Le chemin le plus court vers la correction linguistique en français

La langue française vous donne du mal ? Vous ne connaissez pas le genre de «nutrition» ? Vous hésitez, en matière de formation, entre «cour» et «cours» ? Cela donnera l’affichette suivante.

Nutrition, publicité, 2013

Vous vous rendez compte que quelque chose cloche. Vous voulez régler l’affaire une bonne fois pour toutes ? La solution est simple.

Nutrition, publicité, 2013

Certains, devant la même publicité, seront peu sensibles aux questions de langue et de (non-)bilinguisme.

Nutrition, publicité, 2013

P.-S. — Les habitués de trottoirsdemontreal.tumblr.com reconnaîtront la première photo. La deuxième et la troisième sont plus récentes. Elles ont été prises dans le même quartier, quelques mois plus tard.

Le zeugme publicitaire du dimanche matin

Vue dans le métro de Montréal, le 15 novembre 2012, cette publicité pour les bottes Olang : «Pour les 250 points de vente et courir la chance de gagner une paire de bottes.» Le zeugme, si c’en est un, était-il bien volontaire ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une anacoluthe ?

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Lourd bagage familial

Dans l’écosystème intergénérationnel de l’Oreille tendue, on entend souvent, du père vers ses fils, fuser l’interrogation suivante : «Est à droite ou à gauche ?»

Il s’agit évidemment de la forme ramassée de l’interrogation «La poignée que j’ai dans le dos, elle est à droite ou à gauche ?» (Réponse habituelle, et prévisible : «Au centre.»)

Avoir une poignée dans le dos, donc. Traduction libre : être pris pour une (bonne) poire, une valise.

Exemples journalistiques :

«Ne vous retournez pas trop vite, vous pourriez constater avec dépit que c’est bien une poignée que vous avez là dans le dos» (le Devoir, 14 novembre 2000);

«Heu, la poignée dans le dos, elle est à gauche ou à droite ?» (le Devoir, 7 avril 2003);

«Alors M. Galarneau, ma poignée dans le dos, elle est à gauche ou à droite ?» (le Devoir, 12 mai 2003)

Dans son Petit Robert (édition numérique de 2010), l’Oreille découvre la locution suivante : «Con comme une valise (sans poignée) : totalement idiot (en parlant d’une personne).» Serions-nous devant un cas de divergence transatlantique ?

 

[Complément du 3 octobre 2016]

L’expression est commune. On la retrouve même dans des publicités, par exemple celle-ci, tirée de la Presse+ du 1er octobre dernier.

Publicité de Nutri lait, la Presse+, 1er octobre 2016

 

[Complément du 8 juillet 2017]

Qui ne connaît pas le sens de l’expression avoir une poignée dans le dos aura du mal avec ce poème de Philippe Chagnon tiré de Arroser l’asphalte (2017) :

lorsque je passe près d’eux
de jeunes adolescents criant des insanités
recouvrent leur tête de murmures capuchonnés
s’aperçoivent que dans mon dos
tout près de la poignée
quelque chose est envisageable
comme la possibilité de se taire
avant qu’il ne soit trop tard (p. 60)

 

Référence

Chagnon, Philippe, Arroser l’asphalte. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2017, 91 p.

Des titres à éviter

Il est souvent difficile de trouver le titre juste, dans un blogue comme ailleurs. Dans les journaux quotidiens, c’est pire : il faut faire vite. Cela n’empêche pas que certains titres devraient être interdits.

Exemples

«Les Québécois souhaitent une industrie minière en santé qui ne mine pas leur environnement» (le Devoir, 11 février 2011, p. A7).

Au sujet d’un spa en pleine nature : «Le spa santé coule de source» (le Devoir, 8-9 décembre 2012, p. D4).

À propos de l’Histoire de la cuisine et de la gastronomie françaises de Patrick Rambourg (Paris, Perrin, 2010) : «Un ouvrage fascinant qui se laisser dévorer…» (le Devoir, 15-16 janvier 2011, p. F6).

«Appeler un disque “Clair et net” devrait être interdit… SURTOUT si t’es clarinettiste. #MauditsJeuxDeMots #OnEstBonsLaDedansLesQuebecois» (@melissamaya).

«Autobus Lion se met en chasse» (la Presse, 19 février 2013, cahier Affaires, p. 7).

«SkyVenture : pour qui rêve de s’envoyer en l’air !» (le Devoir, 23-24 février 2013, p. H5).

«La mine basse. Les sociétés minières ont un besoin criant de financement, selon un rapport» (la Presse, 1er mars 2013, p. A1).

«Programme de procréation assistée. Fertile en coûts» (le Devoir, 1er mars 2013, p. A8).

«Planification funéraire : n’ayez crainte, vous n’en mourrez pas !» (la Presse, 1er mars 2013, publicité).

«L’Océanic prend l’eau» (rds.ca, 1er mars 2013).

«La ville de l’auto en panne sèche !» (le Devoir, 2-3 mars 2013, p. C5).

«Ski acrobatique. Le Canada survole les Mondiaux» (la Presse, 11 mars 2013, cahier Sports, p. 1).

Sur la mort de Paul Rose : «En désespoir de Rose» (le Devoir, 15 mars 2013).

Arrêtons ici : la liste serait infinie.