Surplace

Contenant de mélasse

Qui pédale dans le couscous, la choucroute, la semoule, la purée ou le yaourt a du mal, en arrache. Foi de Petit Robert (édition numérique de 2018), cette personne se trouve à «faire des efforts désordonnés et vains, [à] se dépenser en pure perte».

Variation sur le même thème chez José Saramago, dans Histoire du siège de Lisbonne : «patiner dans de la mélasse» (p. 104).

On n’avance pas plus.

 

Référence

Saramago, José, Histoire du siège de Lisbonne. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P619, 1992, 341 p. Traduction de Geneviève Leibrich. Édition originale : 1989.

Les zeugmes du dimanche matin et de Jocelyne Saucier

Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux, 2011, couverture

«Il lui arrivait d’oublier son âge et de se cuiter comme un jeune homme. C’était des soûleries qui duraient des jours et des nuits et se terminaient dans le délire et les souillures. Ce qui l’a conduit un jour au coma, à l’hôpital et à une travailleuse sociale» (p. 27).

«Nous l’avons laissée à la contemplation du silence de sa chambre et nous sommes descendus dans la grande salle où nous attendaient un bon joint et une bonne discussion, du moins le croyais-je, car en plus du cas de la tante à régler, je n’avais encore rien dit à Bruno au sujet de la photographe et je voulais aussi lui parler de Darling, ma chienne» (p. 62).

«La photographe était arrivée en fin d’après-midi avec un repas de restaurant pour chacun. Frites, salade, poulet rôti, et cette histoire d’amour qui, maintenant que Marie-Desneige avait déclaré Ted incapable d’aimer, allait dans tous les sens» (p. 142).

«Plus élégante et plus fantasque que jamais, Angie portait une robe de soie noire qui absorbait toute la lumière et l’attention des gens» (p. 149).

«Elle retourna au camp à l’aveugle, marchant à tâtons dans l’obscurité et la lourdeur de ses pensées» (p. 163).

Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux. Roman, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels», 2011, 179 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, les Complices, 1956, couverture

«Lambert savait qu’il était trop tard. Il avait fait la guerre, vu brûler des tanks, des camions, des avions abattus.

Il fallait qu’il conserve son sang-froid, qu’il ne tende pas l’oreille au bruit des sirènes qui lui rappelait le hurlement désespéré de l’autocar.»

Georges Simenon, les Complices, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1109-1223 et 1637-1648, p. 1115. Édition originale : 1956. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

Accouplements 249

Bière Candide, de la brasserie Bockale

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Saramago, José, Histoire du siège de Lisbonne. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P619, 1992, 341 p. Traduction de Geneviève Leibrich. Édition originale : 1989.

«les mots ne peuvent être transmis à la légère de maintenant à jadis et de jadis à maintenant, il faut être prudent, sans quoi aussitôt quelqu’un dit, Je ne comprends pas» (p. 33).

Magnan, André, Voltaire. Candide ou l’Optimisme, Paris, Presses universitaires de France, coll. «Études littéraires», 18, 1987, 125 p.

«“Optimisme” ne dit plus, en 1987, que nos humeurs quotidiennes — l’optimisme raisonnable de M. le Ministre ou de la météo du week-end. “L’Optimisme” de 1759-1761 disait quelque chose comme le Meilleur-mondisme» (p. 11 n. 1).

«“Candide ou [candide est ?] l’Optimisme”. Risquons la transposition : “Nunuche ou le Leibnizianisme”» (p. 12).

Les zeugmes du dimanche matin et de Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Odette déambule sur ses talons hauts qui lui font perdre l’équilibre mais jamais le sourire, droit et blanc, qui ne quitte pas son visage» (p. 85).

«Les voix forment un tissu enveloppant qui remplit les temps morts des conversations, on passe d’une discussion à une autre, change de place pour quitter un sujet ennuyeux ou un vieil oncle sourd, on parle à une belle-sœur qu’on n’a pas vue depuis un an» (p. 89).

«l’œuvre pontificale distribuait dans les villages des portraits de jeunes enfants et des miettes de supériorité morale» (p. 127).

«On les fait entrer. Zoey traverse le corridor en silence, et dépose son sac au fond de sa case. Justine Picard parle fort, énumère les cadeaux qu’elle a reçus, évoque les destinations rocambolesques qu’ont choisies ses parents pour se faire griller la couenne au soleil, dévoile son bronzage et ses souvenirs de voyage, elle sort de son sac une tortue colorée qui bouge la tête» (p. 405).

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)