Exorcismes

Dans le quotidien montréalais la Presse, il y a quelques jours, ceci : «George W. Bush, sors de ce corps…» (16 janvier 2010, p. A31)

L’Oreille tendue s’interroge. Quelles sont les personnes qu’il faut faire sortir de tel ou tel corps ? Ne s’agit-il que de personnes réelles ? Ce troublant phénomène identitaire — quelqu’un squattant le corps de quelqu’un d’autre — est-il propre au Québec ?

Enquête dans des périodiques parus depuis un an. (Merci à Eureka.cc.)

Première constatation : les personnes à chasser viennent d’un peu partout. Outre Bush junior, il y a eu, dans les douzes derniers mois, Flaubert, J-Lo, Jean Perrault, Ray Manzarek, Normand L’Amour, Stephen King, Arnold Schwarzenegger.

Deuxième constatation : les personnes réelles dominent, mais il peut parfois s’agir de personnages fictifs (Jack Bauer ou l’héroïne éponyme du film Jennifer’s Body), voire d’un comportement. «Démon de l’adultère, sors de ce corps…» peut-on lire dans le Soleil du 17 octobre 2009.

Troisième constatation : le phénomène paraît surtout québécois, mais pas uniquement. La presse française et belge a aussi ses menaces internes, réelles et fictives : Warren Beatty (Marianne), Katharine Hepburn (Libération), François Pignon (le Soir).

Quatrième et dernière constatation : le tutoiement est de rigueur. Il n’y aucune occurrence de Sortez de ce corps.

Nos démons nous sont familiers.

 

[Complément du 16 août 2016]

«Sors de mon corps, Éric Neuhoff.» Cette phrase de Patricia Martin, dans la livraison du 14 août 2016 de l’émission le Masque et la plume de France Inter, pourrait porter à confusion.

 

[Complément du 23 mars 2022]

Le gouvernement du Québec, afin de lutter contre l’inflation, dit-il, enverra un chèque de 500 $ à plusieurs millions de Québécois. Cette mesure est électoraliste, avance la Presse+ du jour, qui évoque en titre le règne d’un ancien premier ministre, Maurice Duplessis : «Duplessis, sors de ce chèque !»

Parlons geek

Excellentes capsules linguistiques, par Pedro Rafael Rosado, dans le cadre de Tech Talk, l’émission baladodiffusée hebdomadairement par le New York Times. Un mot du vocabulaire informatique y est expliqué chaque semaine : «And now it’s time fot the NYT Tech Talk term of the day, where we explain the geek speak, nerd words and communications jargon you may encounter on the Internet