Paris, op. 2

(suite de l’entrée d’hier)

Vendredi, le 5 avril, spectacle solo, Céline. Derniers entretiens, au Théâtre de poche Montparnasse, avec Stanislas de la Tousche. Fragment d’autoportrait à retenir : Qu’est-ce qu’un styliste ? Un «branleur de virgules».

Le lendemain, au café, lecture du premier tome de l’Histoire de la littérature récente (2016) d’Olivier Cadiot. Ceci, p. 41 de l’édition de poche de 2017, dans un passage sarcastique : «Céline, attaque-t-il avec une voix de basse, pas le marchand de chaussures, non, notre admirable styliste !»

On n’aime pas les doubles consonnes sur les trottoirs parisiens.

«Suprimé» pour «Supprimé», Paris, avril 2019

(Encore une fois, il aurait fallu écouter Martine Sonnet.)

Heureusement, il y a de la Pelforth brune au Café de la Comédie. L’Oreille va-t-elle devoir changer ses habitudes ?

Pelforth brune, Café de la Comédie, Paris, avril 2019

Si elle était au Café de la Comédie, c’était pour attendre le début du spectacle les Damnés à la Comédie-Française. (Compte rendu du spectacle à venir.)

À la table derrière elle : «Du coup, c’est, voilà.» Adaptation proposée par @machinaecrire :

«Faque» et «du coup», Nicolas Guay, Twitter, 6 avril 2019

Il y a une station de tramway Ella-Fitzgerald à Paris depuis 2012. Ce n’est que justice : «I love Paris / Why oh why / Do I love Paris ? / Because my love is near

Station de tramway Ella-Fitzgerald, Paris

À votre service.

«Beakfast» n’est pas «Breakfast», Paris, avril 2019

Georges Simenon est mort en 1989. Pour marquer ce trentième anniversaire, les bibliothèques de la Ville de Paris organisent toutes sortes d’activités. Dans le Marais, l’Oreille a ainsi pu voir une jolie petite exposition consacrée à un seul texte de Simenon. Description officielle :

Dans le roman Maigret s’amuse, publié en 1957, le commissaire et sa femme décident de prendre des vacances, tout en restant secrètement à Paris pour profiter de la ville, désertée au mois d’août. Ils se promènent dans les rues de Paris, vont au restaurant et au cinéma, s’attablent aux terrasses des cafés.

Guidée par des citations du roman de Simenon, l’exposition illustre les lieux qu’ils fréquentent de photographies d’époque et de documents divers provenant des collections de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Ceux-ci nous restituent l’atmosphère particulière de ce roman malicieux, où Maigret se fait piéton de Paris, suivant incognito une enquête criminelle.

Ça se visite en quinze minutes, avec plaisir.

Fin de séjour. Au revoir à vous aussi.

«Bye Benoît», affiche, Paris, avril 2019

Que lire, sans lire, pendant un vol entre Paris et Montréal ? Pourquoi pas la version audio de Madame Bovary ?

Flaubert, Madame Bovary, livre audio, Air Canada, avril 2019

On n’arrête pas le progrès.

 

Référence

Cadiot, Olivier, Histoire de la littérature récente. Tome 1, Paris, P.O.L, coll. «Folio», 6371, 2017, 146 p. Édition originale : 2016.

Rater sa sortie

The Sopranos, «Made in America», scène finaleEn conférence publique à Montréal, il y a plus de vingt-cinq ans, Robert Darnton avouait ne pas avoir la télévision : «I don’t own a television set», avait-il dit. Pour des raisons qui tiennent probablement plus à la formulation qu’à l’aveu lui-même, l’Oreille tendue n’a jamais oublié cette phrase.

Contrairement à l’historien américain, elle a la télé, essentiellement pour deux choses : les sports, les séries. En 2018, elle a ainsi pu assister à deux épisodes de clôture spectaculairement calamiteux.

Il y a d’abord eu l’épisode final de la troisième saison de la série Billions, «Elmsley Count», où les deux rivaux, qui ont tout perdu, se réunissent pour préparer leur retour. Disons-le simplement : cela n’a strictement aucun sens. La prochaine saison, annoncée pour 2019, devrait le confirmer.

Puis, il y a eu celui de la sixième et dernière (ouf !) saison de House of Cards. Autocitation de l’Oreille, sur Twitter : «Dire de la sixième saison de House of Cards que c’est une daube est bien en deçà de la vérité : “Jumping the shark”…»; «Après House of Cards 6, Homeland 6, c’est Shakespeare.»

Si vous le voulez bien, passons à autre chose.

P.-S.—Ne posez pas la question pour rien : oui, évidemment, l’épisode final des Sopranos, «Made in America», était parfaitement réussi.