Portraits au gris et au noir

Andre Agassi, Open, 2010, couverture

1.

«Il savait bien que le commissaire Pigeac était là, derrière son dos, à la table des quarante à cinquante ans. Il l’avait vu entrer, en pardessus gris, un chapeau gris sur la tête, le visage gris. Il faisait penser à un poisson, à une merluche terne, et gardait toujours un sourire froid aux lèvres, comme pour laisser entendre qu’il en savait long.»

Georges Simenon, les Fantômes du chapelier, Paris, Presses de la Cité, 1986, 189 p., p. 52. Édition originale : 1949.

2.

«In the Town Car Gil sits in the front seat, dressed sharp. Black shirt, black tie, black jacket. He dresses for every match as if it’s a blind date or a mob hit

Andre Agassi, Open. An Autobiography, New York, Vintage Books, 2010, 385 p., p. 11. Édition originale : 2009.

Du roman comme manuel

Ian Manook, Yeruldelgger, 2016, couverture

Certaines mauvaises langues disent que la littérature est inutile. C’est évidemment faux. En lisant des œuvres de fiction, on peut apprendre des choses rares, par exemple la façon d’utiliser un moteur de recherche.

Soit le cas de Yeruldelgger (2013), le polar d’Ian Manook :

Le moteur de recherche lui proposa quatre-vingt mille résultats pour «chef, patronat, Corée». Elle en réduisit le nombre à douze mille en ajoutant «visite Mongolie», puis filtra encore les résultats en ajouant «naadam» à sa recherche pour obtenir cent huit réponses (éd. de 2016, p. 304);

Park Kim Lee était un patronyme plutôt connu avec quarante-sept millions d’entrées sur le moteur de recherche, mais en quelques mots-clés relatifs aux affaires, à la fortune et au business, Solongo éliminina les acteurs, les joueurs de foot et autres quidams pour isoler quelques milliers de résultats seulement, avant de cliquer sur l’option image (éd. de 2016 p. 311).

Merci pour la (double) leçon, Monsieur le professeur. Que ferions-nous sans vous ?

 

Référence

Manook, Ian, Yeruldelgger. Roman, Paris, Albin Michel, coll. «Le livre de poche. Policier», 33600, 2016, 646 p. Avant-propos inédit de l’auteur. Édition originale : 2013.

Les zeugmes du dimanche matin et d’Ian Manook

Ian Manook, Yeruldelgger, 2016, couverture

1.

«Ils descendirent de la voiture, lui surveillant les alentours et Colette ses escarpins rouges» (p. 515).

Ian Manook, Yeruldelgger. Roman, Paris, Albin Michel, coll. «Le livre de poche. Policier», 33600, 2016, 646 p. Avant-propos inédit de l’auteur. Édition originale : 2013.

2.

«Écoute-moi bien : je suis un vieux flic fatigué. Traquer des minables comme toi a fracassé ma vie. J’y ai perdu mes amours, beaucoup d’amis, pas mal de ma santé, et beaucoup de temps» (p. 217).

«Il parlait d’une voix calme, sans véritable colère, tout en conduisant avec prudence à travers la ville écartelée par les vents, les terrains vagues et la tristesse» (p. 318).

«J’ai une carte de flic, un autre flingue et aucun remords» (p. 359).

«Ça va être plus dur pour toi maintenant, à pied, dans la steppe, et dans ma ligne de mire» (p. 540)

Ian Manook, les Temps sauvages. Roman, Paris, Albin Michel, coll. «Le livre de poche. Policier», 34208, 2016, 573 p. Édition originale : 2015.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)