Citer en public

Il y a ceux qui citent et qui le disent : «Je cite.»

Il y a ceux qui citent et qui marquent leurs citations de guillemets avec leurs doigts (air quotes, disent les anglophones).

Il y a ceux qui citent en utilisant une voix pour le texte et une autre pour les citations. (Promis juré : l’Oreille tendue a déjà assisté à cela.)

Variation. Il y a ceux qui lisent leur texte d’une voix posée et qui, comédiens souvent piètres ou frustrés, jouent les citations avec grandiloquence. (Bis : promis juré.)

Il y a, dit-on, ce duo où l’un faisait le texte et l’autre les notes — faisait-il aussi les citations ?

Il y a ceux qui lisent sur leur feuille la citation qu’ils projettent à l’écran avec un PowerPoint. Plus elle est longue, meilleur c’est, croient-ils.

Et il y a ceux qui s’arrangent pour que leurs auditeurs comprennent, comme des grands, qui parle, d’eux ou des auteurs cités.

P.-S. — On peut ajouter ce qui précède aux «Scènes de la vie de colloque» que publiait l’Oreille en 2008.

 

[Complément du 5 avril 2016]

Et il y a ceux qui citent et qui annoncent «Ouvrez les guillemets», puis «Fermez les guillemets». C’est donc à leur public de faire le travail.

 

Référence

Melançon, Benoît, «Scènes de la vie de colloque (extraits)», le Pied (journal de l’Association des étudiants du Département des littérature de langue française de l’Université de Montréal), 4, 29 février 2008, p. 12-13. Repris dans la Vie et l’œuvre du professeur P. Sotie, Montréal, À l’enseigne de l’Oreille tendue, 2022, p. 43-48. https://doi.org/1866/13167

Autopromotion 211

Virtuoso, Atelier du 4 décembre 2015, affiche

Ce vendredi, le 4 décembre, l’Oreille tendue sera présente à l’atelier ci-dessous. Il s’agit d’une activité publique.

Comment penser le document aujourd’hui ?
Centre Virtuoso sur les usages, cultures et documents numériques
Université de Montréal

Dans notre monde contemporain, il nous arrive souvent de nous plaindre de l’inflation documentaire, et même sur notre écran c’est encore dans un fichier d’ensemble intitulé «documents» que nous rangeons nos multiples investigations. Encore faudrait-il savoir ce que c’est exactement qu’un document.

Maurizio Ferraris lui a donné une extension ontologique remarquable en examinant comment les existences sociales apparaissent à la surface des documents qu’elles sédimentent. Mais dans la pratique des historiens, des documentalistes, des bibliothécaires, des spécialistes du documentaire, des théoriciens de la culture numérique, comment apparaissent les documents eux-mêmes et quels usages en sont faits ?

Cet atelier de réflexion vise à réunir des chercheurs de ces différentes disciplines pour creuser en commun cette question.

9 h 30-11 h
Président de séance : Benoît Melançon (Université de Montréal, Littératures de langue française)

Pascal Bastien (Université du Québec à Montréal, Histoire)
Lyne Da Sylva (Université de Montréal, Sciences de l’information)
Marion Froger (Université de Montréal, Cinéma)

11 h 30-13 h
Président de séance : Michaël E. Sinatra (Université de Montréal, Littératures et langues du monde)

Anne Klein (Université Laval, Archivistique)
Christian Nadeau (Université de Montréal, Philosophie)
Rémy Besson (Université de Montréal, CRIalt)

14 h-16 h
Président de séance : Philippe Despoix (Université de Montréal, Littératures et langues du monde)

Laurent Turcot (Université du Québec à Trois-Rivières, Histoire)
Thierry Bardini (Université de Montréal, Communication)
Marcello Vitali-Rosati (Université de Montréal, Littératures de langue française)
Éric Méchoulan (Université de Montréal, Littératures de langue française)

Du colloque

Faut-il poser une question en colloque ?

