Le zeugme du dimanche matin et de Ruth Rendell

Ruth Rendell, Some Lie and Some Die, éd. de 1994, couverture

«The suite was on the first floor. They were admitted not by Nell but by a small dark man of about thirty who introduced himself as Godfrey Tate and who favoured them with a narrow smile. There was something spare and economical about him from his longish thin black hair and dab of moustache to his tiny feet in lace-up boots. He wore tube-like black slacks, a very tight skimpy black shirt, and the air of one who rations his movements, his speech and his manners to the starkest barrenness social usage permits.»

Ruth Rendell, Some Lie and Some Die. An Inspector Wexford Mystery, Londres, Arrow Books, 1994, 191 p., p. 94. Édition originale : 1973.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Deux visions d’un cabinet

Couvertures de Till Death Do Us Part et The Size of Thoughts, collage

Celle, détaillée, de John Dickson Carr :

«There was a chair at Dick’s elbow. He sat down in the chair. Colonel Pope, the owner of this cottage, had turned the sitting-room into a place of shabby and slippered comfort. Pipe-smoke had tinged grey the white-plaster walls, and seasoned the oak beams. Round the walls ran a single line of military prints from the early and middle nineteenth century, their colours of battle and uniform softened by time yet still vivid» (p. 44).

«Dick leaned back in the chair. He felt bruised and deflated; but he was not feeling the worst yet, for the shock had not passed off. This placid sitting-room, with its military prints and its dark oak beams and its Benares brass ornaments on the mantelpiece, seemed as unreal as the history of Lesley» (p. 61).

Celle, condensée, de Nicholson Baker :

«so pipe-smokingly Indo-European» (p. 70).

On peut préférer la seconde à la première.

P.-S.—Certes, ce n’est pas la première fois que nous croisons cette citation de Nicholson Baker.

 

Références

Baker, Nicholson, The Size of Thoughts. Essays and Other Lumber, New York, Random House, 1996, 355 p. Ill.

Carr, John Dickson, Till Death Do Us Part, Londres, British Library, coll. «British Library Crime Classics», 2021, 254 p. Édition originale : 1944. Introduction de Martin Edwards.

Les zeugmes du dimanche matin et de Tristan Saule

Tristan Saule, les Sept Robes, 2025, couverture

«En plus de son chien, il est accompagné par la réputation de violence et d’absence totale de pitié qu’il s’est taillée ces dernières années» (p. 25).

«Il y a eu d’autres combats après celui-là, et aucune victoire, juste une avalanche de coups, assénés sur son corps, sa fierté et ses espoirs» (p. 113).

«Après leur violente rencontre qui l’a laissé avec une arcade fendue et un orgueil blessé, Lounès n’a cessé de ressasser cette nuit et d’espérer le jour où viendrait sa vengeance» (p. 335).

Tristan Saule [pseudonyme de Grégoire Courtois], les Sept Robes. Roman. Chroniques de la place carrée. V, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 06, 2025, 361 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

La filature immobile

Georges Simenon, Monsieur La Souris, 1938, couverture

Les occasions de sourire sont bien rares dans l’œuvre de Simenon. Signalons néanmoins ce passage, tiré de Monsieur La Souris :

Est-ce que le commissaire Lucas prenait les mots à la lettre quand il avait dit à l’inspecteur [Lognon] :

— Il y a peut-être quelque chose… Mettez vous sur le bonhomme [le clochard surnommé Monsieur La Souris]…

Le fait est que Lognon était presque dessus, au sens littéral du terme. […] Dès le matin, il avait suivi le vieux à moins de trois mètres et il n’avait pas bronché quand La Souris s’était arrêté.

— Dites donc, monsieur l’inspecteur… Vous ne croyez pas que nous avons l’air bête à nous suivre ainsi sans un mot ?… Sii vous voulez, on pourrait marcher ensemble… Sans compter que ce serait plus gai…

Lognon s’était contenté de tourner la tête de l’autre côté et de rester debout au milieu du trottoir, comme si on ne lui eût pas adressé la parole.

— Bon !… C’est comme vous voudrez !… Ce que j’en disais, c’était autant pour vous que pour moi… Paraît-il que, dans le temps, les grands seigneurs se faisaient suivre dans la rue par un larbin…

La Souris enrageait ! Il ne savait où aller, ni que faire et il essaya d’écœurer l’inspecteur par les allées et venues les plus fantaisistes, se mettant soudain à courir, s’arrêtant un quart d’heure au même endroit, repartant au ralenti pour entrer soudain dans une boutique (p. 427-428).

On n’a plus les filatures policières qu’on avait.

 

Référence

Simenon, Monsieur La Souris, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. «Omnibus», 1992, 383-481. Édition originale : 1938.