C’était il y a plus de six lustres. L’Oreille tendue était jeune et en Belgique. Lisant un fait divers dans un quotidien liégeois, elle tomba sur le mot taiseux : un mari taiseux avait tué sa (ci-devant) dulcinée. Cela lui fit impression (à l’Oreille petite) : elle ne connaissait pas ce mot.
D’où son étonnement ce matin devant un tweet de @PaulJournet :
Entendu à France Culture dans un podcast sur le silence: "des taiseux (…) comme on dit au Qc". Dit-on vraiment ça? https://t.co/DVFEichC0N
— Paul Journet (@PaulJournet) May 18, 2016
«Comme on dit au Québec» ?
Le dictionnaire numérique Usito ne connaît pas ce mot, pas plus que la Base de données lexicographiques panfrancophone (rubrique «Québec») ni le Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers (édition numérique de 2012).
En revanche, le Petit Robert (édition numérique de 2014) le connaît : «RÉGIONAL (Nord, Belgique) Personne qui, par nature, ne parle guère. Guillaume le Taiseux. => taciturne. Adj. “Flamands taiseux et sages” (Brel).»
Twitter — sous le clavier de @m_heili, @d_noureddine et @MichelFrancard — confirme : le mot est utilisé en Belgique, en Suisse, en France (Franche-Comté, Normandie).
L’Oreille a encore (parfois) bonne mémoire. Ouf.
[Complément du 4 juillet 2016]
Certains, dans le sud de la France, emploient aussi le mot, en un sens collectif :
Quand une profession taiseuse se dévoile sur le Web : les blogs de policiers https://t.co/LvD7ao5V49
— Marin Dacos – Science ouverte (@marindacos) July 4, 2016
[Complément du 6 juillet 2016]
La nouvelle éponyme (p. 59-123) du recueil le Dzi de Pierre Popovic s’ouvre et se clôt sur les mêmes mots : «Le vrai buteur est patient et taiseux.» Pierre Popovic est belge.
Référence
Popovic, Pierre, le Dzi. Nouvelles, Montréal, Fides, 2009, 163 p.