L’Oreille tendue est professeure d’université depuis plus de vingt ans. Plus elle vieillit — et elle vieillit —, moins elle comprend l’utilité des colloques, du moins en sciences humaines. C’est ce qu’elle racontait hier à un groupe de doctorants de son université.

Sa réflexion était nourrie de plusieurs textes qui mettent en lumière les dysfonctionnements de ce mode de communication scientifique. Elle en recommandait quatre, particulièrement stimulants.

Cebula, Larry, «We Know You Can Read. So Can We», The Chronicle of Higher Education, 14 janvier 2013. http://chronicle.com/article/We-Know-You-Can-Read-So-Can/136607/

Extrait choisi : «I can tell from the change in his wheezing that the old guy behind me is falling asleep. A half-dozen people are falling asleep. Lucky

Thiffault, Nelson et Stephen Wyatt, «L’art de ne pas présenter : 12 astuces pour ne plus être invité», l’Aubelle, 150, automne 2006, p. 18-20. http://www.mffp.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/recherche/Thiffault-Nelson/LAubelle-150-automne-18-20.pdf

Extrait choisi : «Être — et surtout, demeurer — un mauvais conférencier est un travail continu et difficile.»

Van Campenhoudt, Luc, «La communication orale. Partie intégrante du processus scientifique», dans Moritz Hunsmann et Sébastien Kapp (édit.), Devenir chercheur. Écrire une thèse en sciences sociales, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. «Cas de figure», 29, 2013, p. 217-228.

Extrait choisi : «La clarté et la cohérence rendent évidemment vulnérable à la critique car elles permettent aux interlocuteurs de saisir la signification des propos» (p. 225).

Wampole, Christy, «The Conference Manifesto», The New York Times, 4 mai 2015. http://opinionator.blogs.nytimes.com/2015/05/04/the-conference-manifesto/

Extrait choisi : «We are humanists [and] have passed or received notes during a particularly painful session that read “Kill me now”

Il y a du travail à faire.

P.-S. — Ce n’est pas la première fois que l’Oreille cause colloque : ici, à propos d’Arnaldur Indridason; , au sujet d’une passionnante expérience tenue à l’Université Laval de Québec en 2013.

P.-P.-S. — Quand elle s’ennuie dans une rencontre scientifique — et ça lui arrive trop souvent —, l’Oreille croque des «Scènes de la vie de colloque» (c’est de ce côté, en PDF).

 

[Complément du 25 juin 2019]

Paul Bertrand, alias @medieviz, a publié récemment, sur son blogue, un texte intitulé «Colloques : le bûcher des vanités. Pour une réinvention des pratiques historiennes». C’est à lire, avant d’en profiter pour agir.

 

Référence

Melançon, Benoît, «Scènes de la vie de colloque (extraits)», le Pied (journal de l’Association des étudiants du Département des littérature de langue française de l’Université de Montréal), 4, 29 février 2008, p. 12-13. Repris dans la Vie et l’œuvre du professeur P. Sotie, Montréal, À l’enseigne de l’Oreille tendue, 2022, p. 43-48. https://doi.org/1866/13167

Annonce de colloque

Les 12 et 13 mai 2016 se tiendra à l’Université de Montréal un colloque intitulé «L’admiration sous l’Ancien Régime». Il est organisé par Flora Amann et Alex Bellemarre. L’Oreille tendue et son collègue Ugo Dionne font partie du Comité scientifique.

Ça vous intéresse ? L’appel à communications est ici.

Autopromotion 175

Colloque d'avril 2015

Les 21 et 22 avril se tiendront, à l’Université de Montréal, deux journées d’études sur le thème «Éditorialisation et nouvelles formes de publication». Elles sont organisées par Marcello Vitali-Rosati, Michaël Sinatra et l’Oreille tendue.

Pour tout savoir, on clique ici.