoirement, d’un logis sûr pour la nuit» (p. 131).

«Voltaire eut envie de répondre : avec joie et avec du thym à la soude» (p. 164).

Frédéric Lenormand, Voltaire mène l’enquête. Docteur Voltaire et Mister Hyde. Roman, Paris, Le livre de poche, 2025, 236 p. Édition originale : 2018.

L’oreille tendue de… Fred Vargas

Fred Vargas, Sans feu ni lieu, éd. de 2001, couverture

«Louis s’écroula sur son lit à deux heures trente du matin, saturé, et décida qu’il ne se lèverait pas demain.

D’ailleurs, c’était dimanche.

Il ouvrit les yeux à midi moins dix, mieux disposé à l’égard de la vie. Il étendit son bras droit, alluma la radio pour entendre les nouvelles du monde et se mit pesamment debout.

C’est depuis sa douche qu’il entendit un mot qui l’alerta. Il ferma le robinet, et, dégouttant d’eau, tendit l’oreille.»

Fred Vargas, Sans feu ni lieu, Paris, J’ai lu, 2001, 282 p., p. 155. Édition originale : 1997.