Curiosités voltairiennes (et caféinées)

«Dès qu’il fut à Venise,
il fit chercher Cacambo dans tous les cabarets,
dans tous les cafés,
chez toutes les filles de joie, et ne le trouva point.»
Voltaire, Candide, chapitre vingt-quatrième

Un panneau de l’exposition «À table ! Le repas français se raconte» (Montréal, 2019) rappelait la passion de Voltaire (et de Balzac) pour le café.

«À table ! Le repas français se raconte», exposition, Montréal, 2019, panneau sur la consommation de café de Voltaire et de Balzac

Aubé, au XIXe siècle, liait déjà son café et la figure voltairienne.

Publicité pour «Le roi du café», XIXe siècle

Aujourd’hui, on peut moudre son café dans le moulin Voltaire,

Moulin à café Voltaire

puis le boire dans son gobelet de la Voltaire Foundation («Je suis fidèle à mon café»)

Gobelet de la Voltaire Foundation

ou dans une tasse s’amusant d’une citation apocryphe.

Tasse avec une citation satirique de Voltaire

À une époque, à Montréal, on pouvait faire plus simple : fréquenter le Café Candide. Ce n’est plus possible.

Façade du Café Candide, Montréal

 

«Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.» Beaucoup attribuent cette phrase, avec des variantes diverses, à Voltaire, mais ils se trompent. Elle est de l’historienne britannique Evelyn Beatrice Hall dans The Friends of Voltaire, en 1906.

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

[Complément du 9 septembre 2025]

On peut bien sûr déposer gobelets et tasses sur un cabaret Voltaire (comme le groupe du même nom).

Cabaret Voltaire, œuvre de Marc-Antoine K. Phaneuf, 2003

Transports collectifs

Vous cherchez quelqu’un pour vous aider à vous déplacer, généralement en voiture ? Dans le français populaire du Québec, il vous faut un lift.

Selon Thierry Horguelin, vous pouvez le «quémander» (p. 31). Si votre demande est entendue, suivant Julien Grégoire, on pourra vous «lifter» (p. 79).

Dans sa publicité pour Lou-Tec, l’agence W communication joue du double sens du mot lift. On peut avoir d’un besoin d’un lift comme moyen de transport, mais on peut aussi avoir besoin d’une plateforme hydraulique (un lift, en anglais).

«Besoin d’un lift ? Lou-Tec», t-shirt

À votre service.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté le livre de Thierry Horguelin le 6 juillet 2023.

 

Références

Grégoire, Julien, Météo. Nouvelles, Montréal, Del Busso éditeur, 2017, 147 p.

Horguelin, Thierry, Ma vie d’espion, Montréal, L’Oie de Cravan, 2023, 73 p.

N’exagérons rien

Dans le français populaire du Québec, on trouve des conseils. «Pousse, mais pousse égal», par exemple, suppose une forme d’exagération, mais limitée : «Mets-en, mais pas trop.»

Cela peut même s’appliquer dans le domaine agricole. Des exemples ?

«Pousse mais pousse local», suggère W communication pour l’Union des producteurs agricoles du Québec.

«Pousse mais pousse local. -Réalisé au Québec pour l'Union des Producteurs Agricoles», t-shirtr

«Pouce vert mais pousse égal», chante Québec Redneck Bluegrass Project (p. 67).

Vive la culture !

P.-S.—Les cinéphiles, façon de parler, se souviendront du film Pousse mais pousse égal (1975), de Denis Héroux.

 

Référence

Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, Spectacles Bonzaï et Québec Redneck Bluegrass Project, 2020, 239 p. Ill. Avec un cédérom audio.

Division peu prévisible

Derrières de vache

Soit la phrase suivante, dans la Presse+ du jour : «Mais on a des gars qui se fendent le derrière en quatre au quotidien.»

Se fendre le derrière en quatre : dans le français populaire du Québec, se donner du mal, faire des efforts.

Dans ses «Expressions contenant le mot fendre», le dictionnaire numérique Usito relève deux expressions qui se croisent ici. En français (de référence) «familier», se fendre en quatre : «Se donner beaucoup de mal.» En français (du Québec) «vulgaire», se fendre le cul : «Déployer de grands efforts à faire quelque chose.»

Se fendre le derrière / le cul en quatre fait partie de ces choses qu’il vaut peut-être mieux ne pas se représenter. On trouvera un autre exemple ici.

À votre service.

 

[Complément du 24 juillet 2025]

Les pièces de bois de 2 pouces par 4 pouces sont essentielles à l’industrie de la construction au Québec et à l’édification de charpentes. On peut donc en trouver dans les magasins de la chaîne Patrick Morin. W communication leur a conçu un t-shirt. Bien vu.

«On se fend en 2X4 pour nos clients. -Patrick Morin», t-shirt

P.-S.—Nous avons déjà croisé le deux par quatre dans un autre contexte.

Pas grand-chose, version locale

«Des mesurettes et des pinottes», tweet de Marc Cassivi, 13 septembre 2018

Deux fois, durant la journée d’hier, l’Oreille tendue a rencontré, dans le même sens, l’expression des pinottes : «Ça représente peut-être des pinottes, dans le grand ordre des choses, mais les gouvernements ne pourraient-ils pas prêcher par l’exemple, en cessant de s’approvisionner sur la plateforme d’Amazon ?» (la Presse+, 28 janvier 2025); «La fin des musées gratuits pour économiser des pinottes» (Tourniquet, 28 janvier 2025).

Dans le français populaire du Québec, des pinottes, c’est bien peu, pas grand-chose, presque rien, dérisoire.

Pinottes, comme dans l’anglais peanuts (arachides, cacahuètes).

À votre service.

P.-S.—Nous avons, en effet, déjà croisé le chemin de la pinotte : dans un virelangue; sur la route.

 

[Complément du 10 avril 2025]

Coup double dans la Presse+ du jour.

En titre : «Trahis par leur comptabilité dans un pot de pinottes.»

Dans le texte : «Un groupe de distributeurs de drogue affilié à la mafia a perdu bien plus que des “pinottes” après que des enquêteurs de la police de Montréal ont copié secrètement sa comptabilité cachée dans un pot d’arachides.»

 

[Complément du 25 juillet 2025]

Qui travaille pour des pinottes ne gagne pas beaucoup.

Exemple : un t-shirt conçu par l’agence Humeur design dans les années 1990.

«J’travaille… pour des pinottes !», t-shirt, années 1990